FRANCE LOISIRS
(Paris, France), coll. Fantasy Dépôt légal : mai 2004, Achevé d'imprimer : août 2004 Roman, 416 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-7441-7249-9 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Fantasy
Aléa est le Samildanach. Le dernier enfant du Saîman. Sur l'île de Gaelia, partout, le feu de la haine déferle, pendant que la magie, lentement, disparaît.
Il faut sauver les silves, retrouver la louve blanche chassée par les hommes, comprendre le sens de la Moïra et des trois prophéties et surtout préparer le monde de demain.
Une guerre, deux êtres, trois prophéties. Peut-on tout sacrifier au nom de la liberté ?
Né à Paris en 1972, Henri Loevenbruck est écrivain, anthologiste, journaliste et traducteur. Auteur de plusieurs scénarios pour le cinéma, il met en scène, avec La Moïra, un univers mythologique et naturaliste proche de celui que peint Le Seigneur des Anneaux, dans lequel se révèle sa passion pour les loups, dont il a longuement étudié les moeurs.
Gaelia est plongée dans le chaos : l'ombre de la guerre continue à planer sur l'île. L'échiquier politique inextricable présenté dans La Guerre des Loups s'est quelque peu simplifié et le temps des ultimes combats approche, tandis qu'Aléa, la jeune fille devenue Samildanach, tente de créer un âge nouveau.
La Louve et l'Enfant, premier tome de la Moïra, usait — abusait même — des archétypes classiques de la fantasy : la jeune enfant promise à un destin glorieux, le mentor bienveillant mais mystérieux, le nain bourru mais amical, le puissant guerrier tueur de dragons, le maléfique seigneur des ténèbres, et l'incontournable quête basée sur le voyage... Mais La Guerre des Loups a révélé le potentiel de l'univers créé par Henri Lœvenbruck : loin du manichéisme classique du premier tome, l'auteur était superbement parvenu à brouiller toutes les pistes et à dépeindre des conflits multipartites d'où avait disparu toute trace de bien et de mal. Enfin, dans ce dernier tome, toutes les questions posées depuis La Louve et l'Enfant, sans exception, trouvent une réponse ; et le style, devenu plus assuré, est très fluide.
L'on peut cependant regretter une conclusion un peu rapide, surtout en ce qui concerne Maolmordha, dont le problème est expédié en un temps record. Même si la confrontation finale apporte un élément d'explication supplémentaire à l'intrigue, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la véritable utilité du personnage au cours de la trilogie. Il en est un peu de même pour les loups, bien décrits et mis en scène au cours des trois tomes, et qui constituent un élément de fond original et intéressant : peut-être leur rôle dans l'intrigue principale aurait-il gagné à être plus développé.
L'intérêt de la trilogie de la Moïra réside surtout dans les réflexions que mène Lœvenbruck sur la guerre, la liberté, le poids de l'histoire, le prix du changement, et dans les interactions entre les politiques cléricales et séculaires. Tout cela est agréablement coloré par une inspiration celtique bien intégrée au récit.
La Moïra est donc une épopée qui recèle davantage de profondeur que ce que le premier tome avait laissé supposer. Les habitués du genre devront attendre le deuxième volume pour découvrir l'originalité du cycle, mais les lecteurs peu familiarisés avec la fantasy, ainsi que les jeunes adultes friands d'aventure, auront beaucoup de plaisir à prendre la route en compagnie d'Aléa et de ses amis.