Le VISAGE VERT
(Cadillon, France) Date de parution : 15 janvier 2021 Achevé d'imprimer : novembre 2020 Première édition Ouvrage universitaire, 504 pages, catégorie / prix : 30 € ISBN : 978-2-918061-45-8 Format : 15,5 x 24,0 cm✅ Genre : Fantastique
Actes du Colloque de Cerisy.
Quatrième de couverture
Monument permanent de notre horizon culturel, premier poète national américain selon Nabokov, Edgar Allan Poe (1809-1849), de son vivant souvent méprisé, est devenu en près de deux siècles une figure tutélaire pérenne du monde des arts et des lettres. Comme l’attestent les innombrables rééditions de son œuvre, ainsi que les reprises, réécritures ou hommages discrets, littéraires, cinématographiques ou autres (musique, bande dessinée, culture numérique), l’influence de Poe est considérable. Le phénomène n’est pas nouveau : on sait quel fut en France son ascendant sur les poètes symbolistes et modernistes, les surréalistes ainsi que le cinéma d’avant-garde. Et comment ne pas songer aux célèbres relectures de « La Lettre volée» par Lacan et Derrida ? Si l’on ajoute à cette liste ceux qui aiment à voir en Poe l’inventeur de la science-fiction, du récit policier et du gothique intériorisé, alors force est de constater que nul n’est à l’abri de l’influence poesque.
De nos jours, le fantôme d’Edgar Poe semble incarner toutes nos hantises et nos obsessions. Il constitue surtout un formidable réservoir de potentialités créatrices. C’est la raison pour laquelle les auteurs de cet ouvrage ont choisi de s’intéresser aux modalités de sa persistance au XXIe siècle, par-delà les frontières artistiques, nationales et linguistiques.
1 - Jocelyn DUPONT & Gilles MÉNÉGALDO, Introduction, pages 13 à 27, introduction 2 - Lauric GUILLAUD, Edgar Allan Poe, personnage de fiction populaire, ou une vie d'outre-tombe, pages 29 à 54, article universitaire 3 - Jérôme DUTEL, La « Chute de la maison Usher » en quelques images ? Aubrey Beardsley, Richard Corben, Jan Svankmajer, pages 55 à 79, article universitaire 4 - Élodie CHAZALON, Po(e)pulaire : le « phénomène Poe » dans la culture 2.0, pages 81 à 97, article universitaire 5 - Dennis TREDY, « Infidélité » ou « Post-Adaptation » ? Le cycle actuel d'adaptations filmiques et télévisuelles des œuvres d'Edgar Poe, pages 99 à 116, article universitaire 6 - Isabelle LABROUILLÈRE, La Chute de la maison Usher de Jean Epstein comme laboratoire esthétique : de la mise au tombeau pictural au trouble de l'image filmique, pages 119 à 141, article universitaire 7 - Gilles MÉNÉGALDO, Poe au prisme hollywoodien : de D. W. Griffith à Roger Corman, pages 143 à 165, article universitaire 8 - Benoït TADIÉ, Autour du Chat noir : Poe, Ulmer, Ruric, pages 167 à 177, article universitaire 9 - Pierre JAILLOUX, Le Business de l'horreur (Le Chat noir, Dario Argento, 1990), pages 179 à 194, article universitaire 10 - Florent CHRISTOL, « Hop-Frog »(1849), fiction matricielle du film d'horreur américain des années 1970-1980 ?, pages 195 à 215, article universitaire 11 - Christophe CHAMBOST, Usher 2000, ou comment adapter « The Fall of the House of usher » au XXIe siècle, pages 217 à 244, article universitaire 12 - Jocelyn DUPONT, Variations odontologiques de « Bérénice » à Twixt, pages 245 à 261, article universitaire 13 - Henri JUSTIN, Poe dans ses contes : personnage clandestin, présence cryptée, pages 265 à 280, article universitaire 14 - Camille FORT, La Verve et le verbe : les contes comiques de Poe et leurs traducteurs, pages 281 à 297, article universitaire 15 - Nathalie SOLOMON, Poe lu par Jules Verne. A propos de l'article du Musée des familles (avril 1864), pages 299 à 312, article universitaire 16 - Françoise SAMMARCELLI, Crises intertextuelles et transpo(e)sitions : Poe et la littérature américaine, pages 313 à 334, article universitaire 17 - Sophie MANTRANT, Envahissante Ligeia : « Nor unto Death Utterly by Edmund Bertrand »(Mark Samules, 2009), pages 335 à 348, article universitaire 18 - Pénélope LAURENT, « Drôles de crimes en Amérique Latine », pages 349 à 365, article universitaire 19 - Isabelle LIMOUSIN, Edgar Allan Poe, l'art contemporain et son exposition, pages 369 à 380, article universitaire 20 - Maryse PETIT, Entrer dans l'esprit : profils de Poe, pages 381 à 398, article