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La Piste des cendres

Emmanuel CHASTELLIÈRE


Illustration de Xavier COLLETTE

CRITIC (Rennes, France), coll. Fantasy précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 20 février 2020
Dépôt légal : février 2020
Première édition
Roman, 616 pages, catégorie / prix : 24 €
ISBN : 978-2-37579-170-7
Format : 13,0 x 19,8 cm
Genre : Fantasy


Quatrième de couverture

  « Telle était la seule chose en laquelle il pouvait avoir encore confiance : le chant du métal et de la poudre. »

1896, Nouveau-Coronado.
Fils illégitime d’un influent propriétaire terrien, Azel fuit son destin, ballotté entre des origines indigènes qu’il renie et une famille qui ne l’accepte pas. Il a préféré rejoindre les montagnes, où il se contente de jouer les chasseurs de primes.
Pourtant, loin des hauts plateaux, la menace d’une guerre se profile dans la péninsule : le Nord, véritable grenier à blé, estime être exploité par le Sud, plus industriel, qui dispose d’un accès à l’océan grâce au port de Carthagène.
Lorsque Azel accepte à contrecœur d’accompagner un convoi d’indigènes décidés à quitter leurs anciennes terres pour le Grand Exil, le jeune homme est loin d’imaginer qu’il va lui-même se retrouver entraîné dans cette guerre civile… et tout ce qu’elle risque fort de réveiller.

Critiques

    La Piste des cendres s’inscrit dans le même univers que L’Empire du léopard (chroniqué dans le Bifrost 91), un quart de siècle plus tard. Il n’en constitue pas une suite, et peut donc se lire de façon indépendante, voire même avant L’Empire du léopard.

    L’action se passe au Nouveau-Coronado, contexte imaginaire mais s’inspirant de la colonisation espagnole en Amérique centrale et du sud. Formé vingt-cinq ans plus tôt, après la défaite de l’empire du léopard, le dernier et le plus puissant des royaumes indigènes, il présente un net contraste entre un nord (les ex-territoires impériaux) agricole et un sud industrialisé. Les divisions sont nombreuses, entre colons nordiques rêvant d’indépendance et sudistes fidèles à la métropole, entre indigènes et colons venus du Premier Continent, entre ceux qui ont connu celui-ci et ceux qui sont nés dans la péninsule, entre individus issus de parents d’une seule ethnie et métis, entre ceux issus d’un père colon et les autres. Alors que la grogne et les tensions pourraient prendre des allures de guerre civile, les indigènes montrent eux aussi des signes de révolte, et l’assassinat du vice-roi par l’un d’eux puis l’annonce de la venue prochaine de la reine Constance vont mettre le feu aux poudres. En parallèle à ce propos décolonisateur et sécessionniste, l’auteur en offre un second, plus personnel, montrant le chemin, psychologique, voire identitaire, parcouru par un chasseur de primes en quête de vengeance, issu des deux peuples de la péninsule, déchiré entre deux cultures (les deux trames se rejoignent d’une façon habile et surprenante à la fin du second tiers). La notion d’identité est un des axes structurant le roman, que ce soit celle d’une terre qui hésite entre n’être qu’une dépendance de la métropole ou une nation à part entière, celle des métis qui ne savent pas qui ils sont, celle des indigènes qui tentent sans succès de continuer à vivre sur des terres qui furent leurs mais ne le sont plus. L’auteur a déclaré avoir voulu proposer une fantasy de divertissement sans qu’elle soit pour autant dépourvue de fond, et sa réussite est totale, son roman abordant sans militantisme mais avec doigté des thèmes aussi profonds qu’actuels.

    La singularité et le charme de cet univers, modelé sur la Patagonie, avec son ambiance western, ses vachers et chasseurs de primes, ses puits de pétrole et ses montgolfières, est ce qui frappe en premier, mais c’est loin d’être le seul point positif à mettre au crédit d’Emmanuel Chastellière. Il a su tisser une ambiance envoûtante, il a, contrairement à L’Empire du léopard, maîtrisé le rythme de bout en bout, ses personnages sont aussi variés (métis fils de grand propriétaire terrien, nouveau vice-roi qui est un ancien mercenaire en quête de gloire, indigène, journaliste) qu’intéressants et attachants, tout comme l’est leur évolution. Le style est fluide et agréable sans jamais être pédant, l’intrigue prenante, la construction narrative habile et astucieuse, et la fin tout à fait réussie, à l’image d’un épilogue qui ne pourra pleinement se comprendre que par ceux qui ont lu l’autre roman, bien que cela ne soit pas une obligation (mais permet une mise en perspective).

    On pourrait reprocher à l’auteur l’utilisation de deux tropes éculés (même si c’est fait habilement), et l’emploi de la technique narrative constituant le twist de la fin du second tiers (et qui pourrait gêner certains lecteurs). On pourrait, oui. Mais cela ne doit pas masquer le fait que ce nouveau roman est facilement deux crans au-dessus de L’Empire du léopard (pourtant déjà fort recommandable) et consacre Emmanuel Chastellière comme un des nouveaux grands écrivains français de fantasy, dans sa forme la plus novatrice et pleine de sens, extra-européenne, post-médiévale et coloniale.

APOPHIS (site web)
Première parution : 1/4/2020 dans Bifrost 98
Mise en ligne le : 6/1/2024

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