La Terre n’est plus qu’un champ de ruines dépeuplé et toxique Ses habitants l’ont quittée depuis longtemps pour s’établir dans le système solaire. Leur survie repose sur les ressources que les chronmen, des voyageurs du temps, vont régulièrement chercher dans le passé.
James est l’un d’eux : désabusé, abîmé par chaque voyage, il n’est plus que l’ombre de lui même. Si ce n’était son talent et son expérience inégalée, ses supérieurs l’auraient mis dehors depuis longtemps. C’est pourtant lui qui est choisi pour exécuter une mission cruciale : effectuer une récupération sur la plateforme Nutris, juste avant l’explosion qui va ravager la Terre. James a peu de chance de réussir, mais s’il y parvient, il obtiendra une confortable retraite et pourra passer son temps à se soûler, seul, en ruminant le passé, son loisir préféré.
James accepte, mais sa rencontre avec Élise, une biologiste de génie qu’il sait condamnée, va changer la donne. Incapable de la laisser derrière lui, il brise la première et plus importante des Lois temporelles en ramenant la jeune femme dans son présent.
Désormais fugitifs, James et Élise vont découvrir que la Terre n'est peut-être pas condamnée...
Né à Taipei, Wesley Chu est un auteur de science-fiction de premier plan aux États-Unis, où son dernier roman s'est classé numéro 1 sur l'incontournable liste des best-sellers du New York Times. Les droits audiovisuels de Time Salvager sont en cours d'adaptation par Michael Bay.
Critiques
Au XXVIe siècle, l’humanité a beau avoir colonisé la majeure partie du Système solaire, il lui faut faire face à un inexorable déclin la conduisant à moyen terme vers l’extinction pure et simple. La Terre, en particulier, est dans un état désastreux, une « abomination toxique » où survit tant bien que mal la majorité de la population dans les ruines laissées par les guerres des siècles précédents, tandis qu’une minorité de privilégiés bénéficie du confort de zones urbaines sécurisées. Malgré son état lamentable, la Terre joue néanmoins un rôle essentiel puisque c’est de là que s’élancent vers le passé les Chronmen, les voyageurs temporels chargés de prélever dans les époques antérieures tout ce dont manque la société actuelle, à commencer par ses sources d’énergie. Un métier dangereux où l’on ne fait généralement pas de vieux os, tant en raison du profil psychologique de ces agents que des missions qu’on leur confie, lesquelles devront être menées à bien sans enfreindre les Lois Temporelles. C’est pourtant ce que fait le meilleur d’entre eux, James Griffin-Mars, lorsqu’il ramène avec lui, sur un coup de tête, une femme du XXIe siècle condamnée à une mort certaine. Ensemble, ils vont devoir échapper aux autorités lancées à leurs trousses tout en mettant à jour un complot concernant l’avenir de l’espèce humaine.
Premier tome d’une trilogie dont on attend la conclusion depuis 2016, Time Salvager est le genre de roman qu’on lit jusqu’au bout tout en grinçant des dents. Qu’il s’agisse du style, des personnages ou des dialogues, Wesley Chu accumule les clichés à longueur de pages. L’idée de cette humanité future n’ayant d’autre solution que de piller son propre passé pour assurer sa survie est certes intéressante, mais tout cela reste trop superficiel et n’offre qu’un décor vaguement original aux multiples scènes d’action et autres courses-poursuites qui parsèment le récit. Le romancier, en faiseur opportuniste, semble moins s’adresser à son lectorat qu’aux producteurs de blockbusters hollywoodiens tant Time Salvager se plie avec complaisance à tous les critères du genre. Un projet d’adaptation a d’ailleurs été un temps d’actualité, avec Michael Bay aux commandes, lequel, reconnaissons-le sans mal, aurait été parfaitement à sa place pour transposer à l’écran ce show pyrotechnique aussi spectaculaire que vain.
Comme son héros, Wesley Chu se contente de piocher dans l’histoire de la science-fiction (cinématographique plus que littéraire) de quoi bricoler son roman, sans jamais parvenir à offrir quoi que ce soit de neuf ou d’enthousiasmant, sur la forme comme sur le fond. S’il s’agit là de l’avenir de la SF, mieux vaut la déclarer morte tout de suite.