universitaire 21 - Guillaume LABRUDE, Batman : Nevermore. De l'évhémérisme fonctionnel au retournement d'inspiration, pages 399 à 413, article universitaire 22 - Christian CHELEBOURG, Le Chat et la souris. Tim Burton ou Edgar Poe dans le disneyverse, pages 415 à 428, article universitaire 23 - Chloé HUVET, « Le Masque de la Mort rouge » comme matrice compositionnelle : de la nouvelle d'Edgar Allan Poe (1842) au Conte fantastique d'André Caplet (1923), pages 429 à 457, article universitaire 24 - Éric LYSØE, C'est triste à faire pleurer les pierres... Debussy et La Chute de la maison Usher, pages 459 à 486, article universitaire 25 - (non mentionné), Bibliographie sélective, pages 487 à 490, bibliographie 26 - (non mentionné), Index, pages 491 à 496, index 27 - (non mentionné), Notices sur les auteurs, pages 497 à 501, dictionnaire d'auteurs 28 - (non mentionné), Les Colloques Cerisy, page 502, bibliographie
Critiques
Ce livre recueille les communications qui ont été données, en 2017, lors d’une session des colloques du Centre culturel international de Cerisy consacrée à la destinée des œuvres et de la figure d’Edgar Allan Poe dans la littérature et la culture occidentales du xxie siècle. Il étudie les raisons de l’importance de l’œuvre de Poe et les modalités de sa persistance de nos jours, à travers les champs artistiques et culturels les plus divers (musique, cinéma, BD, art contemporain…).
Après une introduction claire qui contextualise le phénomène Poe dans notre vie aujourd’hui, faisant la part entre ce qui est significatif culturellement et l’écume de références faciles et vides de sens, tout en inscrivant l’ouvrage lui-même dans une tradition critique dont les plus célèbres représentants sont Lacan et Derrida, l’ouvrage se décompose en quatre parties, regroupant une vingtaine d’études : Sphères d’influence, Poe à l’écran, Lettres de Poe, Disséminations et résonances.
La première partie analyse, entre autres, la façon dont Poe est devenu une icône dans la culture populaire, contribuant à l’avènement de nouvelles expressions artistiques comme le cinéma ou la BD ou bien encore irriguant les nouvelles technologies, le web en premier lieu. Il y est aussi question des cycles des adaptations et de la sensible reviviscence au xxi e siècle des œuvres de Poe. La deuxième partie se consacre aux adaptations cinématographiques, plus ou moins libres, de l’œuvre de Poe, de l’avant-gardiste Jean Epstein qui sonde ce qui est montrable ou non du fantastique de l’auteur américain, aux adaptations aussi bien hollywoodiennes (jusqu’aux influences sur Del Toro ou Coppola) qu’à petit budget, du film grand public à celui d’horreur et confidentiel. Le troisième chapitre, quant à lui, a une portée plus littéraire : il s’intéresse à la façon dont Poe habite ses propres textes par l’onomastique, les problèmes qu’il donne à ses traducteurs, les questions qu’il pose à ses exégètes écrivains, comme Jules Verne, son influence sur la littérature américaine (Danielewski, Daniels) et sud-américaine (Borges, Quiroga, Caicedo). Enfin, la dernière section explore d’autres formes, intermédiales, de l’héritage poesque dans l’art contemporain : expositions (comme celle passionnante de 2004 consacrée à la « Lettre volée »), séries télévisuelles (fictions noires contemporaines comme Profiler), comics (ce que lui doit Batman), univers fantasmagorique de Tim Burton, musique (André Caplet et Claude Debussy).
Nombre d’articles sont accompagnés d’une bibliographie synthétique ayant trait à leur sujet. En fin de livre, une bibliographie générale choisie oriente le lecteur vers les ouvrages de référence consacré à Poe ; un index, précis sans être touffu, des passages de Poe étudiés, des noms mentionnés et des thèmes abordés permet d’opérer facilement ses recherches et déplacements dans le volume.
Si les analyses sont parfois pointues, comme c’est de rigueur dans un ouvrage scientifique (par exemple, seuls des musicologues aguerris pourront sans doute profiter pleinement de certaines communications de la dernière section), cet ouvrage n’en reste pas moins formidablement apéritif pour un esprit curieux de Poe, certes, mais aussi de tout le monde qui gravite autour de lui, notre monde qui ne cesse de s’en nourrir. Passionnant.