Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Chien 51

Laurent GAUDÉ

Première parution : Arles, France : Actes Sud, 17 août 2022
Cycle : Magnapole vol. 1 


Illustration de Xiaohui HU

ACTES SUD (Arles, France), coll. Domaine français précédent dans la collection
Date de parution : 17 août 2022
Dépôt légal : août 2022, Achevé d'imprimer : juillet 2022
Première édition
Roman, 304 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-330-16833-9
Format : 11,5 x 21,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

C'est dans une salle sombre, au troisième étage d'une boîte de nuit fréquentée du quartier RedQ, que Zem Sparak passe la plupart de ses nuits. Là, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l'opium, il peut enfin retrouver l'Athènes de sa jeunesse. Mais il y a bien longtemps que son pays n'existe plus. Désormais expatrié, Zem n'est plus qu'un vulgaire "chien", un policier déclassé fouillant la zone 3 de Magnapole sous les pluies acides et la chaleur écrasante.
    Un matin, dans ce quartier abandonné à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va rompre le renoncement dans lequel Zem s'est depuis longtemps retranché. Placé sous la tutelle d'une ambitieuse inspectrice de la zone 2, il se lance dans une longue investigation. Quelque part, il le sait, une vérité subsiste. Mais partout, chez GoldTex, puissant consortium qui assujetit les pays en faillite, règnent le cynisme et la violence. Pourtant, bien avant que tout ne meure, Zem a connu en Grèce l'urgence de la révolte et l'espérance d'un avenir sans compromis. Il a aimé. Et trahi.
    Sous les ciels en furie d'une mégalopole privatisée, Chien 51 se fait l'écho de notre monde inquiétant, à la fois menacant et menacé. Mais ce roman abrite aussi le souvenir ardent de ce qui fut, à transmettre pour demain, comme un dernier rempart à notre postmodernité.

Né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2004 le prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta. Romancier, nouvelliste et dramaturge, Il construit une œuvre protéiforme, d'Eldorado (2006) au long poème épique Nous, l'Europe, banquet des peuples (2019), entièrement parue chez Actes Sud.

Critiques

    La littérature dite blanche, ou mainstream – en tout cas pas SF –, se pique d’Imaginaire de façon appuyée depuis quelque temps… Inutile de revenir sur le prix Goncourt, Hervé Le Tellier. De nombreux autres exemples fleurissent sur les tables des librairies. Laurent Gaudé, figure notable de la littérature française depuis une bonne vingtaine d’années, passe lui aussi de l’autre côté du miroir. Mais sous des habits de « normalité » puisque son roman, Chien 51, ne paraît pas dans la collection dédiée, « Exofictions », d’Actes Sud, mais en littérature française tout court. Pourtant, on y retrouve une brassée de thèmes classiques de SF et de polar.

    Zem Sparak habite une mégapole privatisée appartenant à la compagnie GoldTex, capable d’acheter des pays en faillite. Le premier d’entre eux a été la Grèce. Comme l’avaient fait les Romains en leur temps, les nouveaux propriétaires expulsent les habitants du pays et les regroupent dans une gigantesque cité. Mais, question de rentabilisation et d’optimisation (pas fiscale, quoique !), GoldTex les répartit selon leurs qualifications et les besoins sociétaux. La mégapole est divisée en trois zones : la 1 est réservée à l’élite, la 2 aux privilégiés, et la 3 au tout venant (d’ailleurs, aucun dôme ne la protège, elle). C’est là que vit Zem Sparak, un policier, ou plutôt un « chien », le petit toutou à son maitre, tout juste bon à obéir aux ordres les plus dégradants, à effectuer les tâches les plus basses. Dans la lignée des flics pourris et des privés dépressifs, il traîne son mal-être à travers la zone, s’adonnant toujours plus à une drogue capable de le ramener dans l’ancienne Athènes où il se sentait libre, où il se pensait encore humain à part entière. Mais un meurtre va tout changer : le corps d’un homme a été retrouvé. Et – surprise – il a été éventré et ses implants haut de gamme dérobés. Qui était-il ? Que faisait-il là ? Des questions qui conduiront Zem dans les arcanes du pouvoir, en pleine élection, mais aussi dans la fange la plus putride, au contact de malfrats abjects.

    Chien 51 ne va pas bouleverser le panorama de la SF française. S’il est bien construit et agréable à lire, il s’apparente à nombre d’histoires déjà lues et il frôle parfois les limites de la caricature : ce monde ne laisse décidément aucun espoir. Rien de novateur, si ce n’est de retrouver des thèmes d’Imaginaire dans un roman hors collection dédiée. Pour les lecteurs de la Bifrosty, cela peut servir de hors d’œuvre, à la rigueur, tant la plume est habile. Gageons que les novices du domaine, eux, s’émerveilleront…

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/1/2023 dans Bifrost 109
Mise en ligne le : 22/6/2025


Suite à la faillite de l’état, la Grèce a été privatisée. Les habitants, après une sélection selon leur utilité, sont envoyés à Magnapole, ville séparée en plusieurs secteurs : la zone 2, protégée des pluies acides par un immense dôme, abritant les quartiers favorisés, et la zone 3, réservée au prolétariat, lieu des trafics en tout genre. Suite à la découverte du cadavre d’un habitant de la zone 2 dans la zone 3, Zem Sparak, flic de la 3, se retrouve associé à Salia Malberg, une enquêtrice de la zone 2.

Un pays acheté par une megacorp, une ville du futur proche où les classes sociales sont clairement séparées, quelques technologies nouvelles, des pluies acides… On pourrait espérer que ce décor cyberpunk puisse réjouir l’amateur de SF. Hélas, il ne s’agit effectivement que d’un décor, car Laurent Gaudé se contente d’y plaquer une intrigue de roman policier politique on ne peut plus classique, dont les éléments science-fictifs pourraient être facilement remplacés par leurs équivalent de notre monde. Du coté policier, ce n’est pas beaucoup plus excitant : un couple de policiers dissemblables (lui, l’ancien militant revenu de tout, accro aux drogues, n’attendant plus rien de la vie ; elle, la jeune ambitieuse des beaux quartiers), une intrigue simpliste reposant sur un suspect idéal et son ennemi politique… On ne peut qu’être frustré par le manque de surprise du récit.  Reste les états d’âme de Zem Sparak, cet homme qui refoule son ancienne vie, laquelle ressurgit petit à petit au cours de l’enquête. Mais là aussi, le sujet n’est qu’effleuré.

Chien 51 est un roman assis entre trois chaises : un décor de science-fiction générique pas réellement exploité, une intrigue policière peu surprenante et un fond politique qui aurait mérité d’être plus creusé. Alors le roman fonctionne tant bien que mal, mais tout cela manque de punch et de passages mémorables. Dommage.

 

René-Marc DOLHEN
Première parution : 27/8/2022 nooSFere

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87250 livres, 112066 photos de couvertures, 83684 quatrièmes.
10815 critiques, 47149 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD