YNNIS
(Paris, France), coll. Romans Date de parution : 12 mai 2021 Dépôt légal : mai 2021 Première édition Recueil de romans, 288 pages, catégorie / prix : 14,95 € ISBN : 978-2-37697-119-1 Format : 14,3 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Illustration : grandfailure.
Quatrième de couverture
LE ROMAN FONDATEUR DU MYTHE POUR
LA TOUTE PREMIÈRE FOIS EN FRANCE !
L'histoire qui a créé la légende, à l'origine des premiers films Godzilla (1954) et Le Retour de Godzilla (1955), puis qui en a inspiré tant d'autres !
GODZILLA
Alors que l’Eikô Maru s’apprête à rentrer à bon port, une lumière aveuglante apparaît sous l’eau et le bateau fait inexplicablement naufrage. Dès lors, toute tentative de secours est vouée à l’échec. Sur la petite île d’Ôto, les habitants cherchent la cause de l’événement désespérément, tandis que des bruits de pas assourdissants se font entendre au loin... Une menace ancienne et titanesque fait alors surface, délogée par les essais nucléaires ayant cours en pleine mer : une créature mythique que les locaux ont surnommée « Godzilla ». Une course contre la montre s’engage pour sauver Tokyo...
Dans cette fable née au cœur d’un Japon meurtri par la bombe, Shigeru Kayama raconte, à travers le prisme du monstre, le traumatisme de Hiroshima et Nagasaki dans un puissant pamphlet antinucléaire où le statut de Godzilla oscille toujours entre celui de bourreau et de victime. Un cri d’alarme, une alerte lancée jadis qui fait écho à notre siècle toujours sur la brèche.
1 - Mot de l'auteur, pages 7 à 7, notes, trad. Sarah BOIVINEAU 2 - Godzilla ou « Godzilla : chapitre de Tokyo » (Godzilla, 1955), pages 9 à 170, roman, trad. Sarah BOIVINEAU 3 - Le Retour de Godzilla, pages 173 à 281, roman, trad. Yacine YOUHAT
Critiques
[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]
Tout le monde connaît Godzilla, la créature issue des fonds sous-marins, qui détruit sur son passage. Beaucoup de monde connaît Godzilla, les films, qu’il s’agisse de la version originale japonaise de 1954 (ou du remontage américain de celle-ci) et de ses innombrables suites, ou des remakes américains récents, plus ou moins réussis. Mais peu de gens connaissent le roman d’origine, signé Shigeru Kayama, et pour cause : il était resté inédit en langue française jusqu’à ce que les éditions Ynnis décident de le publier en cette année 20021. Le lectorat français se voit donc proposer un livre fondateur ; il convient toutefois de noter qu’il n’y a pas eu d’abord le roman, puis son adaptation au cinéma. Tout a commencé par une idée du producteur Tomoyuki Tanaka, qui a imaginé l’histoire du « Monstre géant venu de 20 000 lieues sous les mers » comme base d’un film pour la Toho. Il demanda alors à Shigeru Kayama de rédiger un roman, que devaient ensuite adapter Ishirô Honda, le réalisateur du film, et Takeo Murata. Livre et film sont donc intriqués, sans que le premier soit la novélisation du deuxième ou le deuxième une simple adaptation d’un matériau préexistant. De fait, les différences entre les deux sont relativement minimes, même si Kayama a davantage de place pour travailler ses personnages, et notamment Sinkichi, le « héros », qui se voit fusionné dans le film avec un protagoniste plus secondaire du roman. Autre ajout intéressant à signaler, la création par Kayama de l’organisation tokyoïte de soutien à Godzilla : le professeur Yamane, qui déjà dans le film ne souhaite pas qu’on tue le monstre pour pouvoir l’étudier et mettre à profit sa fascinante résistance à la radioactivité, va encore plus loin dans le roman, en organisant une propagande visant à retourner l’opinion publique sur le devenir de la créature. Le roman est en revanche parfaitement en phase avec le propos global du film, en s’inscrivant ouvertement contre l’utilisation de l’arme atomique sur Hiroshima et Nagasaki, et les essais nucléaires qui perdurent en 1954. Cette position anti-prolifération culmine, comme dans le film, dans la scène finale, où, après avoir tué Godzilla, le docteur Serizawa se suicide pour que son arme ultime, le Destructeur d’oxygène, ne passe pas aux mains de personnes malintentionnées.
La lecture de ce roman prolonge ainsi l’expérience du film, en l’enrichissant de diverses manières ; on la conseillera donc, tout en signalant que tout cela est parfois empreint de naïveté, à l’image des descriptions sonores, puisqu’ici les vaches font « meuh meuh », les oiseaux « cui cui », les mitraillettes « tacatac » et les voitures de pompiers « hou, hou, hou »… À noter que ce livre propose également le roman à l’origine du deuxième film de la série, Le retour de Godzilla (eh oui, il n’était pas vraiment mort), nettement plus court que le premier, presque un simple scénario, et également moins convaincant. Et si l’on veut être totalement exhaustif sur Godzilla, on pourra avec grand profit compléter par la lecture de cette bible qu’est Kaiju, envahisseurs & apocalypse. L’âge d’or de la science-fiction japonaisede Fabien Mauro (Aardvark).