Les livres de Rohel doivent être appréciés pour ce qu'ils sont : des romans d'aventures spatiales débridées et sans prétention. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans un tourbillon de situations extraordinaires car, ayant dérobé le
Mentral, Rohel doit fuir à travers l'univers, avec à ses trousses tous les ennemis possibles.
La vraisemblance est parfois si fragile qu'il faut l'adhésion du lecteur pour se laisser convaincre. D'emblée on pourrait reprocher à Rohel de s'être déraisonnablement lancé dans cette incroyable équipée alors que son organisme renferme une capsule de poison (activable par commande quantique !), censée le tuer en quelques minutes... Faut-il qu'il l'aime, sa fiancée !
L'auteur a pleinement conscience des défauts de cette série, et son avant-propos en témoigne. Parlant d'«
apprenti-écrivain » et d'«
exercice de la série », il nous confie que «
Rohel est le témoignage d'une évolution », en ajoutant aussitôt après «
avoir gardé une énorme tendresse pour son aventurier des étoiles. »
Et nous sommes prêts à partager ce sentiment. Car on retrouve rapidement dans ces aventures trépidantes la verve et l'énergie débordante de l'auteur, qui créent une sorte d'enthousiasme communicatif. On y trouve aussi bon nombre des thèmes qui seront au centre des romans ultérieurs, comme les manipulations politico-religieuses ou les pouvoirs mentaux, comme si Rohel était une sorte de prélude.
Il est donc préférable de découvrir l'oeuvre de Bordage à travers des romans plus ambitieux et plus aboutis, comme
Wang ou
Abzalon, mais si l'on a apprécié
Les guerriers du silence, on retrouvera avec plaisir les espaces intergalactiques pour y chevaucher aux côtés de Rohel le Vioter...