SUPER 8
n° (30) Dépôt légal : août 2017 Première édition Roman, 460 pages, catégorie / prix : 20 € ISBN : 978-2-37056-082-7 Format : 14,0 x 20,0 cm❌
Existe aussi en numérique (ISBN 978-2-37056-091-9).
Quatrième de couverture
Libérez la bête en vous !
Hemlock Grove (Pennsylvanie) n’est plus une petite ville paisible. Dans les bois, non loin de l’aciérie abandonnée Godfrey, le corps mutilé d’une jeune fille vient d’être retrouvé. Une chasse à l’homme est lancée. Au sein de la communauté, cependant, une angoissante question se fait jour : ce meurtre est-il vraiment l’œuvre d’un homme ? Et si certains en savaient plus qu’ils ne voulaient bien le dire ?
C’est sans doute le cas de Peter Rumancek, jeune gitan qui vient d’emménager en ville avec sa mère et qui a raconté aux élèves du lycée qu’il était un loup-garou. Ou de Roman Godfrey, héritier de la société éponyme actuellement gérée par sa terrible mère Olivia, et qui fait preuve auprès de ses camarades d’un complexe de supériorité pathologique, alors que sa petite sœur Shelley souffre d’une maladie monstrueuse. Les deux garçons – que tout oppose – vont se rapprocher à la suite de ce meurtre pour tenter d’en percer le mystère. Parallèlement, Olivia et son beau-frère Norman s’efforcent de cacher les étranges expériences scientifiques effectuées par le Dr Johann Pryce au sein de la société Godfrey...
Page-turner impitoyable, chronique adolescente dark en diable, roman gothique 2.0, Hemlock Grove est une plongée sans retour dans le miroir inversé du rêve américain. C’est aussi une série à succès dont les trois saisons ont été diffusées sur Netflix.
« Il y a du Edgar Allan Poe et du J. D. Salinger [chez Brian McGreevy]. Un vrai talent est né. » Philipp Meyer, auteur de Le Fils.
Brian McGreevy, qui a travaillé aussi sur la série Netflix tirée de son livre, est né dans la région de Pittsburgh. À l'âge de 15 ans, arguant de « différences créatives », il laisse tomber le lycée. Il est l'un des membres fondateurs de la maison de production El Jefe, basée au Texas.
Critiques
Peter Rumaneck, un jeune Gitan qui a une queue de cheval et son svadhistana juste derrière les couilles, est la bête curieuse du lycée. Il est repéré par Roman Godfrey, ado décadent en blazer, héritier de la fortune locale, dont la sœur est, elle aussi, pour le moins repérable (l’authentique réussite du roman). Le bled renferme son lot de secrets, comme de bien entendu. Depuis quelques temps, les cadavres de jeunes filles sont retrouvés couverts de lacérations. Il doit s’agir d’une énorme bête, que les locaux peinent à identifier. Peter penche plutôt pour un loup-garou. Le Gitan sait de quoi il parle, pour en être lui-même un…
Hemlock Grove reflète une tendance bien implantée dans l’imaginaire américain, particulièrement lorsqu’il a trait à la géographie. Quand il s’agit d’une menace globale qui engage toute l’humanité, elle n’est montrée qu’aux States. Par contre, n’importe quelle bourgade est une ouverture vers l’enfer, les univers parallèles ou toute autre dimension bizarre. L’étrange n’est acceptable que s’il n’est pas l’étranger, prêt à franchir la frontière. Hemlock Grove relève de la seconde catégorie, la porte vers l’ailleurs, qui va de Twin Peaks à Wynonna Earp en passant bien sûr par Buffy. L’auteur joue avec les codes qui commencent tout de même à relever du cliché, même pris au énième degré. De ce point de vue, le roman est parfaitement dispensable, autant voir directement l’adaptation en série télé développée depuis 2013 par Netflix, qui plus est sous la codirection de l’auteur. Par contre, Brian McGreevy est un authentique styliste, aux heureuses formules telles : « La peur est un agent incendiaire; lorsqu’elle rencontre la bêtise, elles’enflamme » ; ou « C’était comme si les mots qui convenaient n’avaient pas encore été inventés ». Jusqu’à parfois en faire trop, la fin du roman, totalement cryptique, relève de l’oracle delphique. Le tout ressemble un peu à un épisode de Gilmore Girls écrit par Donna Tartt pour J.J. Abrams.