Felicitas Hoppe est un auteur très connu en Allemagne où elle a reçu de nombreux prix pour une œuvre déjà riche. Or, elle prétend que tout ce qui se dit à son sujet semble relever de l’imposture. Dans ce livre, elle entreprend donc de dénoncer la supercherie en reconstituant avec toute l’« objectivité » possible le véritable parcours de Hoppe, fillette douée d’une étonnante propension à l’affabulation jusqu’à une fin de carrière jamais véritablement dévoilée. Elle s’appuie non seulement sur de nombreux documents, sur divers témoignages, mais aussi sur les propres assertions de Hoppe, passées au crible d’une critique stricte. Ainsi s’opère un incessant voyage entre deux mondes dont l’un est nécessairement l’imaginaire de l’autre. L’auteur, Hoppe elle-même, y prend ses aises avec les contingences de la stricte réalité et elle jongle brillamment avec les démentis, les équivoques, les paradoxes mêlant plusieurs niveaux d’écriture. Le résultat est que son récit se détricote à mesure qu’il progresse !
Poussant l’autofiction bien au-delà de ses limites, Felicitas Hoppe s’amuse à mêler les genres littéraires dans ce récit captivant qui mêle habilement autobiographie, réalité et fiction grâce à son imagination débordante (et à celle de son double de papier, Hoppe) et à une grande maîtrise des codes narratifs de la littérature contemporaine, le tout non sans une dose constante d’autodérision. Chemin faisant, elle peint une satire particulièrement fine de la critique littéraire et glorifie la figure de l’artiste. Hoppe est une œuvre de pure fiction qui est présentée au lecteur comme une véritable biographie.
Née en 1960 à Hamelin, Felicitas Hoppe vit entre Bâle et Berlin. Après avoir été journaliste, elle rencontre son premier succès littéraire grâce au Pique-nique des coiffeurs, son premier roman traduit en France aux éditions Jacqueline Chambon. Elle est l’auteur d’une dizaine de romans pour lesquels elle a reçu de nombreux prix, comme le prix de Brême pour la littérature et le prix Roswitha. En 2012, elle a reçu le prix littéraire le plus prestigieux d’Allemagne, le Georg Buchner Preis.