Imaginez l'Histoire de notre monde si les dragons avaient existé et s'ils avaient pu, dès l'Antiquité, servir d' « aviation » aux chinois ou aux romains... C'est dans cet univers que Naomi Novik situe les aventures de Will Laurence, capitaine de la Royal Navy à l'époque des guerres napoléoniennes...
Après avoir abordé une frégate française, Laurence y découvre un œuf de dragon sur le point d'éclore. Comme il n'est pas envisageable de faire perdre une telle arme potentielle à l'Angleterre, comme un dragon doit être harnaché dès sa naissance pour être apprivoisable et comme celui qui lui passe le harnais devient illico son pilote définitif, Laurence se voit contraint d'unir son destin au jeune dragon qu'il appelle Téméraire, sachant qu'il renonce ainsi à sa brillante carrière d'officier marin...
Il est difficile de croire que l'Histoire soit si peu divergente de la nôtre à partir d'un bouleversement aussi profond et ancien que celui qui sert de prétexte à ce roman. Il faudrait sans doute invoquer une sorte d' « inertie » de la trame temporelle — à la manière de Poul Anderson dans La Patrouille du temps — pour justifier que l'aspect géopolitique du monde soit quasi identique à celui que nous connaissons.
Mais peu importe. L'auteur ne cherche aucunement à justifier le contexte de son livre. Elle se contente d'imaginer — avec un évident plaisir — une aventure spectaculaire et éminemment divertissante.
Si la relation d'interdépendance entre un humain et un dragon n'est pas une idée neuve, Novik a le mérite de rendre attachante cette amitié indissoluble. Parmi les traits saillants de son récit, on relèvera la mauvaise réputation attachée aux aviateurs, qui n'ont pas le prestige qu'on leur suppose habituellement, ce qui explique la mauvaise volonté avec laquelle Laurence se voit obligé de les rallier ; on notera aussi comment les dragons sont de véritables navires volants, avec tout un équipage complet comprenant hommes de ventre, hommes d'échine, fusiliers ou vigie ; on verra qu'il existe de multiples races de dragons, aux aptitudes variées, et comment Téméraire, d'une race exceptionnelle, découvre peu à peu ses propres facultés ; enfin, on assistera aux entraînements, à des missions de sauvetage et, bien sûr, à des combats...
Bref, sans être bouleversant, Les Dragons de sa Majesté est un roman d'aventures militaires tout à fait sympathique, une jolie histoire d'apprentissage et d'amitié, certes assez prévisible mais contée avec suffisamment de fougue pour retenir l'attention jusqu'à la dernière page. Un roman qu'on pourra conseiller aussi aux jeunes amateurs de fantasy, dès onze ans.