ACTES SUD
(Arles, France), coll. Exofictions Date de parution : 19 janvier 2022 Dépôt légal : janvier 2022, Achevé d'imprimer : décembre 2021 Première édition Recueil de nouvelles, 576 pages, catégorie / prix : 24,80 € ISBN : 978-2-330-16090-6 Format : 14,5 x 24,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Porte-étendard incontesté de la science-fiction chinoise, Liu Cixin apparaît dans ses textes courts comme un maître de la dramaturgie cosmique en même temps qu’un écrivain profondément humaniste. Qu’il mette en scène une inversion du temps, revisite de façon très vernienne le voyage au centre de la Terre, interroge les conséquences d’une miniaturisation des êtres humains ou imagine l'application météorologique de la théorie du chaos pour stopper les guerres, Liu Cixin ne cesse d’explorer et de distordre avec profondeur et inventivité les mystères les plus insondables de la science.
Dans cette édition complète de ses nouvelles qui comptera un second volume, l’auteur de la trilogie du Problème à trois corps démontre comment, dès ses premiers récits et en quelques pages seulement, il parvient à créer des mondes complexes et passionnants. Toujours empreintes d’une réflexion mélancolique — et souvent humoristique — sur le sens de la vie et l’avenir de la Terre, les nouvelles et novellas de Liu Cixin rappellent avec une posture parfois presque taoïste l’insignifiance des existences et des actions humaines dans le cours ordonné (ou chaotique ?) de l’Univers.
Né en 1963, Liu Cixin compte parmi les auteurs majeurs de la SF contemporaine. Déjà parus chez Actes Sud : Le Problème à trois corps (2016), La Forêt sombre (2017), La Mort immortelle (2018), Boule de foudre (2019) et Terre errante (2020).
1 - Le Chant de la baleine (1999), pages 7 à 20, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 2 - Aux confins du microscopique (1999), pages 21 à 29, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 3 - L'Effondrement (1999), pages 31 à 44, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 4 - Avec ses yeux (1999), pages 45 à 62, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 5 - Le Feu de la terre (2000), pages 63 à 117, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 6 - Terre errante (2000), pages 119 à 168, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 7 - L'Instituteur du village (2001), pages 169 à 217, nouvelle, trad. Morgan VICENTE rév. Gwennaël GAFFRIC 8 - Le Micro-Âge (2001), pages 219 à 256, nouvelle 9 - Fibres (2001), pages 257 à 267, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 10 - Le Destin (2001), pages 269 à 280, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 11 - Brouillage de toute la bande de fréquences (2002), pages 281 à 342, nouvelle, trad. Morgan VICENTE rév. Gwennaël GAFFRIC 12 - Le Messager (2001), pages 343 à 352, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 13 - Le Battement d'ailes d'un papillon (2002), pages 353 à 384, nouvelle, trad. Nicolas GIOVANETTI rév. Gwennaël GAFFRIC 14 - Le Soleil de Chine (2002), pages 385 à 430, nouvelle, trad. Hugo NATOWICZ rév. Gwennaël GAFFRIC 15 - La Mer des rêves (2002), pages 431 à 473, nouvelle, trad. Julia MERADA rév. Gwennaël GAFFRIC 16 - L'Ère des anges (2002), pages 475 à 519, nouvelle, trad. Nicolas GIOVANETTI rév. Gwennaël GAFFRIC 17 - L'Équateur d'Einstein (2002), pages 521 à 558, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC 18 - Gwennaël GAFFRIC, Remerciements, pages 561 à 561, nouvelle
Critiques
Qu’on l’ait lu ou non, tous les lecteurs de SF connaissent au moins de nom Liu Cixin et sa trilogie du « Problème à trois corps ». Actes Sud, son éditeur français, continue son travail de découverte en publiant l’intégralité de ses nouvelles en deux volumes dont le premier, L’Équateur d’Einstein, vient de paraître sous la direction de Gwennaël Gaffric, traducteur bien connu dans les mondes de l’Imaginaire asiatique. Autant le dire tout de suite, comme toujours dans ce genre d’exercice, on a raclé les fonds de tiroir. Et si certaines nouvelles valent vraiment le détour, d’autres auraient pu rester dans les grottes de l’oubli sans aucune hésitation. Mais pour ceux qui aiment le travail de Liu Cixin, la lecture de cet ouvrage sera l’occasion de découvrir la maturation d’une pensée et l’évolution de sa mise en fiction.
La matière essentielle qui transparaît dans la majorité des textes composant ce recueil, c’est assurément la science. Liu Cixin est un admirateur de ce dont l’humanité est capable. Par l’imagination, par le travail, elle atteint des sommets qui peuvent bouleverser l’existence de toute la planète, en bien comme en mal. Les scientifiques de «Aux confins du microscopique » en sont la preuve, avec leur invention d’une puissante machine qui aura des effets immédiats et catastrophiques sur la planète et ses habitants. Ou celui du «Battement d’ailes d’un papillon», petit texte mettant en scène cette théorie un temps très à la mode : le personnage principal tente de protéger son pays des bombardements ennemis en modifiant les conditions climatiques régnant sur sa ville. En tout cas, la science et son corollaire, la connaissance, sont l’alpha et l’oméga pour lesquels on doit être prêt à donner sa vie : la nouvelle éponyme en donne un exemple inspiré.
Mais Liu Cixin est aussi impressionné par l’espace et sa vastitude, le soleil et sa puissance. Et les dangers qu’ils représentent. Dans plusieurs nouvelles, il met en scène une humanité confrontée à son étoile et à ses sautes d’humeur. Les flashs solaires peuvent avoir des conséquences terribles pour les Terriens. Les solutions imaginées à ce problème sont multiples : dans le « Micro-Âge », ce sont des arches construites pour trouver une autre planète… en vain. Heureusement, un autre tour a été mis en œuvre avec succès. Dans « Terre errante» (déjà publié aux mêmes éditions Actes Sud de façon autonome et étrillé de belle manière dans le Bifrost n°98), Liu Cixin transforme la Terre elle-même en gigantesque vaisseau lancé hors du Système solaire. Vertigineux, mais raté. Car, et l’on touche là l’un des défauts essentiels de Liu Cixin : il peine à créer des personnages en relief. Une réserve majeure qui tend toutefois à s’atténuer à mesure que l’on progresse dans le recueil, et que l’émotion reprend ses droits, entre autres quand l’auteur rend hommage aux personnes les plus modestes parvenant à réaliser de grandes choses. Le jeune paysan du «Soleil de Chine » ira jusque dans les étoiles. L’enseignant de « L’Instituteur du village » sauvera, sans même le savoir, l’humanité tout entière.
L’Équateur d’Einstein peut s’avérer une bonne entrée dans l’œuvre de Liu Cixin. Il faut juste s’armer de patience – et de bienveillance – pour en profiter, quitte à faire l’impasse sur certaines nouvelles bien anecdotiques. Car nombre de récits émerveillent, tant ils nous permettent de voyager, de rêver, de s’élever.