Betsy n’aurait jamais imaginé le tour que le destin lui joue quand elle se fait percuter par une voiture en voulant récupérer son chat. La voilà devenue un vampire ! Refusant la fatalité, la miss s’évertue à trouver la mort à partir des maigres informations que sa culture cinématographique lui a fournies. Mais malgré tous ses efforts, rien n’y fait. Elle décide alors de reprendre tranquillement le cours de son existence, mais c’est sans compter sur la communauté vampirique de Burnsville, Minnesota, qui voit en Betsy l’accomplissement d’une prophétie. Des responsabilités que cette ancienne reine de beauté n’est pas du tout prête à assumer !
Enième série de bit-lit parue chez Milady, cette petite nouvelle se différencie en surfant sur la vague
chick-lit 1 comme le personnage de Sarah Dearly de Michelle Rowen. Exit, l’héroïne solitaire et torturée à la force morale sans concession, ne vivant que pour et par ses actions pleines d’éclat, Betsy est une
fashion victim, frivole et un brin égoïste. A son réveil, la jeune femme est autant horrifiée par son nouvel état que par son look «
tailleur à deux balles et chaussures en faux cuir » (dixit la demoiselle). Mais quand elle constate que sa collection de chaussures de créateurs a disparu, elle se rend enfin compte que devenir vampire a du bon : elle en profite pour terroriser sa voleuse de belle-mère afin de récupérer son bien. Voilà qui donne le ton.
Ses contacts avec la communauté vampirique ne se déroulent pas mieux. La nouvelle venue tourne en dérision les coutumes de celle-ci et refuse de s’intégrer, préférant s’organiser une existence qui corresponde à ses envies et à son humeur du moment, sans forcément en mesurer les conséquences. Car avec son arrivée, la guerre des clans est déclarée et tous les coups sont permis !
Passées les vingt premières pages composées d'un monologue décousu sur la vie de l’héroïne, qui pourront décourager même le lecteur le plus bienveillant, nous n’avons plus le temps de nous ennuyer. Betsy devient attachante justement à cause de ses défauts et de son absence de code moral, contrairement à bien d'autres personnages de bit-lit. Encline à choisir égoïstement les solutions dont elle tire le meilleur profit, elle finira par se déterrer peu à peu une conscience, même si celle-ci devra être très régulièrement soutenue par divers moyens pas toujours très « catholiques ».
L'humour grinçant nous accompagne tout au long du récit surtout quand on redécouvre les vampires à travers le jugement acéré et consumériste de la jeune femme et, malgré l’exploitation quelque peu outrancière des codes du genre, nous n’avons besoin d’aucun encouragement pour rire de ses déboires et de ses déconvenues.
Le roman souffre tout de même de deux petits défauts. D'abord on aimerait que notre héroïne, adepte d'un franc-parler un peu vif, fasse plus souvent appel à la bonne éducation que sa maman n’a pas dû manquer de lui donner, parce qu'on se lasse par moments de sa vulgarité — question de point de vue bien sûr... Ensuite on subit ce qu’on pourrait appeler l’effet « série américaine ». Tout y est : l’héroïne blonde et jolie qui doit assumer un destin incroyable, l’ami gay qui s’installe à demeure, la meilleure copine noire riche à millions, le méchant caricatural au physique banal qui veut conquérir le monde et le beau gosse charmeur mais canaille sur les bords qui apporte un peu de piment érotique au tout... Visiblement, il n’y aura pas autant de travail d'adaptation en vue d'une hypothétique déclinaison que pour la série
True Blood 2 de Charlaine Harris.
MaryJanice Davidson a donc su concilier les besoins marketing à une bonne trame de base, légère et rafraichissante, riche en rebondissement et résolument orientée vers un comique de situation qui pallie au manque d’action. Le plaisir de la lecture prend ainsi largement le pas sur cet 'aspect banal et convenu de l’histoire.
Notes :
1. Courant littéraire s’adressant principalement aux femmes au ton désinvolte, désabusé et bourré d'humour noir et dont les thématiques récurrentes sont : la recherche du mari idéal, les problèmes de boulot, les amis, le passage de la trentaine (voir la quarantaine), la relation avec les parents... et dont les héroïnes les plus connues sont Bridget Jones ou encore Carrie Bradshaw (Sex on The City).
2. La série de romans est parue en France à partir de 2005 sous le nom de La communauté du Sud. Aux Etats-Unis, l’adaptation sous format télévisuel date de septembre 2008. Les personnages et les situations divergent de la série initiale pour répondre d’une part aux quotas américains sur les minorités, d’autre part aux exigences de suspense car chaque saison de 12 épisodes de 52 minutes correspond à un tome. Les personnages secondaires sont plus nombreux (beaucoup de ceux-ci n’existent pas ou sont morts dans la trame des romans) et leur vie y est beaucoup plus développée et riche en rebondissements que dans les livres où la narratrice exclusive est Sookie et où chaque tome ne fait pas référence à autant d’intrigues secondaires.