Christian BOURGOIS
(Paris, France) Date de parution : 13 février 2020 Dépôt légal : février 2020 Première édition Roman, 192 pages, catégorie / prix : 18,00 € ISBN : 978-2-267-03194-2 Format : 12,0 x 20,0 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Paris, 1927. Dans une sombre ruelle du Marais, le cadavre d’un homme est découvert. Jusqu’ici, rien que de très normal pour les bas-fonds parisiens. Mais le corps a un aspect étrange… et porte des marques curieuses sur le cou…
À crime extraordinaire, enquêteur extraordinaire : Pierre Le Noir, membre d’une division secrète de la police parisienne, se voit chargé de l’affaire. Pour résoudre ce cas, il devra croiser des migrants illégaux d’une nature étonnante, s’intéresser au paranormal, et frayer avec un groupe de jeunes artistes énervés, ces fameux surréalistes qui agitent Paris. Nul doute que cette histoire remettra en cause tout ce qu’il croyait savoir de la vie – et de la mort.
Quatorze crocs joue sur tous les codes du roman policier et fantastique, et le lecteur joue avec lui : drôle, feuilletonnesque, bourré de références et d’allusions délicieusement anachroniques, il nous offre un grand plaisir de lecture.
Critiques
1931, Paris. Pierre Lenoir est un inspecteur de la très spéciale Brigade Nocturne, une unité d’élite de la police chargée de s’occuper des affaires impliquant ces non-morts qui habitent, parfois en grand nombre, dans les villes modernes. Cette fois, c’est un homme mort qui est retrouvé en pleine rue, visage verdâtre et cou percé de quatorze petits trous. Qui est-il ? Qui l’a tué ? Comment ? Et pourquoi ? C’est à ces questions que va tenter de répondre Lenoir, sacrifiant ici aux interrogations habituelles du whodunnit. Ce qui est moins conventionnel, c’est l’intervention d’un fantôme facétieux, d’une vampire séduisante et bien en cour, ainsi que de quelques créatures surnaturelles peu recommandables. Ce qui l’est encore moins, c’est que l’enquête va conduire Lenoir à côtoyer un monde qui lui est radicalement étranger : celui dans lequel se confrontent surréalistes et dadaïstes, auprès notamment du vicomte de Noailles et sa femme. Lenoir devra donc faire preuve de courage physique pour aller au contact de monstres surnaturels, et d’ouverture d’esprit pour naviguer sans encombre dans les eaux tumultueuses aussi créatives que superficielles de l’art moderne.
Arrivant à la fin de Quatorze crocs, j’avais le sentiment que le roman n’était pas fini. Pourtant, de fait, il l’était. Cette étonnante mésaventure est le point central de ce qui dysfonctionne dans Quatorze crocs. Solares y mêle des créatures fantastiques (dont on ne comprend jamais vraiment si les Humains ont conscience ou pas de leur existence ou si cette connaissance est limitée à l’élite mondaine) au Paris des arts. Il les met en scène, sans jamais les développer au-delà de la caricature, dans le cadre d’une enquête résolue avec bien trop de facilité. De fait, après un début peu captivant, le roman tourne autour d’un grand moment central : une soirée chez les De Noailles à laquelle assistent surréalistes et dadaïstes. De Breton à Tzara en passant par Picasso et tous leurs amis, amies, femmes, maîtresses, Solares s’amuse donc à faire un name dropping intensif qui ne sert guère l’avancée du récit (il le fait aussi avant avec le fantôme de Pasteur ou celui de Wilde). Puis, après un passage dans le studio de Man Ray (avec Kiki de Montparnasse) à la recherche du fameux fer à repasser à quatorze clous de l’artiste (qui n’est pas retrouvé), Lenoir est attaqué, puis sauvé, puis c’est fini. Tueur arrêté mais suite à venir avec un background historique déballé en infodump, alors même que le supérieur de Lenoir s’avère être plus qu’un simple Humain, et qu’une proposition lui est faite d’intégrer le cercle intérieur. Ce roman ressemble à une première moitié à qui manquerait sa seconde. Aussi faudrait-il le vendre à moitié prix.