BRAGELONNE
(Paris, France) Date de parution : 16 janvier 2019 Dépôt légal : janvier 2019, Achevé d'imprimer : décembre 2018 Première édition Roman, 416 pages, catégorie / prix : 20 € ISBN : 978-2-37834-003-2 Format : 15,3 x 23,8 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Mourir n’avait rien d’inédit : Milo était mort près de dix mille fois, et de presque toutes les façons possibles. Il avait péri sur le bûcher en Espagne, avait été décapité en Chine, pendu au Soudan et gazé en Californie. En général, quand on voyait la mort venir, on pouvait singer le courage, mais à l’intérieur, on n’en avait pas moins l’impression qu’un plombier sous speed nous pompait les entrailles à la ventouse.
Dix mille vies pour atteindre la perfection. Et, entre chacune de ses réincarnations, Milo s’abandonne avec délice aux bras de la Mort… une jolie brune qui s’appelle Suzie. Milo tente de marquer des bons points pour ne faire qu’un avec le Grand Tout, mais il échoue lamentablement. Hélas, il n’a plus que cinq tentatives pour échapper au néant et retrouver Suzie pour de bon… L’heure est grave et le moment est venu de prouver que toutes ces expériences lui ont enseigné quelque chose d’essentiel – sur lui-même et sur le monde.
Ce roman d’un charme très noir raconte ce qui fait l’insondable richesse, la beauté, l’absurdité et l’émotion désarmante de la vie.
« Le récit le plus drôle que vous lirez à propos d’un homme qui a été à la fois tué dans un accident de catapulte et de voiture. » NPR
« Ce livre vous fera rire et pleurer à quelques pages d’intervalle. Michael Poore trouve de l’humour dans l’absurdité humaine la plus sombre. » Chicago Review of Books
Michael Poore a écrit de nombreuses nouvelles, publiées dans de prestigieuses revues littéraires aux États-Unis. Il vit dans l’Indiana, avec sa femme, la poète et activiste Janine Harrison, et leur fille, Jianna.
Critiques
[critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]
Milo est un quinquagénaire plutôt cool. Il vit en bord de plage, promène de riches clients en mer quand il a besoin d’argent, boit tranquillement des bières devant l’océan avec son chien et le soir retrouve sa compagne du moment. Mais un requin affamé met fin à ce bonheur, certes caricatural, mais suffisant. Exit Milo ? Pas vraiment. Car cet individu n’en est pas à son premier décès. Loin de là. Il approche en fait de sa dix millième mort. Pas mal, hein ? C’est d’ailleurs le détenteur du record. Les autres parviennent à la perfection au bout de leur millième réincarnation à quelques centaines près. Mais dix mille ? Cela commence à faire beaucoup. Trop aux yeux du grand boa cosmique. D’ailleurs, si Milo ne parvient pas, enfin, au stade ultime très rapidement, c’en sera définitivement terminé pour lui. L’univers a beau être patient, à force, il se lasse. Donc, encore cinq réincarnations et c’est le grand plongeon dans le néant, la dissolution, la disparition définitive. Milo a donc sacrément intérêt à se bouger le derrière !
L’idée de départ est fort séduisante et offre de bonnes possibilités narratives : époques variées, classes sociales multiples, tonalités diverses, et un discours sur la vie après la mort toujours porteur. Ajoutons à cela une imagination riche et assez variée de l’auteur. De quoi obtenir un cocktail plaisant. Et même plus. Oui mais voilà, Michael Poore aime trop la facilité et il ne tient pas la longueur. Rappelons d’abord que Reincarnation Blues est son premier roman publié. Auparavant n’étaient parues de lui que des nouvelles. Et cela se ressent grandement dans ce texte : si Milo à la recherche du salut et de l’amour (eh oui, il est en couple avec la mort : ça calme !) offre un fil rouge efficace au récit, ce roman ressemble tout de même plutôt à une suite de courts récits enchâssés dans une vaste structure. De nombreuses nouvelles, plus ou moins réussies, plus ou moins inspirées, plus ou moins cruelles (l’auteur n’hésite pas à aller loin dans la déchéance de son héros), avec pour personnage central une réincarnation de Milo dans le passé ou le futur (à ce propos, Michael Poore nous prépare un avenir bien sombre). Avec des fins plus ou moins impressionnantes (dont l’une, à base de survol de murailles, qui n’est pas sans rappeler une aventure du célèbre baron de Münchhausen), mais sans lien véritable entre elles, d’où un sentiment de récit décousu. Tout cela tend bien vers l’issue finale — Milo va-t-il enfin, grâce à des existences de plus en plus vertueuses, atteindre le nirvana ? —, mais, souvent, cela reste tiré par les cheveux, le lien entre les différentes histoires demeurant artificiel.
Pour ne rien arranger, Michael Poore se laisse parfois aller aux blagues faciles, à l’humour potache à base de pipi, caca, prout et bière faisandée. Gageons que l’auteur devait faire un malheur sur le campus. Mais dans le roman, ça tourne vite un peu en rond. Et les structures des phrases, comme le vocabulaire sont souvent trop familiers. À trop vouloir aller vers la simplicité, le style parlé, le roman finit par sembler bâclé par moments.
Tout cela rend-il la lecture de Reincarnation Blues à proscrire ? Loin de là ! Les vacances sont bientôt là pour beaucoup. Le soleil et la chaleur (pas trop, quand même) aussi, en principe. Les conditions idéales pour déguster ce roman léger, sympathique et entrainant.