Stephen CHBOSKY Titre original : Imaginary Friend, 2019 Première parution : New York, USA : Grand Central Publishing, Hachette Book Group, 2019ISFDB Traduction de Jean ESCH
CALMANN-LÉVY
(Paris, France), coll. Noir Date de parution : 17 juin 2020 Dépôt légal : juin 2020, Achevé d'imprimer : mai 2020 Première édition Roman, 752 pages, catégorie / prix : 23,90 € ISBN : 978-2-7021-6671-0 Format : 16,2 x 23,4 cm✅ Genre : Fantastique
« Une histoire d’horreur assurément flippante.
Stephen King peut être fier ! » Kirkus
Une mère et son fils en cavale trouvent refuge
dans la petite communauté de Mill Grove, en Pennsylvanie.
Mais dans ce havre de paix, le petit garçon disparaît.
Quand il émerge de la forêt six jours plus tard, il a l'air indemne.
Lui seul sait que quelque chose a changé.
La voix du bois est dans sa tête et lui dicte une mission.
S'il ne lui obéit pas, sa mère et tous les habitants
de Mill Grove risquent son courroux...
Entre suspense effroyable et richesse émotionnelle,
Stephen Chbosky renouvelle la littérature de l'horreur.
À lire les lumières allumées.
« Si vous n’êtes pas renversé par les 50 premières pages, il faut aller consulter. » Joe Hill, auteur
« Un roman captivant, original et véritablement surprenant. » The Washington Post
Stephen Chbosky est un écrivain, réalisateur, producteur et scénariste américain. Son célèbre premier roman, Le Monde de Charlie, d'abord publié sous le titre Pas raccord (Sarbacane, 2008), a conquis plus d'un million de lecteurs dans le monde. Il a aussi été adapté au cinéma par l'auteur en 2012. L'Ami imaginaire, son deuxième roman, est déjà un phénomène aux États-Unis.
[Critique parue exlusivement dans la version numérique de la revue]
Les USA sont une nation de migrants : qu’elle soit intérieure ou extérieure, la migration appartient donc à l’imaginaire de ce pays. Ce n’est donc pas une surprise si L’Ami imaginaire commence par une migration, celle d’une mère et de son jeune fils. Celle-ci tient de la fuite, même s’il s’agit en réalité de trouver un nouveau départ pour s’épargner la misère et le déclassement. Les USA sont aussi une nation marquée par les inégalités sociales : Kate et Christopher appartiennent à l’une des classes les plus basses – celles qui sont piégées dans les hôtels miteux, les écoles de seconde zone et autre gig economy. Christopher possède par ailleurs le handicap d’une dyslexie non corrigée, qui le rend presque inapte aux études et le condamne donc à être un paria dans une civilisation d’écrit.
Un « ami imaginaire », c’est une construction mentale esquissée par un enfant déçu par la réalité : l’ami imaginaire aide, sait et ne juge pas… Le fantastique, dans ce tableau imaginé par un auteur à qui Steinbeck semble tenir lieu de surmoi, ne se greffe ni ne s’infiltre au réel : le postulat de L’Ami imaginaire est qu’il existe une réalité alternative où vivent des entités inquiétantes, certaines cherchant à faire venir à elles les habitants du monde réel. Coopérer avec elles, comme Christopher le découvre, est une garantie de changement : attiré dans leur monde par une bizarrerie météorologique, libéré par un être que les adultes autour de lui interprètent comme un ami imaginaire, il en sortira guéri de sa dyslexie et deviendra un vecteur de chance. Dans un univers tout aussi stratifié que la société des USA, on n’a toutefois rien sans rien… et l’ami imaginaire de Christopher lutte contre une entité antagoniste.
L’être humain a-t-il sa place dans un univers où coexistent et s’interpénètrent différentes réalités ? Dans Les Enfants du maïs, Stephen King montrait que parfois l’être humain s’incline devant la puissance d’ordre supérieur ; dans Ça, il racontait au contraire l’histoire d’une rébellion réussie. On retrouve dans L’Ami imaginaire un peu de ce choix contradictoire – entre l’adoration ou la révolte – imposé aux protagonistes humains. On regrette le côté brouillon et convenu de la cosmogonie esquissée ici. Le conflit dans le monde imaginaire s’exporte vers le monde réel, pour le malheur de l’humanité, sans que la nature des entités impliquées soit explicitée. Une des phrases de ce roman – sans nul doute provocatrice pour certains – en constitue l’une des clés, le prénom du protagoniste en étant une autre : l’un des personnages pense que le Christ aurait pu avoir été crucifié… « pour complicité » ! En fin de compte, L’ami imaginaire s’avère être un roman bien trop long pour son propre argument : les coups de théâtre lassent le lecteur, l’usage désordonné des majuscules l’agace, la conclusion l’achève.
Migration, strates sociales, années 10 du XXIe siècle et entités inquiétantes : il y avait sans nul doute beaucoup à faire avec ces postulats. Le principal défaut du roman d’horreur qu’en a tiré Stephen Chbosky est toutefois de ne pas faire peur.