Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Les Derniers jours du Nouveau-Paris

China MIÉVILLE

Titre original : The Last Days of New Paris, 2016
Première parution : Del Rey, 9 août 2016   ISFDB
Traduction de Nathalie MÈGE
Illustration de Albane SIMON

POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy précédent dans la collection n° 7240
Date de parution : 14 novembre 2019
Dépôt légal : novembre 2019, Achevé d'imprimer : novembre 2019
Réédition
Roman, 240 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 978-2-266-27983-3
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Autres éditions

Sous le titre Les Derniers jours du nouveau Paris   AU DIABLE VAUVERT, 2018

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

1941. À Marseille, Jack Parsons, jeune ingénieur américain versé dans les sciences occultes, rencontre un groupe de résistants auquel appartient André Breton. Il souhaite s'inspirer du surréalisme pour créer un golem capable de renverser le Troisième Reich, mais change involontairement le cours de la guerre…
1950. Dans Paris occupé, les œuvres surréalistes ont pris vie après l’explosion de la Bombe S, et combattent les démons et leurs maîtres nazis aux côtés de la résistance, dans un décor halluciné.

« L’auteur exalte sa passion pour le surréalisme en animant des cadavres exquis sur les barricades de la capitale occupée par les nazis. » Libération

« C'est André Breton contre Hitler, Max Ernst contre Goebbels, Magritte contre Heydrich... Érudit, débridé, le roman nous mène de surprise en surprise : China Miéville y multiplie les visions délirantes (forcément) et s'amuse en brouillant les frontières entre réalité et invention. » Télérama

« Son esprit est éblouissant, son humour vif et la vitalité pure de son imagination stupéfiante. » Ursula K. Le Guin

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition AU DIABLE VAUVERT, (2019)

 En 1950, Paris occupé par les Nazis est isolé du reste du monde pour contenir les agressives créatures qui le hantent, suite à l’explosion d’une bombe S — « S » comme surréalisme, car en effet ces monstres improbables, les manifs, sont des manifestations grandeur nature de ce mouvement artistique. Quand André Breton rencontre Aleister Crowley, la magie injecte l’imaginaire directement dans le quotidien. Ainsi, Thibaut, jeune recrue de La Main à plume, la revue étant ici une organisation clandestine de résistance, sauve une photographe américaine pour-suivie par des loups-table, et arpente un Paris transformé d’après les projets d’aménage-ment proposés par les surréalistes dans diverses contributions, comme un Arc de Triomphe changé en pissotière ou la cathé-drale Notre-Dame reconvertie en silo à grain.
 L’argument de ce court roman on ne peut plus délirant est l’occasion de rappeler la dimension résolument révolutionnaire du surréalisme et son projet de contamination du réel par des moyens oniriques. On sait les surréalistes attirés par l’étrange et le surnaturel : ils ont recensé parmi leurs pré-décesseurs poètes, philosophes et médiums ayant cherché à voir au-delà du réel. Seul cet art subversif prônant une liberté anarchique était en mesure de s’opposer aux effroyables re-présentants d’un ordre nouveau.
À son tour, le Reich, dont on sait le goût pour l’ésotérisme, oppose aux productions de l’art dégénéré des démons issus de sa propre culture : c’est une imposante sculpture d’Arno Breker, l’architecte officiel du nazisme, qui lutte contre un cadavre exquis d’André Breton, Jacqueline Lamba (son épouse) et Yves Tanguy. On assiste dès lors à des scènes hallucinantes, poétiques ou glaçantes, mais aussi très drôles, comme l’intervention quasi divine d’Hélène Smith, la médium qui écrivait en martien, représentée sur les cartes du Tarot de Marseille, envoyant contre les Nazis une armada de soucoupes volantes. L’incarnation d’une œuvre d’art la plus saisissante, en fin de récit, n’est cependant pas d’origine sur-réaliste.
 Si on peut regretter que les personnages et l’intrigue ne soient que le prétexte pour décrire les œuvres poétiques ayant pris vie, on admire le tour de force consistant à rassembler en un seul récit autant d’images et de phrases, parfois empruntées à des artistes peu connus du mouvement, avec quelques passages très réussis. Il n’est pas inutile de rafraîchir ses connaissances sur le surréalisme et sur certains protagonistes de la Seconde Guerre mondiale pour pleinement apprécier ce récit. En effet, la quête de Thibaut cherchant à en savoir davantage sur le Fall Rot, le Plan B des Allemands (sans rapport avec, dans notre continuum, l’invasion de la France à travers la Belgique), alterne avec des chapitres très réalistes se déroulant en 1941, à Marseille, à la villa Air-Bel de la riche Mary Jayne Gold, qui aide à l’exfiltration des artistes menacés par le nazisme, notamment les surréalistes. Varian Fry, journaliste américain, présente au groupe Jack Parsons, pionnier de la propulsion spatiale et disciple d’Aleister Crowley, ami aussi d’auteurs de science-fiction comme Robert Heinlein ou Jack Williamson. Fry estime en effet que les surréalistes pourraient lui inspirer un moyen susceptible de modifier le cours de la guerre. N’interviennent ici que des personnages historiques : l’effet de bascule avec les parties oniriques donne au récit les contours d’une uchronie en racontant les événements à l’origine du point de divergence.
 Le récit est complété par une postface, partie intégrante de la fiction, où sont relatées les circonstances très étranges dans lesquelles cette histoire a été révélée à qui saurait l’écrire, elle-même suivie d’une annexe identifiant l’origine artistique des manifs et des objets de cet univers parallèle. Ces pseudo-recherches permettent de livrer au lecteur les sources d’inspiration de China Miéville, et quelques éclairages bienvenus sur le mouvement sur-réaliste et ses acteurs.
 La fascination reste avant tout cérébrale : les phrases courtes décrivent une action avec objectivité, sans investissement émotionnel, comme pour éviter de parasiter les sentiments provoqués par les œuvres d’art. Au final, un récit étrange où réel et imaginaire s’interpénètrent de façon hypnotique pour mieux restituer l’esprit du surréalisme. Les amateurs d’art trouveront l’exercice exquis.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/1/2019
Bifrost 93
Mise en ligne le : 11/7/2023

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87250 livres, 112066 photos de couvertures, 83684 quatrièmes.
10815 critiques, 47149 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD