La Magellanie, autant dire le bout du monde. Un territoire situé en Terre de Feu, à l'extrême sud du continent américain. Un dédale d'îlots et de récifs balayés par les vents. C'est le domaine du Kaw-djer, un être énigmatique qui a fui la compagnie des hommes, par amour de la liberté.

La Magellanie, c'est aussi la terre des naufrages. Une nuit de 1881, un quatre-mâts où ont pris place un millier d'immigrants menace de se briser sur les récifs. Le Kaw-djer, qui s'était pourtant résolu à mettre fin à ses jours, décide, dans un sursaut, de leur venir en aide. Il ignore qu'il va devoir affronter, pire que les éléments déchaînés, la violence, la jalousie et l'ingratitude humaine.

Lorsqu'il s'attèle à ce roman en 1897, Jules Verne vient de perdre son frère, et sa santé se dégrade. D'abord intitulée Terre de Feu puis Au bout du monde, cette nouvelle oeuvre reflète ses opinions religieuses et politiques. Elle est aussi la traduction littéraire du pressentiment de sa mort.

 

Le roman, " réécrit " par son fils Michel —qui a ajouté des chapitres et en a dénaturé l'esprit et la la lettre —, paraît en 1909 sous le titre Les Naufragés du "Jonathan". Les frappes du manuscrit original, retrouvées dans les archives de la famille de l'éditeur Hetzel Par Piero Gondolo della Rivera, collectionneur et spécialiste de l'oeuvre vernienne, permettent aujourd'hui de découvrir dans sa version initiale, la seule authentique, l'un des ultimes chefs-d'oeuvre du grand écrivain, tout à la fois roman d'aventures et parabole philosophique et politique.