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L'Eau dort - première partie

Glen COOK

Titre original : Water Sleeps, 1999
Première parution : Tor, 1999 (roman coupé en deux pour l'édition française)   ISFDB
Cycle : La Compagnie Noire  vol. 9a 

Traduction de Frank REICHERT
Illustration de Slava GERJ

J'AI LU (Paris, France), coll. Fantasy (2007 - ) précédent dans la collection n° 9196 suivant dans la collection
Achevé d'imprimer : 15 janvier 2020
Réédition
Roman, 352 pages, catégorie / prix : 7,80 €
ISBN : 978-2-290-02285-6
Format : 11,1 x 17,7 cm
Genre : Fantasy

Autres éditions

Sous le titre L'Eau dort - 1   L'ATALANTE, 2005, 2006
Sous le titre L'Eau dort - première partie
   J'AI LU, 2010

Quatrième de couverture
Réduite à une poignée d'hommes, la Compagnie se terre dans l'ombre...
Les survivants du désastre se retrouvent à Taglios et entreprennent de libérer ceux d'entre eux qui sont encore coincés dans la plaine étincelante, maintenus dans un état de stase par Millevoix. Une terrible révélation les attend à leur arrivée : une conflagration magique d'envergure les laisse entrevoir la trame même du monde ainsi qu'une partie de l'histoire de la Compagnie. Les mercenaires ne sont pas au bout de leurs surprises !
 
GLEN COOK
Aussi à l'aise dans la science-fiction (Le dragon ne dort jamais) que dans le mélange atypique des genres (Garrett, détective privé), il a fait subir le même sort à la fantasy que Sergio Leone au western en publiant Les annales de la Compagnie noire, dont voici le dixième opus.
 
« Glen Cook, après neuf volumes, a encore des choses à dire, et il reste des recoins à explorer dans l'univers de la Compagnie noire... Une série à découvrir absolument. »
ActuSF
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition L'ATALANTE, La Dentelle du Cygne (2005)

     « Le non-dit, affirmait Michelet, est le principal objet de l'Histoire ». Pourquoi ? Parce que même si vous avez la chance de tomber sur une chronique relatant la période dont vous vous occupez, vous n'y trouverez pas le récit de tout ce qu'elle recèle d'évidences (toutes ces choses qui vont sans dire, parce qu'on les juge triviales et intemporelles), d'indicible (tout ce que l'on ne peut pas dire, soit parce que l'on ne dispose pas des concepts nécessaires pour se l'approprier, soit parce que la conscience recule devant certains aspects du Réel) et de secrets (tout ce qui ne se dit pas, soit par honte, soit par pudeur, soit parce que cela pourrait constituer un avantage démesuré pour l'adversaire, si les annales tombaient entre ses mains). De sorte que pour comprendre cette hypothétique chronique des temps anciens, l'historien doit toujours, n'en déplaise aux positivistes, interpréter, spéculer, lire entre les lignes.

     Pourquoi commencer ainsi la critique d'un roman de fantasy ? Parce que L'eau dort, à l'instar des autres tomes de la Compagnie Noire, se présente précisément comme une chronique, tenue par l'un des membres de la Compagnie — en l'occurrence Roupille, une jeune femme propulsée à cette tâche par le sort de Murgen, le précédent annaliste. Et parce que cette question du non-dit se pose autant à elle, qui s'efforce de décrypter les chroniques antérieures pour y trouver les clefs des énigmes auxquelles ses compagnons ont à faire face, qu'au lecteur, qui doit souvent, lui aussi, lire entre les lignes et compléter le texte d'un effort d'imagination pour véritablement comprendre de quoi il est question.

     L'histoire en elle-même se situe une quinzaine d'années après le précédent volume du cycle de la Pierre scintillante, Elle est les ténèbres. L'essentiel de la Compagnie noire s'est retrouvé enseveli derrière la Porte d'Ombre, au point que Volesprit, la Protectrice de Taglios, l'a déclarée disparue, malgré les messages énigmatiques qui apparaissent parfois sur les murs, malgré les manifestations de fumée intempestives et la peur des petites gens. Et, de fait, nous sommes bien loin de la Compagnie Franche des précédents volumes de la saga. Privée de ses chefs, coupée de ses érudits, réduite à quelques rares survivants, la Compagnie se terre dans l'ombre et doit user de tous les stratagèmes et de tout son art du déguisement pour recueillir les informations nécessaires à son grand Projet : libérer les siens. Tout en cherchant, paradoxalement, à faire savoir qu'elle n'est pas morte, qu'elle attend son heure, et que les traîtres ne s'en tireront pas à si bon compte.

     Pas de grandes scènes de batailles, donc, pas de guerres épiques où les protagonistes se trucident à grands coups d'épée ou de sortilèges, pas de princesse à délivrer ni de preux chevalier en armure étincelante, mais une lutte souterraine, glauque, parfois sordide, qui semble perdue d'avance, menée par des personnages dont la moralité avoisine celle d'un chat de gouttière... Cette eau qui dort n'a pas la pureté d'un lac glaciaire, mais plutôt la viscosité et les remugles d'un marécage sordide. Une ambiance dont Glen Cook fait ses délices et qu'il accroît encore grâce au genre de la chronique, qui lui permet de ne pas dire, sans que cela semble constituer une lacune de la narration, tout ce qui pourrait permettre d'en éclaircir le cours.

     Toutefois, cette originalité, qui fait toute la qualité du cycle, en constitue aussi sans doute la principale faiblesse. On a du mal, parfois, à entrer vraiment dans l'histoire, et à s'intéresser aux tribulations de ces combattants de l'ombre, à leurs rancœurs et à leurs querelles intestines. On a hâte de voir les événements s'emballer, envie d'en savoir plus sur Tobo, le fils de Sahra et Murgen, qui fait trop souvent l'objet d'allusions anodines pour que cela soit tout à fait innocent, envie de comprendre pourquoi Murgen, seul parmi les Captifs, peut être invoqué de derrière la Porte d'Ombre, envie, enfin, de connaître l'identité du corbeau blanc, si ce n'est pas la forme qu'il adopte pour voyager en esprit. La seule consolation en la matière étant que Roupille et les autres semblent en savoir encore infiniment moins que nous.

     Un roman original, donc, puisqu'il met le lecteur dans une position d'égalité avec la narratrice, qui n'a, comme lui, que le secours des chroniques précédentes pour comprendre les tenants et les aboutissants de la situation. Mais qui présente également tous les inconvénients du récit subjectif, à la première personne, qui tend à s'appesantir sur les aspects relationnels et à laisser dans le non-dit de la chronique ce qui mériterait d'être explicité.

Nathalie LABROUSSE (lui écrire)
Première parution : 17/2/2005
nooSFere

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