« Nous l'avons vu émerger presque silencieusement de la la brume et s'y perdre : le remorqueur à la cheminée barbouillée de minium, puis, les péniches silencieuses, barrées par des matelots taciturnes sonnant régulièrement de la lugubre corne de brume... L'un après l'autre, surgis de la ouate grise, aussitôt absorbés qu'enfantés, sucession de fantômes de navires, glissant silencieusement sur une mer de néant [...] Un convoi de fantômes, profitant de la brume : les sous-marins y voyaient encore moins que les autres, et la mer se trouvait vidée de son plus grand péril. Le dernier bâtiment avait disparu dans cette 'purée lourde' que le cri des cornes de brume nous parvenait encore, lointain, étouffé par des murs de coton gris. Cela nous parut un mauvais présage, comme si nous également nous étions en route pour un port fantôme, loin derrière l'horizon, le port où échouent tous les navires... »
Extrait de « Le rescapé du Fenris »

On connaît mal Jacques Van Herp, ou tout au moins son oeuvre, car le personnage lui-même est présent partout depuis un demi-siècle, dans les couloirs ténébreux du mystérieux et de l'insolite.

L'auteur nous promène, dans cet ouvrage, à travers les mystères portés par les vagues, mais découvre aussi les inquiétants secrets de sa ville, qu'on s'acharne à détruire.