TRIPTYQUE
(Montréal (Québec) , Canada), coll. Satellite Date de parution : 9 février 2022 Dépôt légal : 1er trimestre 2022, Achevé d'imprimer : janvier 2022 Première édition Recueil de nouvelles, 234 pages, catégorie / prix : 26,95 $ CA ISBN : 978-2-89801-161-0 Format : 14,0 x 20,3 cm✅ Genre : Science-Fiction
Recueil sans équivalent en langue anglaise. Couverture : "This is Fine" de Ninja Joe (Katerina Belikova).
Quatrième de couverture
La vibration augmente d’un cran, assez pour agiter la table et faire sursauter un barista qui passait à proximité. Puis l’écran de l’ordi commence à bouillonner. Je cligne des yeux, me dis que ça doit être une hallucination causée par la chaleur. L’écran se met à bomber vers le haut, à ressembler à une enflure convexe, et les lignes de code déformées s’illuminent d’une lueur bleu clair. C’est peut-être une bombe. Peut-être que la fille a décidé de bombarder le café parce qu’il se prétend équitable sans l’être réellement. Ma main cherche machinalement mon téléphone. J’hésite entre composer le 911 et tweeter ce qui se passe.
Né en 1992 au Niger, Rich Larson est considéré comme le nouveau prodige de la science-fiction. Son travail, traduit en une dizaine de langues, a été récompensé par de nombreux prix, dont le Grand Prix de l’Imaginaire 2021.
Émilie Laramée est née dans les Laurentides. Certaines de ses traductions des nouvelles de Rich Larson ont été publiées dans les revues Brins d’éternité, Galaxies et Solaris, ainsi que dans le collectif Futurs (Triptyque, 2020).
1 - Les Quinze Minutes de la haine (Fifteen Minutes Hate, 2018), pages 7 à 13, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 2 - Peux-tu surveiller mes affaires ? (Can You Watch My Stuff, 2019), pages 14 à 22, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 3 - De viande, de sel et d’étincelles (Meat and Salt and Sparks, 2018), pages 23 à 56, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 4 - Corrigé (Edited, 2015), pages 57 à 68, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 5 - Salissure (Smear Job, 2018), pages 69 à 76, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 6 - Écorché (Skinned, 2019), pages 77 à 82, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 7 - Une soirée en compagnie de Severyn Grimes (An Evening with Severyn Grimes, 2017), pages 83 à 118, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 8 - La Petite Marchande d’air (Death of an Air Salesman, 2019), pages 119 à 138, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 9 - Atrophie (Atrophy, 2014), pages 139 à 148, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 10 - Anastasia, le vaisseau fantôme (The Ghost Ship Anastasia, 2017), pages 149 à 188, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 11 - Échec de la mise à jour (The Sky Didn't Load Today, 2015), pages 189 à 190, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 12 - Rêves de drones (Dreaming Drones, 2014), pages 191 à 209, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE 13 - Circuits (Circuits, 2018), pages 210 à 225, nouvelle, trad. Émilie LARAMÉE
Critiques
Rich Larson a 30 ans. Il est canadien mais est né au Niger et a beaucoup bourlingué depuis. Grand rédacteur de nouvelles (sans oublier deux romans inédits, l’un pour un lectorat adolescent, l’autre pour adulte – ce dernier étant annoncé au Bélial’), Rich Larson est l’une des étoiles montantes de la SF mondiale. Pour preuve, son recueil La Fabrique des lendemains (Le Bélial’) a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire 2021. Rêves de drones et autres entropies est son second recueil. Il est publié par l’éditeur québécois Tryptique, dans une traduction d’Émilie Laramée, et devrait être disponible en France à l’heure où vous lisez ces lignes. Il compte treize textes, dont cinq déjà présents dans La Fabrique des lendemains.
Dans les mondes de Rich Larson, informatique omniprésente, réseaux sociaux intrusifs, modification cérébrale et élévation à la Brin sont la norme. On y croise des IA tristes ou devenues presque folles, des vaisseaux organiques en recherche de symbiotes, des consciences numérisées abritées dans des systèmes informatiques ou dans des corps de serfs volontaires poussés à l’effacement de leur individualité par la misère ou le désespoir, sans oublier des aliens meurtriers dans le plus pur style Men in Black. Mais les histoires de Larson ne sont pas que des rêves/cauchemars techniques. On y trouve aussi une grande part d’humanité, que Larson loge à l’interface entre les miracles de la technologie à venir et les contingences et interrogations éternelles de l’humanité – là donc où le wetware rencontre le hardware.
Prospectiviste autant que visionnaire, Larson pointe les dérives de notre temps, que la technologie accentue mais qu’elle ne crée pas. De ce point de vue, le premier texte, « Les Quinze minutes de la haine », s’il pouvait sembler déjà vu jusqu’à récemment, provoque une étrange sensation lorsqu’il est lu peu de temps après l’affaire Kurt Zouma, ce lynchage twitto-médiatique boursouflé qui suivit la publication de coups portés par le footballeur à son chat. Même représentation d’un réel amplifié avec « Corrigé » et ses thérapies de conversion neuro-administrées, ou le traitement extrême de la pédophilie imaginé dans « Salissure ». On appréciera aussi les désespoirs jumeaux de Cu et Bébé dans « De viande, de sel, et d’étincelles », ou la folle « Soirée en compagnie de Severin Grymes ». Dans cet océan de dysfonctionnements sociétaux, l’amour raconté dans « La Petite marchande d’air » fait l’effet d’une bouffée d’air pur, comme celles que vend l’héroïne chanceuse de l’histoire.
L’ensemble est assurément bon, même s’il contient aussi un ou deux textes anecdotiques. Néanmoins ce recueil souffre de deux problèmes sans doute rédhibitoires. D’abord, il n’est pas traduit en français mais en québécois, ce qui rend certaines pages confuses – voire involontairement drôles. Ensuite, et ce n’est pas lié au québécois, la traduction est balourde et pataude. Elle enlève toute énergie à ces textes et donne l’impression qu’ils sont le fruit des efforts d’un auteur consciencieux mais débutant. Dommage. Très dommage.