Il existe de par la France des productions d’amateur qui passent souvent inaperçues du grand public et qui nous révèlent parfois des surprises agréables. Ainsi en est-il de ce petit recueil de Chistian Carpentier. Originaire du Var où il est enseignant, Christian Carpentier est un jeune auteur plein de talent et de promesses. Comme l’indique le titre de son recueil, Triade se compose de trois nouvelles fort intéressantes et servies par une écriture agréable et efficace.
La première, « La lettre », est un texte sur l’incommunicabilité et nous relate les pérégrinations d’une lettre qui passe entre plusieurs mains, mais dont le message reste à jamais perdu. Un texte plein de poésie et de sensibilité.
Avec « La prière », le registre est tout autre. L’auteur aborde cette fois une réflexion théologique. C’est l’histoire d’un moine excommunié de son ordre (sic) pour avoir osé contempler un crucifix et élever son regard, ce qui est contraire à l’idéal d’humilité de l’ordre. Seul face à lui-même, le moine exclu va pouvoir connaître une expérience mystique profonde, car il est bien connu que dans le silence et la solitude on n’entend plus que l’essentiel. Rien de tel pour être plus prés de Dieu. Comme on l’aura deviné, le récit est une quête de l’Absolu. Mais sous le capuchon du moine, ne serait-ce pas l’auteur qui se dissimule ?
Enfin, « L’étoile de sable », le dernier récit de cette triade, nous ramène dans le passé, pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans les sables du Sahara où s’affrontent les armées allemandes et britanniques. À travers le regard d’un soldat allemand agonisant, l’auteur se livre à une réflexion sur le non-sens de la guerre et sur le racisme. L’histoire se termine de manière paradoxale. Comme dans les deux textes précédents, on retrouve les deux thèmes qui caractérisent ce recueil, à savoir la solitude et l’incommunicabilité.
Christian Carpentier est un jeune auteur qui reste très peu connu du milieu spécialisé de la SF et du Fantastique, encore qu’il ait collaboré à Poivre Noir. Espérons qu’il ne restera pas dans l’ombre, car ses textes manifestent une maîtrise d’écriture et une originalité toute personnelle. Christian Carpentier se doit d’avoir de l’ambition car il possède un réel talent. Ce recueil en est la preuve.
Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/3/1988 dans Fiction 395
Mise en ligne le : 3/5/2023