Au cours de son oeuvre, qui est une constante recherche de la vérité, qu'elle soit d'ordre politique ou scientifique, Arthur Koestler a utilisé la fiction et l'essai.
Avec les Call-girls, nous avons la surprise de le voir revenir à la fiction, précédemment illustrée par le plus célèbre de ses livres : le Zéro et l'infini auquel il faut joindre Croisade sans Croix, la Tour d'Ezra, les Hommes ont soif.
Chacun sait ce que sont les congrès, les séminaires, les colloques, indispensables à la culture mais dont l'efficacité est parfois problématique.
Au symposium imaginé par Koestler, qui a pour objet de porter un diagnostic sérieux sur la condition humaine et la démence suicidaire de l'homme, accourent, comme à l'accoutumée, les éminents spécialistes, les écrivains en renom, les sommités scientifiques. Ce sont les call-girls du savoir.
Pendant les beaux jour d'un été qui précède une troisième guerre mondiale, une douzaine de savants triés sur le volet se penchent sur les questions posées. Ils proposent des remèdes plus redoutables encore que les maux qu'il s'agit de guérir. Les call-girls se séparent sans que la consultation ait porté de fruits. Le monde ne connaîtra pas le message des augures.
Arthur Koestler n'a pas manqué de nuancer son propos. Le personnage qui semble son interprète accepte le désespoir et refuse la tristesse : « Parce qu'on est obsédé par les horreurs qui menacent l'humanité, faut-il s'interdire le plaisir d'être en vie ? ».