L'HOMME SANS NOM
(Montreuil, France), coll. Sci-fi Date de parution : 4 mars 2021 Dépôt légal : mars 2021, Achevé d'imprimer : février 2021 Première édition Recueil de nouvelles, 416 pages, catégorie / prix : 21.90 € ISBN : 978-2-918541-71-4 Format : 14,2 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Couverture à rabats. Carte de Célestopol : Olivier Sanfilippo ; illustration du blason : Marlène Blanchette ; illustration portrait auteur : Émile Denis.
1922
UNE ANNÉE FOLLE À CÉLESTOPOL !
Une année à la découverte des mirages et des merveilles de la cité sélène, joyau de l'âme slave arraché à la Terre, entre les mains d'un duc au destin défiant le cours du temps.
Une année où croiser dans ses rues Marie Curie, l'archiduc François-Ferdinand ou Howard Carter, mais aussi humbles ouvriers, voleur volubile ou automates au cœur de cuivre. Entre ruines lunaires à explorer, un championnat du monde d'échecs à préparer ou des complots à déjouer...
Les canaux ambrés de la ville n'ont pas fini de vous dévoiler ses secrets !
Emmanuel Chastellière nous invite à redécouvrir une ville bâtie sur la Lune dans l'ombre de Jules Verne, à l'aube d'une ère nouvelle délicieusement uchronique, à travers 13 histoires qui s'entrecroisent dans un véritable chassé-croisé étourdissant.
1 - Toungouska, pages 9 à 34, nouvelle 2 - Mon rossignol, pages 35 à 68, nouvelle 3 - Sur la glace, pages 69 à 92, nouvelle 4 - Memento Mori, pages 93 à 111, nouvelle 5 - Une nuit à l'opéra Romanova, pages 113 à 162, nouvelle 6 - Le Correcteur de fortune, pages 163 à 184, nouvelle 7 - Katarzyna, pages 185 à 214, nouvelle 8 - Le Revers de la médaille, pages 215 à 236, nouvelle 9 - Un visage dans la cendre, pages 237 à 264, nouvelle 10 - La Malédiction du pharaon, pages 265 à 295, nouvelle 11 - Paint Pastel Princess, pages 297 à 330, nouvelle 12 - La Fille de l'hiver, pages 331 à 399, nouvelle 13 - Danser avec le chaos, pages 401 à 414, nouvelle 14 - Remerciements, pages 415 à 415, notes
Critiques
Quatre ans après un premier recueil au titre identique ou presque (Célestopol, chroniqué dans Bifrost 88), et chez un nouvel éditeur, Emmanuel Chastellière revient à son univers fétiche, celui de ladite Célestopol, cité lunaire sous dôme fondée au milieu du xixe siècle par l’empire russe, mais dont son dirigeant, le Duc Nikolaï, a arraché l’indépendance à son impératrice de mère grâce à la découverte d’une nouvelle source d’énergie, le Sélénium. Comme son nom l’indique, ce second fix-up de treize nouvelles se déroule de janvier 1922 à janvier 1923, un intervalle temporel bien plus resserré que dans son prédécesseur. On peut, au passage, sans aucun problème lire Célestopol 1922 sans avoir lu ce dernier, dont on retrouve par ailleurs quelques personnages.
Les nouvelles sont semi-indépendantes, puisque si chacune d’elles forme une histoire à part entière (permettant aux néophytes de découvrir peu à peu l’univers uchronique et rétrofuturiste de Célestopol), les protagonistes, lieux ou événements des unes, peuvent se retrouver, en tant que personnages secondaires, ou même simplement entraperçus ou mentionnés, dans les autres. Si l’ensemble navigue entre le merveilleux scientifique à la Jules Verne et un steampunk où le Sélénium remplace la vapeur, certains textes sont dans une veine SF plus classique, et plusieurs semblent établir que la magie et les êtres mythiques coexistent avec la science – le dernier relevant carrément du volet onirique de l’œuvre de… Lovecraft ! Tout ceci aurait pu s’effondrer sous le poids de ses contradictions, et pourtant il n’en est rien. Chose rare dans pareils recueils, il n’y a pas vraiment de texte plus faible ou dispensable que les autres, à part peut-être celui sur Howard Carter (un des nombreux personnages – ou événements – historiques qui apparaissent ou sont mentionnés), qu’une fin poignante met toutefois au même niveau que les autres. Si l’on devait en retenir plus particulièrement certains, on choisirait « Katarzyna » (à l’excellente chute), ainsi que les trois derniers.
Comme à son habitude, Chastellière mêle à sa littérature d’évasion des thèmes sociétaux, certains récits étant engagés sans être agressivement militants, abordant la condition ouvrière, la mécanisation mangeuse d’em-
plois, l’homophobie, le nationalisme, l’antisémitisme, l’émancipation de la femme ou les droits des intelligences artificielles, dans une veine proche d’Ekaterina Sedia dans L’Alchimie dela pierre(cf. Bifrost n°86), ou, dans sa dimension « une utopie technologique peut se doubler d’une contre-utopie sociétale », de David Marusek dans L’Enfance attribuée(cf. Bifrost 16 et 96). Il ne ménage pas ses personnages, la fin heureuse étant clairement l’exception, mais nous offre, ce faisant, de très beaux moments d’émotion et d’humanité.
Célestopol 1922 est un recueil maîtrisé, poignant, surprenant et passionnant du début à la fin, et confirme le statut d’auteur à suivre d’Emmanuel Chastellière.