Anne CARRIÈRE
(Paris, France) Date de parution : 6 mai 2022 Dépôt légal : mai 2022, Achevé d'imprimer : avril 2022 Première édition Roman, 496 pages, catégorie / prix : 22,90 € ISBN : 978-2-3808-2160-4 Format : 15,3 x 23,5 cm✅ Genre : Fantasy
Le titre de ce tome "Toucher la peau du ciel" n'est pas indiqué sur la couverture.
« Oui, j'ai peur que l'idée de pureté les aveugle et qu'ils nous mènent tous au Gouffre ! Je connais la puissance du Faëton, je sais ce qu'il inspire aux masses, je sais la ferveur, la brutalité, l'extraordinaire pouvoir qu'il contient. »
Le Triumvirat est le nouveau pouvoir de la capitale, mais la rébellion s’organise dans les provinces. Et partout, on s’interroge : jusqu’où ira la guerre ? Tandis que la pègre étend son emprise et que la Foi se révèle, le destin des femmes et des hommes de Seth est plus incertain que jamais. Rien n’échappe aux engrenages implacables du cercle-monde. Telle est la tragédie d’un État à l’agonie. L’Empire s’effondre... Il est désormais en ruine. Quel monstre s’apprête à sortir de ses entrailles fumantes ? En ces temps de clair-obscur, les frontières s’effacent ; la raison et la justice, la victoire et la défaite, tout perd son sens. Rien n’est joué, les combats continuent. Et au milieu de ce chaos, tous veulent toucher la peau du ciel.
Deuxième tome de la trilogie L’Empire s’effondre, Toucher la peau du ciel confirme de manière évidente la force narrative de Sébastien Coville. Il signe avec cet opus un grand roman d’aventures riche et palpitant, qui poursuit la création d’un univers complet et d’une mythologie au cœur de son histoire.
Sébastien Coville travaille actuellement comme consultant et scénariste dans l'audiovisuel. Toucher la peau du ciel est son second roman.
Critiques
[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]
Dans le volume inaugural et éponyme du cycle (chroniqué dans Bifrost 104), l’empire de Seth s’est effondré quand une révolution de palais a créé une scission entre les princes dirigeant ses différentes castes, et que l’un d’eux est entré en guerre contre les autres pour préserver le système. Le volume 2, Toucher la peau du ciel, pose tout simplement la question suivante : et maintenant ? L’empire s’est effondré, mais que va-t-il jaillir de ses décombres ? Diverses factions y apportent des réponses très différentes : les Familles de la Pègre tentent d’exploiter les vestiges, créant une vague d’insécurité sans précédent; le Triumvirat (prince de la Loi en premier lieu) cherche à consolider son pouvoir et à préserver ce qu’il peut du système de castes en déliquescence; les dirigeants de la Foi et de la Guerre veulent le transformer pour accentuer son aspect théocratique et faire passer les autres castes sous leur contrôle, tandis que les Techniciens cherchent à transcender l’ordre ancien en créant une nouvelle Loi qui ne viendrait plus d’un livre sacré mais des hommes, en refondant l’ensemble de la société, où le mérite compterait plus que l’origine sociale, et en la basant sur la Raison plutôt que la Foi.
Dans notre recension de L’Empire s’effondre, nous avons déploré, malgré d’évidentes et incontestables qualités, que ce soit en termes de style, d’intrigue ou (surtout) de worldbuilding, des maladresses, comme des longueurs, un nombre trop élevé de points de vue, de personnages secondaires et de sous-intrigues (parfois à l’utilité douteuse), ainsi que quelques effets de manche stylistiques dispensables. Ce second volet corrige en bonne partie ces défauts, l’ensemble donnant moins l’impression de se perdre dans des détours superflus, les dialogues étant moins déclamatoires (on aurait néanmoins apprécié qu’en contrepartie, Coville nous évite de jouer à l’épigone de Jean-Philippe Jaworski ou Cédric Ferrand en mettant autant l’emphase sur le registre populo-argotique), le rythme plus constant et l’importance de chaque personnage (déjà connus du lecteur, ce qui facilite les choses) plus claire. On soulignera que le worldbuilding, déjà admirable, s’enrichit encore, et que les questions que nous nous posions quant à la nature réelle de cet univers et au classement taxonomique de ce cycle ne font que devenir plus pressantes. On appréciera, enfin, une communication plus sobre de l’éditeur, qui en faisait DES TONNES sur la quatrième de couverture du roman précédent.
Notre critique de L’Empire s’effondre se terminait en prédisant qu’avec quelques ajustements, le tome 2 pourrait être une spectaculaire réussite : force est de constater que réussite, il y a, et qu’elle n’est effectivement pas si loin d’être spectaculaire !
Deuxième tome de la trilogie l’Empire s’effondre, Toucher la peau du ciel continue sur la même lancée : alors qu’Alfred Kergoal fuit en province pour échapper à l’inquisition, le triumvirat qui dirige dorénavant l’empire lève une armée pour écraser les diverses forces rebelles. Les lecteurs et lectrices du premier volume ne seront pas surpris par cette suite : un récit dense, de nombreux personnages, des combats impressionnants, on retrouve dans cette seconde partie les forces et les faiblesses du premier tome : une histoire multiforme, empruntant aux épopées historiques un sens du dramatique et de l’épique, y ajoutant de nombreuses (trop ?) couches : politique, religieuse, scientifique ou mafieuse.
Avec toujours le même soucis du détail, Sébastien Coville nous livre ce récit dont le style flamboyant gavé d’adjectifs et d’individus archétypaux en fait parfois un peu trop (j’ai préféré ne pas compter le nombre de personnages s’exclamant « Engeance ! » ). On pourra regretter le manque d’ambiguïté des acteurs, leur aspect monobloc à la limite pour certains de la caricature (notamment pour des personnages féminins comme Astrée de Saint-ange).
En sortant de la capitale, le roman gagne en ampleur et en souffle. Il faut, comme dans le premier, quelques dizaines de pages pour s’acclimater à cet univers au worldbuilding riche et à ses nombreux personnages, mais une fois réacclimaté, on se laisse emporter et c’est dans les batailles impressionnantes que la patte de Sébastien Coville fonctionne le mieux : on sent alors le vent du boulet et la vapeur des machines (steampunk oblige) comme si on y était. Mieux maîtrisé que le premier tome, comportant moins de longueurs, Toucher la peau du ciel nous emmène dans le bruit et la fureur vers une conclusion qui s’annonce épique.