« Tout, dans ce royaume vert incomparable, appartient au surnaturel : cette prodigieuse beauté d'une nature secrète, cette attraction irrésistible, cet arbre, ne voyez-vous pas ce qu'il a de fantastique et de mystérieux, dans sa volonté de vivre ? »
Abattu par la cupidité des hommes venus s'enrichir dans la forêt amazonienne, « L'Arbre-Dieu » gît depuis trente ans au milieu d'une clairière que nul n'ose plus approcher. Deux hommes vont néanmoins retourner à son chevet avant de plonger dans la selve profonde et dangereuse. L'un est jeune et ne sait rien de cet univers où l'entraîne son aîné, un chercheur persuadé qu'au plus profond de ce royaume invisible se cache une civilisation oubliée.
Comme les autres livres de La Montagne morte de la vie, ce cycle fantastique majeur qu'il inaugure, ce roman possède sa part d'étrangeté et de beauté, captivant l'esprit du lecteur par ses descriptions d'un univers originel où l'homme n'est qu'un intrus. Mais c'est aussi un parfait roman d'aventures mettant aux prises deux explorateurs qui ont le don de se tirer des périls pour aller au bout de leur enfer, rêvant d'un paradis qui n'est peut-être que dans leur esprit.
[texte du rabat de couverture]
Fils de Georges, Michel Bernanos est né en 1923 à Fressin dans le Pas-de-Calais. C'est encore enfant qu'il accompagne sa famille dans ses aventures brésiliennes, quand on croit possible d'y vivre loin des agitations du monde. Rattrapé par la guerre, il s'engage en 1942 dans les Forces Navales de la France Libre avant de participer au Débarquement de 1944. Aimanté par le Brésil où s'est forgé son imaginaire, il y retourne pour se lancer dans l'exploitation de l'hévéa, entreprise inaboutie, puis retourne en France où il essaie de vivre de sa plume.
Se liant avec Dominique de Roux, il collabore au premier numéro de L'Herne en 1961. Ses premiers textes, nouvelles, poèmes et romans policiers, paraissent sous le nom de Michel Talbert. Son roman initial, Le Murmure des Dieux, écrit en 1960, paraît à La Table Ronde en 1964 sous celui de Michel Drowin quelques jours avant son suicide. Ses deux dernières œuvres, qu'il souhaitait voir réunies, paraîtront de manière posthume : La Montagne Morte de la Vie, en 1967, chez Pauvert (réédité en 2017 à L'Arbre vengeur) et Ils ont déchiré Son image... en 1982 (au Castor astral, repris par L'Arbre vengeur dans le même volume). Achevé en 1961, L'Envers de l'Éperon n'a été publié qu'en 1983. Il a été réédité par nos soins en 2018.
L'ensemble des quatre livres constitue la tétralogie de La Montagne Morte de la vie. Ils représentent un projet romanesque qui n'a pas d'équivalent dans la littérature d'après-guerre.
« Le rêve, toujours le rêve, voilà bien chez l'homme le défaut de la cuirasse. On rêve d'aventures, et, dans l'aventure, on rêve de repos. Nos désirs n'ont point de limites. Le grand tort de l'homme, c'est de ne savoir être seul avec soi-même, de vouloir éviter le tête à tête en s'enfuyant dans le rêve. »