Clara, à la recherche de sa tante enlevée par les fées, a passé la porte entre notre monde et celui de la féerie.
Une invasion de Cauchemars, un oncle séduisant, des sylphes écervelés, un lutin susceptible... rien n'est simple, pas même les prédestinations amoureuses organisées par l'excentrique grand-tante Coucou.
Dans ce monde fabuleux où l'aventure guette à chaque pas, un seul mot d'ordre : « Pas sans combattre ! »
La Brume des Jours est la suite et la fin du Clairvoyage.
« Clara, elle, n'avait rien choisi. Les fées lui avaient arraché ses parents puis son foyer auprès d'Antoine. Elle avait perdu son enfance et se retrouvait affublée d'une maturité à laquelle elle ne comprenait rien, faite de peurs, d'ambitions, de désirs... » (p.283)
Suite et fin du Clairvoyage pour la « petite » Clara, devenue soudainement « grande » une fois entrée dans le pays des fées, où divers mythes et bestiaires coexistent.
Toutes les qualités du précédent tome se voient confirmées par ce deuxième volet qui se déroule doublement « de l'autre côté », à la fois dans les contrées magiques dirigées par la reine Titania et au-delà de la puberté. Cette fois, l'aventure, l'itinéraire initiatique, la poésie et l'onirisme s'accompagnent de sentiments plus troubles issus de l'adolescence. Si Clara doit faire face à une invasion de Cauchemars, elle doit aussi maîtriser ses propres contradictions et décider de la place qu'elle veut occuper dans cet univers.
Ce dyptique forme une de ces oeuvres où chaque péripétie peut donner lieu à différentes interprétations, où le merveilleux, le cauchemardesque et l'absurde font sens avant même que le lecteur en prenne conscience. Comme les rêves d'Alice ou le voyage de Dorothée au-delà de l'arc-en-ciel, ce récit a suffisamment d'ampleur, de force et de lumineuse noirceur pour accompagner le lecteur sa vie durant, de la prime enfance au stade où l'histoire nous est lue jusqu'à la vieillesse où nous la racontons à notre tour, en passant par la première lecture personnelle encore pleine de mystères insolubles, par une meilleure compréhension à l'adolescence, par la redécouverte à l'âge adulte. Chaque relecture promet de nouvelles dimensions, de nouvelles expériences, un nouvel enthousiasme.
Voilà qui prouve encore une fois que la fantasy dite « jeunesse » est bien plus inventive et riche d'oeuvres majeures que nombre de sagas paresseuses et redondantes vendues aux adultes. Pour preuve, voyez en vrac A la croisée des mondes, la trilogie de Bartiméus, Abarat, Coraline, La Malédiction de Old Heaven, Rouge sang... A mes yeux, Le Clairvoyage se hisse sans peine au niveau de ces grands livres.