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Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu

Karim BERROUKA

Première parution : Chambéry, France : ActuSF, mars 2018

Illustration de Diego TRIPODI

J'AI LU (Paris, France), coll. Fantastique (2007 - ) n° 12716 suivant dans la collection
Date de parution : 4 septembre 2019
Dépôt légal : septembre 2019, Achevé d'imprimer : 4 août 2019
Réédition
Roman, 416 pages, catégorie / prix : 8,20 €
ISBN : 978-2-290-17291-9
Format : 11,2 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

A ma gauche, cinq sectes toutes plus barrées les unes que les autres (parmi lesquelles les hommes-poissons d'Innsmouth ou les pseudo-scientifiques de Jésus-Higgs Dieu-Boson Yog-Sothoth). A ma droite : Ingrid, une jeune fille bien sous tous rapports (ou pas) que les premiers poursuivent de leurs assiduités dans le but de la voir prendre place au centre d'un pentacle dont dépend le retour de quelques grands anciens. Et au milieu, un dieux monstrueux des profondeurs à l'orthographe compliquée qui n'en demande pas tant...

« Fun comme tout ! » Bifrost

Karim Berrouka mène une double vie. Le jour, il écrit des romans et des nouvelles. La nuit, avec son groupe Ludwig von 88, il chante du punk. Après les fées et les zombies, c'est cette fois l'univers lovecraftien qu'il passe à la moulinette de son humour corrosif.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition ActuSF, Les Trois Souhaits (2018)

   La déferlante de publications lovecraftiennes ou para-lovecraftiennes se poursuit, y compris dans le rayonnage made in France. Ce coup-ci, c’est Karim Berrouka qui s’y colle, avec un roman qui, disons-le d’emblée, ne restera certainement pas dans les annales, même celles du sous-registre si prolifique, mais n’en est pas moins fun comme tout — et c’était bien ce qu’on en attendait, après tout.

   Notre héroïne s’appelle Ingrid, et, pour une bête histoire de naissance à l’heure, à la minute et à la seconde fatidiques, elle se retrouve embarquée dans une improbable histoire aux ramifications forcément cosmiques incluant son lot de gélatine indicible et d’angles cyclopéens : même à Paris, les adorateurs du Géant Vert (pas celui du maïs) peuvent foutre le bordel. Enfin, plus exactement, les cinq factions dédiées chacune à telle « divinité » du panthéon lovecraftien, et qui se demandent si, à l’occasion du nouvel avènement du Grand Cthulhu, il serait préférable de l’accueillir avec l’espoir qu’il anéantira le monde, ou la crainte qu’il anéantisse le monde. Autant de sectes frappadingues et de « cultistes » guignolesques, incluant ces types au faciès bizarre qui font de la plongée sous-marine dans les environs d’Innsmouth, Nouvelle-Angleterre, les Satanistes de l’Amour qui aiment les chèvres et la fornication partout et tout le temps, ou encore les mélomanes viennois qui guettent le son des flûtes en provenance du chaos nucléaire ; mais les pires sont probablement les ahuris qui vénèrent à la fois le Christ, Yog-Sothoth et le boson de Higgs (tout en un et un en tout).

   La quatrième de couverture avance que notre héroïne n’en a rien à péter de tout ça — peut-être était-elle dédiée à un autre roman, car Ingrid ne semble pas exactement s’en foutre, dans celui-ci. Oh, elle aurait sans doute préféré qu’on la laisse en dehors de tout ça, et cultiver l’ignorance bénie de qui n’a pas lu HPL sinon le Necronomicon, mais elle réalise assez vite qu’elle n’a guère le choix, et s’implique dès lors avec un certain sens du devoir.

   Sans surprise, tout cela n’est guère pointilleux au regard de l’orthodoxie lovecraftienne — ce qui n’a absolument aucune importance. La derletherie ne passe en effet pas si mal, en sachant se montrer moqueuse là où il le faut — et pas en permanence, dans un délire parodique qui aurait sans doute été assez vite lassant. L’humour est là (inévitablement, avec l’auteur ?), dans le décalage permanent qu’implique le personnage même d’Ingrid, ou, surtout, le tableau des cinq factions, satire vicieuse mais bienvenue du fanatisme religieux et de l’embrigadement sur la base de doctrines idiotes autant qu’aveugles. Nul besoin, dès lors, de glisser un gag à chaque paragraphe — finalement, la mesure en la matière s’avère bien plus pertinente.

   Ce décalage, cet humour, suffisent à faire tenir le livre. C’est heureux, car l’ensemble est autrement assez convenu et hautement prévisible — les twists n’en sont pas, délibérément peut-on supposer. Qu’importe : Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu remplit sans peine son office, sous la forme d’un roman sympathique et qui se lit tout seul. Ils ne sont pas si nombreux, les pastiches affichés comme tels et qui peuvent s’en targuer ; ou, du moins, un certain nombre d’entre eux, qu’il s’agisse de prétendre à un plus grand sérieux, ou au contraire de sortir son nez rouge de clown pour faire des jeux de mots sur les shoggoths, pourraient éventuellement en prendre de la graine.

   Rien d’exceptionnel, non ; des failles, très certainement ; mais, oui, ça se lit tout seul.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/7/2018
Bifrost 91
Mise en ligne le : 8/5/2023

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