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Plop

Rafael PINEDO

Titre original : Plop, 2002   ISFDB
Traduction de Denis AMUTIO
Illustration de Georges CLARENKO

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 630 suivant dans la collection
Date de parution : 4 avril 2019
Dépôt légal : mars 2019, Achevé d'imprimer : 14 mars 2019
Réédition
Roman, 178 pages, catégorie / prix : F5
ISBN : 978-2-07-280217-1
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
Plop ! C’est le bruit qu’il a fait en tombant dans la boue à sa naissance. Plop. C’est le nom dont on l’affublera désormais au sein de la tribu. 
Le Groupe qui l’accepte évolue dans un monde d’après : déchets, gravats, pluie incessante. Cette fin du monde a pour décor des immondices, pour habitants des humains en fuite permanente et soumis à une loi du plus fort exténuante. 
Mais Plop est différent, il va plus loin que les autres, il se hisse, sort du trou.
 
Un roman cru et sauvage, picaresque et futuriste. Mieux qu’une provocation, un livre impitoyable.
 
Rafael Pinedo est un auteur argentin né à Buenos Aires en 1954 et décédé en 2006. Son premier roman, Plop, a reçu le prix Casa América 2002.
Critiques

    Futur distant et boueux. La civilisation n’est plus ce qu’elle était : ce qu’il reste de l’humanité est retombé dans la barbarie. Çà et là, dans la Plaine, cette zone morne dont les seuls reliefs sont des tas d’ordures, où il pleut en permanence, où errent rats et cochons en goguette, vivotent des Groupes.

    Parce que ça a fait « plop » quand son corps a été éjecté du ventre maternel, droit vers la boue, on l’a appelé Plop. Pas grand monde n’aime Plop, mais celui-ci le rend bien au monde. Plus malin que ses congénères, il va gravir les échelons de sa tribu jusqu’à la dominer. Mais plus on est haut, plus dure est la chute, même dans la boue…

    Étonnant roman que Plop, paru en 2011 aux excellentes éditions de l’Arbre Vengeur et que Folio « SF » a eu la bonne idée de rééditer. Premier des trois romans que son auteur, l’écrivain argentin Rafael Pinedo, a écrit avant de décéder en 2006, Plop ne fait pas dans le propret ou le sentimental.

    Phrases brèves, paragraphes concis, chapitres courts : la prose de Plop est sèche et brutale. Voilà pour la forme. Sur le fond, le roman présente une humanité en phase terminale, survivant tant bien que mal (surtout mal) dans un environnement détruit et hostile. Les rapports humains au sein du Groupe se réduisent à l’utilitaire, chacun étant réparti dans différentes Brigades qui assurent une espérance de vie brève ou moins brève. On ne gâche pas les cadavres avec une mise en terre. On s’adonne parfois au sexe — qu’importent l’âge et la nature du partenaire. Ici, pas de morale, juste des tabous idiots, comme celui de ne pas montrer l’intérieur de sa bouche. Ne riez pas.

    Post-apocalyptique aussi noir que clinique, bref et éprouvant, Plop ne laisse pas indifférent. Dans ce portrait vitriolé d’une humanité déshumanisée, tout est sale, et l’on ressort de la lecture avec un goût amer dans la bouche — celui d’une boue polluée.

Erwann PERCHOC
Première parution : 1/7/2019 dans Bifrost 95
Mise en ligne le : 15/10/2023

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition L'ARBRE VENGEUR, Forêt invisible (2011)

     Une plaine immense, rehaussée ça et là de quelques montagnes. Des débris et de la boue à perte de vue, sous une pluie qui n'arrête jamais. Et, au milieu, des groupes d'êtres humains qui errent sans but, en phase avancée de déshumanisation. Bienvenue dans le monde joyeux de Plop ! Un jour, un garçon naît dans cet univers, sa mère accouche debout, et le corps chétif du nouveau-né, quand il tombe dans la fange, fait « plop ». Ça sera donc son nom : Plop. Élevé par la vieille Goro, il tracera son bout de chemin au sein du Groupe – terme ô combien ironique, puisqu'il n'y a ici place que pour l'individualisme –, en commençant par des humiliations à répétition, avant de comprendre ce qu'est un rapport de force et de l'appliquer dans toutes ses relations humaines, afin de gravir les échelons sociaux. Mais attention : le sol n'est jamais bien loin...
     Impossible de ressortir de ce livre sans être passé par tout un tas de sentiments désagréables, tant ce qui est décrit ici va heurter notre confort : tortures, violence gratuite, cannibalisme, pédophilie, zoophilie... tout y passe, dans une litanie de scènes toutes plus atroces les unes que les autres. Le style, épuré au maximum, et le point de vue extérieur rendent ces instantanés encore plus crus et éprouvants. Il est d'ailleurs fort à parier que certains auront beaucoup de mal à terminer ce roman sans concession, aussi court soit-il. Dans ce monde qu'on devine par très légères touches post-apocalyptique, pas de rédemption à attendre : seuls les plus forts et les plus vils triompheront. Pour au final n'obtenir qu'un pouvoir dérisoire, qui du coup ne peut même pas servir de justification, aussi détestable soit-elle, à leurs actes. Et même quand certains éléments semblent pouvoir insuffler à nouveau un peu de sens (le livre, vestige du passé), ils ne détournent même pas de la seule voie possible : celle de l'écrasement d'autrui. Pas de place donc pour les sentiments ou même ne serait-ce qu'un début de comportement humain normal : ici, on ne fait pas l'amour, on ne baise même pas, on s'utilise, tout simplement. Seule occupation susceptible de faire passer le temps, le sexe s'est déshumanisé, et est désormais réduit au simple rôle utilitaire, de vecteur social, au mépris de toute question morale.
     L'auteur, Rafael Pinedo, Argentin mort en 2006 après une poignée de romans publiés, ne donne à aucun moment des éléments permettant de trancher : est-ce une simple provocation, de l'humour noir (mais alors très très très très noir), une critique cinglante de notre monde actuel, d'où les valeurs morales s'enfuient peu à peu, ou encore le livre d'un désespéré ? Sans doute un peu de tout ça : après tout, même si on ne trouvera pas de trace évidente d'humour dans les pages du livre, celui-ci s'appelle néanmoins Plop, qui sonne comme un titre-gag, mais aussi inquiétant. Libre au lecteur donc de se faire sa propre idée sur ce livre-coup de poing, qui ne peut le laisser indifférent, et qui le marquera durablement.
     Peut-être les autres romans de Rafael Pinedo, s'ils sont un jour traduits en France, apporteront des éclaircissements sur Plop ; pour l'instant, on ne peut que remercier les éditions de l'Arbre Vengeur de nous avoir proposé ce livre impitoyable et inclassable.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 1/5/2011
nooSFere

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