Un village au nom bizarre, la Tour des Ames, quelque part en Vénétie, dont les habitants - les vivants et les morts... mais pas ensemble - célèbrent chaque année, le 2 novembre, une sorte de carnaval funèbre.
Sur un canal glisse un bateau - le vieux burchiello vénitien - vers le village. Pas d'équipage, dans le bateau. Les passagers ? Des personnages qui ne sont plus, comme on dit, de ce monde. Au hasard de la date (de la fête... de leur mort... ?), les réunit la visite à la cérémonie nocturne dans l'église de la Tour des Ames. Sous la direction du nautonier, pas " de ce monde " lui non plus, que Marcel Brion nous a fait connaître déja dans L'Ombre d'un Arbre mort : le gentilhomme italien Ermete dei Marmi, l'Hermès d'autrefois, le conducteur des âmes.
Les destinées étranges et dramatiques des passagers viennent au jour, au hasard des détours du canal, des haltes en cours de journées, des rencontres. Un couple incestueux qui atteint la béatitude dans la mort. Une comédienne habitée par les âmes des personnages qu'elle joue et qu'un démon officieux fait sortir des Enfers pour un soir. Le phénix Don Juan, renaissant de ses cendres - l'éternel, l'inapaisable désir. D'autres encore.
Et, la nuit venue, la Messe des Morts, chantée par les morts, dans l'église de la Tour des Morts, dont le brasier au sommet du campanile, attire les foules indénombrables de grands oiseaux noirs. Et le Maestro Bastianelli conduit de nouveau le Requiem qu'il conduisit ici pour la dernière fois, il y a deux cent ans.
La Fête de la Tour des Ames ! Un livre indescriptible, teinté d'humour macabre. Un récit envoûtant, inoubliable.