Ne laissez plus votre date de naissance déterminer votre destin !
En cette fin de XXIe siècle, la loi des Dates de naissance régit l'accès aux métiers. Né en janvier, vous avez accès au métier de vos rêves : acteur, chanteur, tout est possible. Né en décembre, préparez-vous à racler le fond de l'océan et à plonger les mains dans des algues gluantes ! Minöa et Silnëi sont soeurs jumelles, nées à quelques minutes d'ntervalle la nuit du 31 décembre. La première à 23 h 58 et la seconde à 0 h 17 ! La tyrannie des Dates de naissance leur promet des destins radicalement différents, mais cela ne les empêchera pas d'unir leurs forces pour combattre l'injustice et l'ordre établi, aidées par Kléano, le chanteur rebelle d'un groupe de rock.
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Imaginez que l'accès à une école, à une carrière, soit déterminée par la date de naissance. Imaginez que les « meilleurs métiers », ceux qui font rêver, soient réservés aux natifs de janvier, ceux de décembre ne pouvant prétendre qu'aux emplois les moins valorisants et les moins agréables. Quelle serait la vie de deux jumelles nées, l'une, le 31 décembre peu avant minuit, l'autre, le premier janvier quelques minutes après zéro heure ? Manon Fargetton nous fait partager le destin de ces sœurs, Silnöa et Silnëi. Leurs parents ont choisi de les élever de la même manière — même cela est remis en question ! — mais bien sûr elles ne sont, ni l'une ni l'autre, satisfaites de ce que la société leur impose ; pas plus que leurs amis, le mystérieux N. avec qui Silnöa correspond sur bzh-net, et Kleano, le chanteur d'un groupe de rock, clandestin parce que ses membres ne sont pas nés le mois des musiciens...
L'auteur est une toute jeune femme. Est-ce cela qui rend son propos si réel, si prégnant ? Pas seulement. Manon Fargetton possède un réel talent d'écrivain, il suffit pour s'en convaincre de lire les quelques poèmes qui émaillent son roman : ils font venir les larmes aux yeux. L'intrigue d'Aussi libres qu'un rêve est passionnante, très bien construite — ce qui est rare dans un premier roman — et les personnages sont traités de façon juste, sans manichéisme, ce qui les rend particulièrement attachants.
Aussi libres qu'un rêve est un livre captivant, qui devrait plaire aux jeunes lecteurs comme à leurs aînés. On attend maintenant avec impatience la parution des prochains livres de Manon Fargetton.
Lucie CHENU Première parution : 21/6/2006 nooSFere
Ce qu'il y a d'intéressant avec le livre de Manon Fargetton, c'est qu'elle l'a écrit entre seize et dix-huit ans, c'est-à-dire à l'âge de son public. En prise directe avec les préoccupations de sa génération et de son époque, donc.
L'adolescence est l'âge de l'idéalisme. Le choix d'une société oppressive qu'il va falloir combattre n'est donc pas surprenant. Ici, on discrimine les gens selon leur mois de naissance. Silnëi et Silnôa sont sœurs jumelles. Mais l'une est née le 31 décembre à 23h58 et l'autre le premier janvier à 0h17. La première est destinée à devenir actrice, la seconde « filtreur maritime », car le mois de naissance détermine le choix des professions. Aux Janvier, les métiers les plus prestigieux. Aux Décembre, les résidus.
Mais les jumelles ont du caractère. De leur rencontre avec Nériss, mystérieux correspondant du net, puis Kléano, chanteur de rock rebelle, deux adolescents dont elles tomberont évidemment amoureuses, mais dont on taira ici la véritable identité, va surgir un plan destiné à renverser le tyran Chan Wallow, qui règne en monarque absolu sur sa région.
C'est donc l'histoire d'une révolution. Menée dans l'ombre, issue de courants souterrains, elle finira par éclater au grand jour, fortement inspirée par la révolte de Tienanmen (1989). L'image de l'adolescent qui se dresse, seul, face à une sorte de Robocop se superposant à celle de l'étudiant bras levés face au char d'assaut.
L'adolescence aime aussi les poésies, les chansons, le net et le speed writing — C1 pE NRvan — l'absolu. Tous ces éléments se trouvent dans le roman de Manon Fargetton. Parfois un brin maladroit (par exemple les sciences du vivant sont interdites, mais les cyborgs géants puissamment armés ont un ordinateur de bord « interfacé avec le cerveau du soldat qui est à l'intérieur ») le récit est assez entraînant. Les relations entre les divers personnages se tissent peu à peu, remplissant progressivement un tableau final riche en couleurs et bâti autour d'un bon suspense. Avec une fin inattendue...
« Il faut vivre ses rêves ! » clame Manon Fargetton dans son premier roman. Ainsi, comme les générations précédentes, les jeunes d'aujourd'hui rêvent d'un monde meilleur. Un monde dans lequel Manon Fargetton continuerait à écrire et publier, par exemple.