Tcholko, jeune guerrier barbare des steppes sibériennes, et Arthéa, prêtresse de la Lune dans la lointaine Atlantis, sont originaires de deux mondes que tout sépare. Mais, à la suite d'un grave accident, leurs destins vont se rejoindre et les pousser à mettre en commun le meilleur de leurs deux cultures. Désormais, deux objectifs vitaux les rassemblent : survivre dans le désert glacé de Sibérie et atteindre Séphren, la capitale atlante. Arthéa doit à tout prix arriver à temps pour prévenir la reine qu'un gigantesque complot menace la paix d'Atlantis. L'alliance contre-nature de la technologie atlante et de la magie barbare sera-t-elle de taille face aux forces du dieu Soleil ?
Pierre Bordage
Né en 1955, cet extraordinaire auteur a su conquérir les faveurs du grand public avec ses épopées mythologiques, métaphysiques et profondément humanistes (le cycle des Guerriers du silence, Wang...) pour lesquels il a reçu les plus prestigieuses distinctions francophones. Atlantis, conçu initialement comme complément d'un jeu vidéo, est une œuvre à part entière où son talent s'impose une nouvelle fois.
Ce n'est pas la première fois que J'ai Lu flirte avec le multimedia. Que l'on se souvienne du Livre d'Atrus et du Livre de Ti'Ana, spin-off de Myst des frères Miller (diffusé par Ubisoft), et de La troisième force de Marc Laidlaw ayant pour cadre les délires steampunk du graphiste japonais Haruhiko Shono (Gadget, diffusé par Cryo).
Cette fois, l'univers 3-D de départ est français (scénario de Johann Robson pour Cryo). Dès son lancement en juin 1997, Atlantis est un succès. Passant la vitesse supérieure, Cryo décide de le sortir au printemps 98 sur DVD-Rom et s'associe pour l'occasion à J'Ai Lu, qui demande à Pierre Bordage d'écrire un roman se passant dans l'univers du jeu 1. Les délais sont courts, mais Bordage relève le défi : « Se glisser dans l'univers d'autrui ressemble fort à une effraction, explique-t-il dans le dossier de presse, surtout quand cet univers est lui-même la déclinaison d'un mythe initié par le grand Platon. (Mais ...) l'univers des images est suffisamment généreux et interactif pour permettre aux mots de s'y faire une petite place et de s'y épanouir en toute in(ter)dépendance ». D'autant plus que Bordage ne novélise absolument pas le jeu : explorant l'envers du décor d'Atlantis, il en donne un autre éclairage.
L'étonnant, dans toute cette aventure, c'est que bien qu'étant une œuvre de commande située dans un univers prêté par d'autres créateurs, Les fils du rayon d'or reste un roman très bordagien, tant thématiquement (l'importance des mythes et des légendes, l'opposition dynamique entre deux mondes, la préférence accordée à l'esprit des peuples plutôt qu'à leurs réalisations 2) que structurellement (l'équilibre subtil entre improvisation des péripéties et rigueur de la trajectoire narrative) et stylistiquement (le roman est porté par un souffle quasiment hugolien ... d'où certaines longueurs : Pierre Bordage est tellement à l'aise dans les steppes sibériennes en compagnie de son guerrier tunguz qu'il tarde vraiment à rejoindre Atlantis !).
Notes :
1. Le roman est aussi disponible sur le Net à l'adresse www.00h00.com 2. Bordage a plus une sensibilité d'écrivain de fantasy, que de science-fiction.
Denis GUIOT Première parution : 1/6/1998 dans Galaxies 9 Mise en ligne le : 1/9/2000