En partant du monde tel qu'il se présente aujourd’hui, un engrenage inexorable et irréversible pourrait-il mener d’étape en étape à une guerre atomique généralisée ? A cette question, Stéphane Jourat répond par un roman qu’on peut à peine qualifier « d’anticipation » et qu'il est bien difficile de lire en conservant son sang-froid.
     En avril 1971, les troupes américaines ont évacué le Viêt-Nam, invaincues, mais sans gloire. Des émeutes raciales, conduites par des anciens combattants noirs, donnent lieu à de terribles répressions où les armes chimiques et biologiques sont utilisées. L’arrêt des combats et l’annulation des marchés de guerre précipitent la récession économique qui se transforme en dépression mondiale. Les élections présidentielles de 1972 sont précédées par une campagne de violences où toutes les factions de droite s’unissent contre les libéraux, avec l'aide des militaires extrémistes. A peine élu, le nouveau président est assassiné, et le nouveau vice-président, le général Klinger, ancien commandant en chef des forces américaines au Viêt-Nam, prend le pouvoir. Il fait aussitôt arrêter les principaux leaders libéraux et expulse l’O.N.U. du territoire américain.
     Cependant la guerre civile éclate en Grèce, entre partisans et adversaires du régime des colonels. Le général Klinger envoie des contingents des Special forces dans les Balkans et accuse l’U.R.S.S. d'y entretenir des maquis communistes. Ainsi de dégradation en dégradation, par touches successives — dont aucune isolément ne paraît invraisemblable — l’apocalypse atomique devient réalité...
     A sa connaissance profonde des réalités politiques, américaines particulièrement, Stéphane Jourat joint dans ce livre effrayant un sens du récit qui en fait une œuvre littéraire au sens élevé du mot.