Alors qu’une sonde robotisée se pose sur Mars, prélude à une première mission habitée vers la planète rouge, Elma York embarque à bord de la navette qui la ramènera sur Terre après une affectation de trois mois sur la Lune. Mais le retour ne se passe pas comme prévu : un groupe de terroristes appartenant au mouvement Earth First profite de l’atterrissage en catastrophe du vaisseau pour prendre l’ensemble des passagers en otage. Leurs revendications sont simples : l’arrêt de la conquête spatiale et la réaffectation du budget à la survie sur Terre.
La Lady Astronaute parviendra-t-elle à leur faire entendre raison et, surtout, réalisera-t-elle son rêve : fouler, un jour, le sol martien ?
Vers Mars forme avec Vers les étoiles un diptyque haletant, en prise directe avec le monde contemporain : le récit d’une lutte pour les droits des femmes et des minorités, et d’une conquête spatiale digne de L’étoffe des héros.

Mary Robinette Kowal est l'autrice de nombreuses nouvelles et d'une dizaine de romans, dont la série The Glamourist Histories et celle de la Lady Astronaute. Par ailleurs marionnettiste professionnelle, elle vit à Nashville.

Vers Mars est le second roman du cycle Lady Astronaute. Il est séparé de Vers les étoiles par une longue ellipse (pas étonnant pour une histoire où la mécanique spatiale joue un rôle essentiel) de quelques années. Après les premiers vols habités et l’installation d’une base permanente sur la Lune, l’Humanité doit passer à l’étape suivante : le voyage vers la planète rouge. Comme dans le premier livre, cette histoire alternative de la conquête spatiale nous est racontée par Elma, ce qui place les personnages, leurs sentiments et leurs relations au centre de l’intrigue. La question de l’inégalité homme-femme, centrale dans Vers les étoiles, est toujours présente ici (dans l’espace, personne ne vous entendra passer la serpillière), mais celle du racisme et des différents mécanismes de mise à l’écart des non-Blancs est développée davantage.

On retrouve dans ce deuxième volet les qualités qui séduisaient déjà dans le premier : le style, le rythme, les émotions, les personnages, notamment la narratrice si humaine avec son courage, son énergie, mais aussi sa naïveté, ses doutes et ses failles. Une certaine forme d’humour également, et même des clins d’œil à Star Trek.
Mieux encore, les quelques défauts qui entachaient Vers les étoiles ont disparu. Cette fois, la conquête de l’Espace n’a rien d’une balade de santé. Sur le plan politique d’abord, puisqu’une partie de l’intrigue repose sur l’opposition au programme spatial. Le mouvement Earth First n’admet pas qu’on consacre autant de ressources à la conquête spatiale alors qu’il y a tant à faire sur la Terre qui peine toujours à se remettre de la chute du météorite. Lobbying, terrorisme et manœuvres politiques menacent la pérennité du programme spatial. Avec beaucoup de finesse, Mary Robinette Kowal parvient à rattacher cette intrigue au thème central que constituent les préjugés racistes.
Sur le plan matériel ensuite : pannes et avaries rythment le vol de la mission habitée vers Mars,  auxquelles s’ajoutent les conflits entre personnes, et mettent plusieurs fois en péril les équipages. L’histoire y gagne en crédibilité et le suspens règne tout au long de 448 pages d’aventure humaine et technologique à la fois.

Vers Mars est donc une excellente suite à Vers les étoiles. Moins naïf, plus tendu, il corrige les défauts du premier tome tout en en conservant les qualités de style et de rythme, la même attention aux personnages et aux questions de discrimination.