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Les Sept morts d'Evelyn Hardcastle

Stuart TURTON

Titre original : The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle, 2018
Première parution : Raven Books, 8 février 2018   ISFDB
Traduction de Fabrice POINTEAU

UGE (Union Générale d'Éditions) - 10/18 (Paris, France), coll. 10/18 précédent dans la collection n° 5543 suivant dans la collection
Date de parution : 11 juin 2020
Dépôt légal : juin 2020
Réédition
Roman, 600 pages, catégorie / prix : 8b
ISBN : 978-2-264-06406-6
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

Prêt pour un plaisir de lecture comme vous n’en avez pas connu depuis longtemps ?
Mixez Agatha Christie, Downton Abbey et Un jour sans fin… Voici le roman le plus divertissant de l’année !

Ce soir à 23 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée.
Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ?
Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre. Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée. Celle de la mort d’Evelyn Hardcastle.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition SONATINE, (2023)

S'il est une première chose remarquable avec cette parution chez Sonatine, outre le très bel habillage de l'ouvrage, c'est le difficile équilibre obtenu dans la rédaction de la quatrième de couverture qui parvient à provoquer l'envie avec une très vague idée du contenu et sans (presque) rien en dévoiler. La seconde, ce sont les 540 pages d'un récit qui, justement, gagnent à n'être découvertes que lors de leur lecture. Aussi, donner une image du roman et le commenter en se contentant des premiers paragraphes est-il une gageure. Relevons-la.

Le roman s'ouvre au petit matin en compagnie du narrateur, perdu dans une épaisse forêt, amnésique, apparemment menacé par un assassin et témoin d'un meurtre. La forêt occupe un vaste domaine britannique avec au centre un château, gothique à souhait, dans lequel se déroule l'histoire. Les invités du château, une galerie de personnages qui n'a rien à envier à un roman d'Agatha Christie, s'éveillent et commencent à s'activer pour cette journée au temps maussade. Et dans quelques chapitres, il sera question de boucle temporelle...

Sans trahir davantage la suite du récit, on peut encore ajouter que Stuart Turton signe là un superbe premier roman, qui colle au plus près de ce narrateur qui va devoir percer le brouillard (au sens propre comme au figuré) pour tenter de comprendre qui il est, ce qui lui arrive et ce qui se trame autour de lui. Le style est épuré et le lecteur va suivre chaque pas et chaque pensée de Aiden Bishop (puisqu'il est nommé dans le résumé) ; ses interrogations, ses doutes, ses épreuves, et ses douleurs. Car celui-ci ne connaîtra pas de répit, passant de la panique à la persévérance, de l'abattement à la rébellion contre sa situation.

Difficile d'en dire plus sans en dévoiler davantage. Et donc, si vous n'avez pas lu le livre, vous êtes chaleureusement invité à cesser ici toute lecture. Vraiment. Car si l'on sait déjà qu'il sera question de répétition temporelle, les modalités en sont explicitées à la page 94 : Bishop revit ces vingt-quatre heures dans la peau d'un personnage différent à chaque fois. Le meurtre qui va avoir lieu est la raison de sa présence et il a devant lui huit jours, et donc huit personnalités différentes, pour découvrir le meurtrier.

Or, si l'une des limites du roman policier réside dans ses archétypes, depuis le vieux militaire jusqu'au jeune vaurien de bonne famille, en passant par la séductrice, la vieille chouette indiscrète ou le médecin débonnaire, invariants d'un bout à l'autre de l'histoire, Turton joue ici avec cela en modifiant intelligemment le comportement de Bishop au gré de ses incarnations. Que ce soit par ses capacités physiques ou sa façon de penser, chaque corps va peser sur sa progression d'une manière toute particulière. Et alimenter son questionnement sur sa propre vie. Car l'énigme, classique, se double d'un second questionnement, fantastique celui-ci : quel est ce lieu ? Comment et pourquoi Bishop est-il arrivé ici ? Qui était-il avec d'être amnésique et sensible à des sentiments qui sont en partie ceux de ses hôtes ?

