Un homme sort de terre, décharné, nu, un collier de métal autour du cou. Rassemblant ses dernières forces, il escalade un grillage et fuit, enfin libre. Le lendemain, il est retrouvé mort.
Six ans plus tard. Flora emménage dans la maison familiale au lieu dit La Draille. Cyril est venu l’aider, et Marie, sa compagne, doit les rejoindre le lendemain. Mais à son arrivée, Cyril et Flora ont disparu. Le village est désert. Vidé de tous ses habitants au cours de la nuit.
L’armée, une horreur indicible et la lâcheté des hommes séparent désormais Cyril et Marie.
« Une implacable tension. » Arnaud Gonzague –L’Obs
« Lisez donc Le Camp et ne le commencez pas le soir au coucher car c’est la nuit blanche assurée ! » Sandrine Brugot Maillard – mesimaginaires.net
Le Camp, troisième roman du toulousain Christophe Nicolas, est présenté par son éditeur comme « un thriller d’une efficacité redoutable, entre paranormal et science-fiction ». Mazette ! Hélas, on est bien loin du compte…
Ici (un bled non loin d’Alès) et maintenant. Flora revient s’installer dans le hameau de son enfance, La Draille, voisin d’une base militaire. Avec elle, pour l’aider à déménager, Cyril, le compagnon de Marie, sa meilleure amie. Prise par son travail, cette dernière n’a pu les accompagner, elle les rejoindra demain, par le train. C’est le plan. Mais quand, à l’heure prévue, Marie arrive à la gare proche, personne n’est là pour l’accueillir. Prise en pitié par un aimable autochtone qui l’emmène à La Draille, elle ne peut qu’y constater l’incroyable : la disparition non seulement de Flora et Cyril, mais aussi de la vingtaine d’habitants du hameau. Seuls restent deux vieillards décédés et un bébé abandonné.
De là, le récit se déroule sur plusieurs fils plus ou moins entrelacés. Marie, la recherche des disparus, et les évènements terribles des mois suivants. Cyril et la mystérieuse réalité vécue de la séquestration, puis de la traumatisante libération dans un monde devenu inconnu. Le passé (six ans avant), avec un premier mystère mis à jour par un gendarme local lors d’une enquête, un gendarme que tous prennent depuis pour un fou. Quel est le fin mot de l’histoire ? Qui s’en sortira et comment ? Il faudra lire jusqu’aux dernières pages pour le savoir. Le suspense est donc là. Mais c’est tout.
Le roman n’est satisfaisant ni sur le fond ni sur la forme. Sur le fond, l’histoire est complètement invraisemblable ; on dirait un mauvais scénario de jeu de rôles. Sans compter un parallèle aussi évident que maladroit avec l’Occupation et l’inévitable sanglot algérien de l’homme blanc français, épicés d’un bon nombre de clichés et de quelques affirmations définitives et presque puériles sur le mal que l’homme fait et les nécessités de résister. La Controverse de Valladolid est aussi régulièrement invoquée dans le texte ; pauvre controverse, on a oublié que ce n’est pas son sujet qui en fait la valeur mais son dispositif argumentatif. Les personnages non plus ne sauvent pas le récit, ils portent leur personnalité et leur « message » sans subtilité aucune dans un manichéisme désespérément adolescent. Sur la forme, car c’est d’abord de leur forme incantatoire que pâtissent les appels tout sauf subtils du roman, ce n’est vraiment pas bon. L’ensemble du texte est écrit dans un style très plat, quelconque, qui devient vraiment faiblard lorsqu’on remarque quelques concordances des temps qui ne semblent pas très heureuses, des tournures ou des images bancales, ou l’explicitation lourde d’éléments qui n’ont pas besoin de l’être. À éviter.
Éric JENTILE Première parution : 1/7/2016 Bifrost 83 Mise en ligne le : 13/9/2022