1 - Gérard CORDESSE, Avant-propos, pages 3 à 4, introduction 2 - Jacques GOIMARD, La Science-fiction est-elle étrange ?, pages 5 à 18, article universitaire 3 - Patrick PARRINDER, Wells and the Aesthetics of Utopia, pages 19 à 27, article universitaire 4 - Hélène GREVEN-BORDE, Science-fiction et discours didactique : la problématique du voyage dans 3 oeuvres d'Ursula k. LeGuin, pages 29 à 41, article universitaire 5 - Peter FITTING, Positioning and closure : on the "reading-effect" of contemporary utopian fiction, pages 43 à 55, article universitaire 6 - Roger BOZZETTO, Vers une approche esthétique de la Science-Fiction : la nouvelle Science-Fiction française, pages 57 à 65, article universitaire 7 - Denise TERREL, Science et esthétique : la Science-Fiction et l'espace einsteinien, pages 67 à 85, article universitaire 8 - Christine BROOKE-ROSE, Palimpsestes en paragrammes : une "phrase narrative" bien cachée, pages 87 à 99, article universitaire 9 - Claudine VERLEY, Étude narrative et thématique de "The Pedestrian" de Ray Bradbury : le cycle rompu, pages 101 à 117, article universitaire 10 - COLLECTIF, Chronique, pages 119 à 121, notes
Critiques
Sous la direction de G. Cordesse, qui vient d'obtenir le prix spécial de la S.F. française pour son essai sur la « Nouvelle S.F. américaine » (Fiction n°355), voici un recueil de 8 articles, dont 5 français sur ce thème à la fois ancien et nouveau de l'esthétique de la S.F. Ancien, parce qu'au fond c'est de cela qu'on parle en fait, quand on s'intéresse à l'originalité de la S.F. comme genre, même si on ne le dit pas expressément. Nouveau, parce qu'il était rare jusqu'alors de considérer le texte de S.F. comme une réponse esthétique à des problèmes que l'on préférerait renvoyer à l'idéologique. D'où une approche, jusqu'à naguère, plutôt sociologique que purement littéraire de la S.F. L'approche esthétique ne nie pas la dimension sociologique, mais elle ne s'y enferme pas. Et, pour la critique de S.F., c'est neuf. D'autant que, si la S.F. a un avenir autre que cinématographique et que rien ne le prouve, c'est dans la mesure où elle sera capable d'apporter des solutions esthétiques neuves confirmant ainsi sa vocation à formuler la modernité.
On trouve dans ce numéro des approches différentes, par les périodes, les auteurs traités et le mode d'approche. Cela va d'une analyse de Bradbury, à une lecture de Le Guin, d'une réflexion sur l'« étrangeté » de la S.F. à une ébauche de réflexion sur la nouvelle S.F. française (Vonnarburg, Corgiat/Lecigne, Brussolo) en passant par la prise en compte de l'espace einsteinien, la forme de l'utopie et de la S.F. chez Wells ou la dimension « effet de lecture » en S.F.
Malgré l'apparente hétérogénéité de mon énumération, la visée est semblable dans tous les textes. Ce sont des réponses parcellaires à ce problème fondamental. Cette parcellisation montre que la solution esthétique est en rapport avec le contexte idéologique où elle s'inscrit. Wells, Bradbury, Brussolo, Le Guin, dans des situations et des époques différentes, sont amenés à problématiser de façon différente le contexte socioculturel où ils s'inscrivent : leurs textes donnent à lire l'inventivité de leur questionnement. Et qu'il serait vain de vouloir tirer des lois du fonctionnement idéologique ou esthétique pour tout un genre en oubliant les contextes où ils s'inscrivent. L'originalité de la S.F. est chaque fois à réinventer, ce qui n'en fait pas un genre mort, malgré la réduction cinématographique à laquelle elle donne lieu parfois et qui donne d'elle l'image d'un ramassis de clichés. Une série d'articles à lire pour ceux que la S.F. passionne et qui ne prend en compte que les textes importants. Pour les autres, on peut continuer de les consommer à sa guise, le recours à l'appareil critique étant superflu.