Le steampunk vous invite à revisiter le passé, à renouer avec les racines de votre société. Dans cette anthologie, on vous emmène au commencement de l’industrialisation, au moment où tout était encore possible pour la planète et l’Homme. Et si les choses s’étaient passées autrement ? Pour le meilleur ou pour le pire, ou juste différemment.

Prenez place dans notre machine à remonter le temps !

Écologie & folie technologique est le premier volume d'une collection vouée aux nouvelles Steampunk et pour ce qui est de la définition du genre, Camille Ragot apporte une réponse simple à destination des néophytes dans sa préface. Chaque livre de la collection réunit une petite poignée de textes ; ce sont donc quatre nouvelles qui composent celui-ci, dans des styles particulièrement différents les uns des autres, et par des auteurs pas tout à fait inconnus des amateurs d'imaginaire.
Le texte qui ouvre le volume est celui qui s'en sort le moins bien, ce qui n'est pas étonnant si l'on considère que son auteur signe ici, de son propre aveu, sa première tentative dans cet univers. Confus, trop démonstratif dans la description du monde qu'il invente, le style gâte cette idée extrême d'exploitation de l'homme par l'homme où ce dernier, poussé toujours en avant par un consumérisme outrancier, devient également ressource de celui-ci.
Le second récit, déjà paru dans AOC n°51, est signé d'Audrey Pleynet. Incomparablement plus à l'aise dans sa construction d'un Londres victorien à vapeur, son histoire se penche sur la superficialité et l'artificialisation de la nature. Sans qu'elle apporte un jugement sévère sur son héroïne, sa conclusion, amère, constate l'abandon de l'effort individuel devant la marche du monde et la soumission de tout un chacun aux injonctions de la société.
Emmanuel Chastellière embarque le lecteur dans un environnement original et une période tardive si l'on considère les canons du genre : celui des chasseurs de baleine, dans un début du XX^ème siècle où l'huile est le moteur d'une industrie florissante, et dans lequel le dernier rejeton des Romanov a fondé une extension de son empire sur la Lune. Un peu extravagant, le texte présente peu d'enjeux dramatiques mais sa construction laisse quelques surprises jusqu'à la fin.
Romain d'Huissier, enfin, propose une excursion dans une Chine dominant grâce à la découverte de propriétés énergétiques exceptionnelles du jade rouge qui permettent l'avénement d'une industrie à base de machines, à vapeur comme il se doit. Le récit est une enquête sympathique, un peu à la manière de la série de films Détective Dee, entre mysticisme et intérêts économiques dont une partie de la conclusion se dévine assez tôt, mais qui se lit agréablement. En revanche, le prétexte éconnomique qui motive l'intrigue pouvait se passer du jade rouge et le Steampunk est réduit ici plus que dans les autres nouvelles à un simple élément de décor.
Au final, le titre du recueil ne ment pas et la question écologique est très présente, sans jamais qu'elle soit pourtant abordée de front et de manière moraliste. La lecture est agréable et le format poche font de ce livre un point d'entrée original dans le Steampunk, plutôt exempt des poncifs du genre, qui permet de continuer si le plaisir est là en complétant cette petite collection à l'habillage plaisant.