BÉLIAL'
(Moret-Loing-et-Orvanne, France) Date de parution : 9 juin 2022 Dépôt légal : juin 2022, Achevé d'imprimer : mai 2022 Première édition Roman, 288 pages, catégorie / prix : 19,90 € ISBN : 978-2-38163-049-6 Format : 14,0 x 20,5 cm✅ Genre : Fantasy
Dépôt légal à parution. Existe aussi en numérique (ISBN : 978-2-38163-050-2) au prix de 9,99 €.
Quatrième de couverture
Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé, vous y retournerez. Surplombée par le palais du Suzerain et les temples de l'allée des dieux, port maritime et fluvial, elle grouille de marchands, de prêtres, de voleurs. On y respire les parfums de pays lointains et la puanteur de la misère. C'est là qu'est né, c'est là que survit Yors, ancien mercenaire devenu philosophe par la force de l'âge et des choses. Mais la sagesse ne nourrit pas son homme et Yors n'a plus un sou en poche quand commence notre histoire. Un peu par hasard il va se mettre au service d'un jeune homme, un étranger venu faire des affaires en ville. Pas n'importe quelles affaires : de la sorcellerie. Nul ne l'ignore, les sorciers sont des crapules malhonnêtes, des vendeurs de malédictions, des préparateurs de potions aux doigts sales. Celui-ci est différent... Courtois, un brin naïf, certain d'être le meilleur dans sa partie. Il s'appelle Noon, et son emblème est un soleil noir...
L. L. Kloetzer, ingénieur et professeure en psychologie, se révèle au public en 2010 avec CLEER, chroniques d'une multinationale aussi déshumanisée que totalitaire. Trois ans passent et sort Anamnèse de Lady Star, que son éditeur de l'époque présente comme un roman appelé à “faire date dans l'histoire de la science-fiction française”. Un Grand Prix de l'Imaginaire et un Prix Rosny Aîné plus tard, force est de constater qu'il avait raison.
Hommage avoué à l'immense Fritz Leiber, récit de fantasy chimiquement pur porté par des personnages hauts en couleur et une langue ciselée, Noon du soleil noir est de fait son troisième roman - un événement attendu depuis près de dix ans.
Critiques
On savait Laurent Kloetzer fan de Fritz Leiber depuis Le Royaume blessé, qui y faisait référence (avec Tolkien et Howard) sous la forme d’un personnage portant son second prénom, Reuter. Il revient ici sous son incarnation bicéphale de L.L. Kloetzer – le second « L » pour Laure, son épouse –, dans un récit initié sous forme de nouvelle, mais étendu aux dimensions d’un roman à la demande de leurs filles auxquelles est dédié le présent livre. Sauf que cette fois-ci, la référence est évidente, puisque les auteurs ont décidé de situer leur histoire ni plus ni moins que dans le monde du « Cycle des Épées » ! On y trouve ainsi Ilthmar, le Pays Qui Coule, et quantité d’autres références. Lankhmar, la cité mythique de Nehwon, n’est pas citée nommément, mais c’est pourtant bien elle qui sert de cadre au récit, sous son surnom de Cité des Toges noires. Pas de Fafhrd ni de Souricier Gris non plus, mais certaines figures de voleuse ou de rat ne seraient pas totalement étrangères aux récits de l’auteur américain. Les lecteurs qui ne connaîtraient pas Leiber n’ont toutefois pas de quoi s’inquiéter : si le monde est bien celui de Nehwon, si les clins d’œil sont réguliers, cette histoire se veut totalement indépendante.
