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2069

Josselin BORDAT

Première parution : Paris, France : Anne Carrière, juin 2020


Anne CARRIÈRE (Paris, France), coll. Sex Appeal
Date de parution : 26 juin 2020
Dépôt légal : juin 2020
Première édition
Recueil de nouvelles, 192 pages, catégorie / prix : 17,00 €
ISBN : 978-2-84337-943-7
Format : 14,0 x 20,4 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

33 juillet 2069. La montée des eaux a englouti les clubs du Cap d’Agde, les sextoys électroniques sont un vestige du passé et le mariage robosexuel est autorisé dans de nombreux pays. Mais ne paniquez pas ! Dans le futur, on fait toujours l’amour, et on se pose toujours mille questions sur la sexualité. Mais plus forcément les mêmes…Faut-il abolir la prostitution robotique en région PACA ? Quelle position adopter le premier soir quand vous êtes mascuminin et que votre jul•e•s est fémineutre ? Que faire si votre intelligence artificielle simule ses orgasmes ou que vous vous êtes fait hacker votre string connecté ? Où les animaux peuvent-ils regarder du bon porno ? Et au fait : voyager dans le temps permet-il vraiment de sauver son couple ?

Quelque part entre Black Mirror et Futurama, 2069, année érotique propose une série de nouvelles d’anticipation drôles et étonnantes, qui sont autant d’interrogations sur notre sexualité d’aujourd’hui. Un “Pink Mirror” qui vous révèle tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le futur du sexe, sans oser l’imaginer.

Josselin Bordat écrit pour la télévision, la radio, ou des humoristes comme Thomas VDB ou Monsieur Poulpe. Il est le créateur du podcast d’anticipation Rétro 2050, et l’auteur du roman Le_Zéro_et_le_Un.txt (Flammarion), sur l’intelligence artificielle.

Critiques

    2069 est un recueil qui prétend traiter la question de la sexualité et des relations amoureuses du futur, à partir des tendances que l’on observe déjà. On y trouve douze nouvelles de longueurs et de types variés, du voyage dans le temps au sexe spatial en passant par les sexbots. Disons-le tout de suite, ce n’est ni érotique, ni excitant, en dépit d’une couverture qui est de fait racoleuse. Malheureusement, ce n’est guère prospectif non plus, à moins d’être complètement déconnecté des avancées technologiques. Brève revue.

    Deux bons textes. « Chicago » est sans doute la plus science-fictive, la plus intéressante, et la plus émouvante, avec ses sexbots qui acquerront peut-être une conscience et la liberté qui va avec. « Le Bousier » est sans doute la plus tragiquement réussie, avec son personnage passant une vie à visiter toutes les formes de relations pour finalement mourir seul comme tout le monde ; la chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.

    Quelques autres émergent un peu. « One more time » imagine des thérapies de couple qui consistent à envoyer le dit couple revoir des moments clés de son passé. Boucle temporelle prévisible. « Conditions générale de Ventre » décrit un monde où PMA ou GPA sont augmentées d’amélioration des gamètes, ou permises même sans partenaire, grâce à des gamètes synthétiques. Jusqu’à la révélation finale. « Good Girl » est une digression sur une sous-catégorie porno du futur, dont il ne sort pas grand-chose une fois l’affaire comprise. « La Sonde » est une variation amusante sur le destin de Pioneer 10 et le paradoxe de Fermi.

    Le reste ? De la télé-réalité spatiale à Greta Thunberg in the Wild en passant par le hacking des slips connectés (qui, visiblement, ont captivé la presse hors Bifrost), les rêves érotiques sur abonnement, le délire genderfluid ou l’élection papale orgiaque qui offre un cliché si éculé (pardon !) que même Charlie Hebdo ne doit plus l’utiliser, l’ensemble n’est guère excitant, ni pour l’esprit, ni pour le corps.

    Paradoxalement, c’est lorsqu’il décrit les développements prévisibles de la société du spectacle ou les conséquences du changement climatique que, sans être brillant, l’auteur est le plus convaincant. Problème : ce n’était pas son thème, pas en tout cas celui qu’il nous a vendu.

    Globalement, mis à part sur les deux bons textes et un ou deux des quatre moyens, l’ennui est au rendez-vous et le sense of wonder proche de zéro. Ajoutons-y un argot branchouille qui fait parfois vieux et une volonté humoristique qui suscite la compassion. Enfin, les nouveaux genres, les nouvelles sexualités et préférences, font l’objet d’un traitement dont on ne sait jamais s’il est ironique, factuel, compatissant ou charmé. Par-delà la forme, ça fait donc peu d’idées nouvelles et peu de prises de position (désolé !), peu de fond à vrai dire.

    69 fut une année érotique. Josselin Bordat veut nous convaincre, avec son recueil 2069, que notre avenir le sera aussi. Mais n’est pas Gainsbourg qui veut. Post coïtum animal triste.

Éric JENTILE
Première parution : 1/10/2020 dans Bifrost 100
Mise en ligne le : 13/4/2024

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