L'enquête va s'avérer particulièrement retorse. On devinera bien un élément ou deux lorsque l'on est adepte du roman à énigme, mais cette journée cache beaucoup de mystères et l'écheveau des relations entre les personnages est particulièrement épais. Et s'il se trouve en deux ou trois occasions que l'on tique sur un horaire étrange, sur un événement qui semble incompatible avec une précédente version, l'ensemble est si précis et si bien ficelé que l'on fait grâce à l'auteur de ce détail et qu'on accepte volontiers l'erreur comme une étourderie personnelle. Qui plus est, Turton sait faire monter la tension jusqu'à un dénouement dont on dira seulement qu'il clôt de belle manière le récit, en démêlant tous les fils, en conservant l'atmosphère des lieux, sans apporter d'élément fantastique ou de science-fiction superflu.

Si vous êtes arrivé jusqu'ici sans avoir lu Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle, malgré les recommandations émises plus haut, réjouissez-vous : il y a encore beaucoup à découvrir sur ce livre qui interroge la mémoire, le jugement, la connaissance de soi ou encore la possibilité de la rédemption. Un roman impressionnant, au sens propre, tant il marque l'esprit et laisse un profond sentiment de mélancolie et un grand vide une fois la dernière page tournée.

David SOULAYROL
Première parution : 9/5/2023
nooSFere


Edition SONATINE, (2019)

[critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

 

    Angleterre, première moitié du XXe siècle. Un homme reprend conscience dans une forêt, sans savoir où il se trouve, ignorant qui il est. Il rejoint le manoir de Blackheath, demeure géorgienne jadis belle mais aujourd’hui délabrée, tout comme l’est la famille qui occupe, marquée par la tragédie. En effet, dix-neuf ans plus tôt, le jeune Thomas a été assassiné par le gardien du domaine, lequel a été pendu. Evelyn, sœur aînée de la victime et tenue pour responsable, s’est exilée à Paris. Afin de marquer son retour, ses parents ont organisé un bal masqué dont les invités sont ceux qui était présents la nuit du crime. Tout cela, le personnage en prend conscience au fil de ses incarnations. Car chaque jour, ou plutôt au fil des répétitions de la même journée, il endosse le corps et la personnalité d’un nouvel hôte, tout en gardant mémoire des informations collectées. Aiden Bishop, son identité d’origine, semble avoir provoqué cette situation. Il lui revient d’élucider la mort d’Evelyn qui, chaque soir, à onze heures, se tire une balle dans le ventre. Mais il s’agit bien d’un assassinat. Aiden dispose de huit vies pour résoudre l’énigme, sinon tout recommencera. Deux autres convives sont aussi piégés, des rivaux car un seul pourra s’échapper du manoir. Qu’en est-il du « médecin de la peste  », masqué et vêtu de noir, qui apparaît régulièrement pour informer Aiden ? Et qui est Anna, consciente des incarnations mais qui ne vit qu’une seule journée ?

    Le propre du récit policier classique, particulièrement du roman à énigme, est de suivre l’ordre linéaire du temps. La durée extérieure apparaît selon une relation d’ordre irréversible. Les événements sont liés à des moments qui se succèdent, l’un chassant l’autre et sans possibilité d’inverser la série. Le temps ne peut être renversé. Les Sept morts d’Evelyn Hardcastle bouleverse cette succession linéaire, et donc l’ordre causal qui y est attaché. Partant, l’enchaînement des faits dont dépend l’enquête classique s’en trouve affecté. Sans compter que les événements de la journée se répètent dans le désordre. De plus, en soumettant son personnage principal à un véritable carrousel d’incarnations, Stuart Turton remet en cause la fiabilité du narrateur, pourtant indissociable du roman policier classique, à quelques exceptions notables près, telle Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie. Ainsi Aiden doit-il faire avec les capacités physiques et mentales de ses différents hôtes, comme lord Cecil Ravencourt, dont l’esprit aiguisé est contrarié par son corps obèse qui l’empêche d’agir…

    L’auteur parvient à faire d’une évidence : « Nous ne pouvons pas élucider le meurtre de quelqu’un qui n’est pas mort » (p. 199), l’enjeu véritablement inédit d’un tour de force littéraire. Un roman magistral basé sur le principe de rétroception, d’ordinaire plutôt utilisé en science-fiction (Replay de Ken Grimwood, ou Les Quinze premières vies d’Harry August, de Claire North, par exemple).

    Une lecture indispensable, une passerelle entre les genres.

Xavier MAUMÉJEAN
Première parution : 1/10/2019
Bifrost 96
Mise en ligne le : 18/11/2023

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