Yors gagne tant bien que mal sa vie en proposant ses services aux visiteurs de la cité. C’est ainsi qu’il devient l’acolyte de Noon, qui fait commerce de sorcellerie. Un jeune homme doté d’une conception assez spéciale de son métier : ainsi ne fait-il pas nécessairement payer ses interventions, au grand dam de Yors. Quand un jeune noble venu d’une lointaine région est agressé et tué, notre sorcier prend les choses en main, sentant quelque magie à l’œuvre dans l’ombre…
Le duo bâti par les Kloetzer fonctionne à merveille dans le registre du contrepoint : l’excitation perpétuelle de Yors répondant à la calme sobriété de Noon. Leurs relations mi-conflictuelles mi-complices sont alternativement explosives et fécondes – soutenues par un humour omniprésent pimenté par Meg, une servante qui s’avère vite dotée d’un solide caractère. Un duo comique est né, de ceux qu’on aime à suivre au gré de diverses aventures, ce qui est d’ores et déjà prévu puisqu’une suite est annoncée. L’histoire, quant à elle, est relativement classique mais bien menée, assemblant différents éléments sans rapport les uns avec les autres, avant que tout prenne sens dans la deuxième partie du récit. La structure de nouvelle étendue aux dimensions d’un roman se fait du reste légèrement sentir, certains chapitres semblant peu en rapport avec le reste (mais néanmoins bienvenus dans la construction de l’univers et des protagonistes). La langue, elle, est précise, sait se faire tour à tour raffinée et familière, au gré des dialogues de tel ou tel personnage.
Noon du Soleil noir opère ainsi un retour aux sources de l’enchantement de la plus belle fantasy, celle qui propose un dépaysement intelligent, alliant style et légèreté, et rehaussée de très évocatrices illustrations signées Nicolas Fructus.
Dans une ville non nommée, Yors, un ancien mercenaire vieillissant, vit de petits boulots ; il attend les caravanes aux portes de la ville et sert de guide aux visiteurs. Lorsqu’arrive Noon, un jeune étranger à l’allure aussi aisée que naïve, Yors sent la chance lui sourire. Mais Noon veut s’établir comme sorcier, ce qui risque de compliquer les choses.
« En hommage respectueux à l’œuvre de Fritz leiber ». Avec cette dédicace située avant le début du roman, les connaisseurs de l’auteur suscité et plus précisément de son cycle des épées savent à quoi s’attendre : les aventures d’un couple de personnages aux antipodes l’un de l’autre dans un décor de fantasy, une ville avec ses auberges, ses guildes, sa noblesse et ses margoulins. Je ne vous ferai pas la liste des références à diverses œuvres que l’on peut croiser au cours de ce roman, d’autres critiques plus érudits s’y sont déjà attelés.
Mais rassurons tout de suite les lecteurs et lectrices qui ne connaissent pas Leiber : ces références et ces clins d’œil ne sont que la cerise sur le gâteau et il n’est pas nécessaire de les voir pour prendre du plaisir à la lecture de Noon du soleil noir. Car le plaisir, c’est clairement le maitre-mot de ce livre : le couple formé par Noon et Yors est avant tout là pour divertir. Ces personnages ne vont pas sauver le monde à chaque page, vaincre les forces du mal qui s’apprêtent à détruire l’univers ou s’opposer au plus grand sorcier de tous les temps ; non, Yors veut juste assez de travail pour vivre confortablement et Noon montrer qu’il est un vrai sorcier plutôt qu’un petit escroc vendeur de potions bidons. Et c’est plutôt avec de l’astuce et de de la petite mais efficace magie qu’ils résolvent les affaires qui s’offrent à eux.
Noon du soleil noir nous ramène aux livres qu’on lisait ado, où chaque page contenait sa dose de fun ou d’aventure, où on visualisait les décors et ses personnages comme si on y était, comme si on y jouait un rôle. Ajoutons à cela les nombreuses et belles illustrations de Nicolas Fructus qui parsèment l’ouvrage pour parfaire l’immersion dans cette ville et vous comprendrez que ce roman est une sucrerie, une parenthèse délicieuse. Un seul regret ? Tout cela est beaucoup trop court et on arrive bien vite au bout de ces 270 pages. Heureusement, un deuxième tome est annoncé et on devrait pouvoir retrouver rapidement Yors et Noon dans cette ville qui semble receler encore beaucoup de secrets .