Guillaume Coiranne est l'homme de l'instantané. Il capte le monde, ou peut-être l'exorcise à travers le viseur de son Leica.
Ses rapports avec le passé sont étranges. Sa mémoire se compose de milliers de pellicules non développées. Pourtant, ses parents ne lui ont laissé aucun souvenir. Aussi, par manque affectif, charge-t-il des marginaux d'interpréter sa sœur, son oncle, sa mère.
Ce qui l'obsède dans son projet de famille, c'est d'être à la fois l'acteur et le metteur en scène d'une sorte de super roman-photo inventé au fil des jours et qui aurait le pouvoir de modifier le réel... Ici la mythomanie prend une allure de démarche scientifique.
Au moment où la fiction contamine de plus en plus notre quotidien, où le réel est concurrencé par le virtuel, ce livre composé au cours des années 60 reprend une singulière actualité.

Philippe Curval n'a cessé, au cours de sa triple carrière de romancier, de critique et de découvreur de talents, de défendre et d'illustrer la littérature de l'imaginaire, que ce soit dans ses formes les plus extrêmes, celles qu'autorisent le fantastique et la science-fiction, ou les plus « classiques ». Avec plus de vingt-cinq titres, dont L'éternité n'est pas la vie, paru au printemps 95 chez Julliard, il est de ces écrivains qui ont toujours quelque chose de nouveau à dire, quelque nouvelle expérience à tenter.