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Aucune terre n'est promise

Lavie TIDHAR

Titre original : Unholy Land, 2018
Première parution : San Francisco, USA : Tachyon Publications, 6 novembre 2018   ISFDB
Traduction de Julien BÉTAN
Illustration de Aurélien POLICE

POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy précédent dans la collection n° 7340 suivant dans la collection
Date de parution : 9 mars 2023
Dépôt légal : mars 2023, Achevé d'imprimer : février 2023
Réédition
Roman, 336 pages, catégorie / prix : 8
ISBN : 978-2-266-32675-9
Format : 10,8 x 17,7 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Berlin. Lior Tirosh, écrivain raté et désillusionné, embarque pour la Palestina, son pays natal, fuyant une existence minée d’échecs. Il espère retrouver à Ararat City la chaleur du foyer, mais la ville est désormais ceinturée par un mur immense, et sa nièce, Déborah, a disparu dans les camps de réfugiés africains. Traqué, soupçonné de meurtre, offert en pâture à un promoteur véreux, Lior est entraîné malgré lui dans les dédales d’une histoire qu’il contribue pourtant à écrire.

« Énorme coup de cœur pour un titre qui prendra dignement sa place parmi nos fondamentaux, entre Le Complot contre l'Amérique et Le Maître du Haut Château » Librairie Lilosimages (Angoulême)

« Terrassant les murs et évitant les clichés, Lavie Tidhar offre au lecteur un grand roman, l'un de ceux qui interpellent et fascinent durablement. » Just a Word

Cet ouvrage a reçu le Prix Planète SF des blogueurs et le Prix ActuSF de l'uchronie

Critiques

Dans le monde de Lior Tirosh, écrivain de seconde zone, le peuple juif a créé un état en Afrique, Palestina, entre l’Ouganda et le Kenya, plutôt que sur les rives de la méditerranée, entre l’Egypte et le Liban, comme dans notre monde. Mais Palestina n’est pas mieux accueillie par les populations locales, et l’état érige un mur sur ses frontières pour se protéger des attentats.

De retour en Palestina après une vie à Berlin, Lior se lance sur les traces de sa nièce disparue, universitaire engagée politiquement auprès des populations africaines chassées de leurs terres. Surveillé de près par Bloom, membre de la police de Palestina, Tirosh va rapidement être accusé de meurtres, et sa réalité va se désagréger, car aussi bien Bloom que lui ont des visions d’un autre monde, où Palestina n’existe pas, et où ils vivent dans un état juif méditerranéen.

Livre résolument politique, Aucune terre n’est promise est aussi terriblement pessimiste. Commençant comme une uchronie où le point de divergence est la construction d’un état juif en Afrique bien plus tôt dans le siècle, il en arrive à la même conclusion : le rejet par la population locale de la construction de cet état et les conséquences politique qui en découlent : le terrorisme, la construction de ghettos, le racisme des nouveaux arrivants envers les africains et leur exploitation sans vergogne. A l’uchronie Tidhar ajoute une dimension dickienne, mélangeant les réalités, faisant perdre pied à ses narrateurs : Bloom et Tirosh, s’exprimant à la première et troisième personne, rejoint par Nour, une femme visitant les différentes réalités et dont la narration est à la deuxième personne.

Tout cela fait de Aucune terre n’est promise un roman aussi riche que complexe, pas toujours facile à suivre, mais qui ne pourra qu’alimenter les réflexions d’un lecteur ou d’une lectrice s’intéressant à la géopolitique de notre monde.

 

René-Marc DOLHEN
Première parution : 9/4/2023 nooSFere

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MU, (2021)

    Lior Tirosh écrit de la fantasy pour trouver refuge dans un ailleurs moins dur ou du moins loin de la souffrance d’une existence tragique. Un père tyrannique, un frère mort en héros et une mère décédée du cancer après avoir divorcé, il a finalement cédé à l’exil, poussé dehors, à l’extérieur, loin de la Palestine voulue par les pères fondateurs en Afrique. Mais, si l’imagination n’est qu’une illusion et l’évasion qu’un pis-aller fragile face au caractère concret et désenchanté du monde, quelle réalité Lior cherche-t-il à fuir exactement ? À l’instar de Bill pèlerin [[j’ai eu beau chercher et dans le bouquin anglais – où personne ne s’appelle Bill – et sur Google – où l’association « Bill pèlerin » n’est pas bien fructueuse, je ne vois pas du tout à quoi ça fait référence – PP]], il semble en effet doté d’une faculté singulière et inexplicable, suscitant la convoitise de puissances occultes dont les desseins ne semblent guère animés des meilleures intentions. Un phénomène affectant jusqu’à sa mémoire et ne paraissant pas sans conséquence sur le(s) cheminement(s) historique(s).

    Fondé sur un épisode méconnu de l’histoire du sionisme, plus précisément le projet avorté d’implantation d’un État juif sous autorité britannique, entre Kenya et Ouganda, Aucune terre n’est promise nous emmène dans une ligne historique alternative, adoptant le pas de côté cher à l’uchronie et à la science-fiction. Un décalage salutaire, voire un dépaysement salvateur, permettant de reconsidérer notre propre monde et notre histoire avec un autre regard. Un point de vue différent, libéré des rhétoriques partisanes, permettant de prendre la mesure de la duplicité d’une humanité prompte à s’aveugler pour ménager un illusoire confort intellectuel. Mais, peut-être les choses sont-elles un tantinet plus compliquées. Lavie Tidhar s’y entend bien à brouiller les pistes ou flouter les contours d’une réalité consensuelle pour le moins fluctuante, jouant des références à la Kabbale et à la physique quantique pour déployer un faisceau d’univers multiples. L’auteur interroge ainsi sa propre judéité, mettant sur la sellette la fondation d’Israël, cette nation de parias issus de la diaspora qui progressivement a épousé les méthodes de ses oppresseurs, incarnant non plus un idéal mais un coup de force permanent. Qu’importe les intentions ou la pureté du projet initial semble dire l’auteur, le seul invariant commun aux multiples itérations des possibles reste l’injustice, prélude aux désastres présents et à venir. En cela, Aucune terre n’est promise se révèle politique, dans la meilleure acception du terme. Mais le réduire strictement à cet aspect serait négliger les qualités d’un roman subtil et nuancé, traversé par des fulgurances magnifiques et un sentiment d’échec tragique. Un gâchis frappé au coin de la fatalité.

    Avec Aucune terre n’est promise, Lavie Tidhar ne prône pas la haine de soi. Bien au contraire, il dresse un constat d’une douloureuse lucidité, à l’adresse de ceux ne parvenant pas à se résoudre à l’inacceptable, mais restant conscient du peu de poids de leur existence face au mouvement inexorable de l’Histoire, telle que les hommes l’écrivent. Bref, un roman indispensable.

Laurent LELEU
Première parution : 1/4/2021
Bifrost 102
Mise en ligne le : 25/9/2024

Prix obtenus
ActuSF de l'Uchronie, Littérature, 2021
Prix Planète-SF des Blogueurs, [sans catégorie], 2021


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