ARKUIRIS
(Toulouse, France) Dépôt légal : 2ème semestre 2023 Première édition Anthologie, 268 pages, catégorie / prix : 18 € ISBN : 978-2-919090-48-8 Format : 12,6 x 20,6 cm✅ Genre : Science-Fiction
Recueil d'illustrations & de nouvelles en hommage à Félicette première astrochatte française en 1963.
Quatrième de couverture
Très peu de gens connaissent Félicette... C’est à la fois triste et incroyable.
En effet, Félicette - qui a été envoyée par la France en orbite autour de la Terre le 18 octobre 1963 - est le seul chat à avoir voyagé dans l’espace et à en être revenu.
Cet oubli - d’autant plus surprenant quand on connaît la place des chats sur Internet - s’explique sans doute en partie par le sort de Félicette à son retour, qui fait écho à celui souvent réservé aux animaux par le monde de la recherche. Il amène aussi à réfléchir aux écueils et limites de l’idée pour l’humanité de quitter un jour sa planète d’origine.
Dans ce contexte, pour le soixantième anniversaire de l’événement, une vingtaine d'auteur.e.s et d’artistes - célèbres ou moins connu.e.s - ont décidé de réparer cet oubli et de participer à ce livre en hommage à cette humble héroïne de la conquête spatiale, à travers vingt-quatre illustrations et nouvelles de science-fiction.
Passionné par l'altérité des civilisations et l’environnement, Yann Quero a écrit douze romans et une quarantaine de nouvelles oscillant entre l'histoire et l'imaginaire. On lui doit aussi la coordination d'une dizaine d'anthologies et de numéros de revues.
Sa biographie romancée du peintre Jean Hey, dit le Maître de Moulins, a reçu le Prix Bourbonnais en 2023.
1 - Yann QUERO, Félicette, une héroïne spatiale injustement méconnue, pages 9 à 12, introduction 2 - (non mentionné), Photo de Félicette en 1963, pages 15 à 15, photographies 3 - Philip HARRIS, Illustration de Philip Harris, pages 17 à 17, illustration 4 - (non mentionné), Timbres commémorant le vol de Félicette, pages 19 à 19, portfolio 5 - Esther DURAND, Bronze représentant Félicette par la sculptrice britannique Gill Parker, pages 21 à 21, photographies 6 - Jean-Pierre ANDREVON, (sans titre), pages 25 à 25, illustration 7 - Vincent BIWER, (sans titre), pages 27 à 27, illustration 8 - Philippe CAZA, (sans titre), pages 29 à 29, illustration 9 - Cha'peau Rouge, (sans titre), pages 31 à 31, illustration 10 - Thierry CLET, (sans titre), pages 33 à 33, illustration 11 - Francis HARAUX, (sans titre), pages 35 à 35, illustration 12 - ISHA, (sans titre), pages 37 à 37, illustration 13 - Olivier JUBO, (sans titre), pages 39 à 39, illustration 14 - Pierre LE PIVAIN, Haesvree et son chat-monture, dans le désert d'Aoba, pages 41 à 41, illustration 15 - Séverine PINEAUX, Les Chastronautes, pages 43 à 43, illustration 16 - Wojtek SIUDMAK, (sans titre), pages 45 à 45, illustration 17 - Jean-Pierre FONTANA, Histoire du chat qui ne savait pas parler, pages 47 à 57, nouvelle 18 - Stéphane DOVERT, Questions d'éthique, pages 59 à 69, nouvelle 19 - Djane GRIVAULT, Louma en féline affichée, pages 71 à 77, poésie 20 - Yann QUERO, La Survie de Félicette, pages 79 à 101, nouvelle 21 - Laura PEUNCK, Castor et Pollux, pages 103 à 127, nouvelle 22 - Éloïse HAILONE, Matricule F56-23, pages 129 à 137, nouvelle 23 - Éric LYSØE, Aller-simple pour Aliaterra, pages 139 à 175, nouvelle 24 - Arnauld PONTIER, L'Homme de Schrödinger, pages 177 à 185, nouvelle 25 - Andréa DESLACS, Ce diable de Sheïtan, pages 187 à 211, nouvelle 26 - Pierre GÉVART, Nommer les choses, pages 213 à 219, nouvelle 27 - A. F. LUNE, Chatterton en milieu confiné, pages 221 à 229, nouvelle 28 - Philippe CAZA, Miatsou, pages 231 à 255, nouvelle 29 - (non mentionné), Biographies des personnes ayant contribué à cet hommage, pages 257 à 267, dictionnaire d'auteurs
Critiques
Les médias ont à peine évoqué cet anniversaire, et pour cause... Le 18 octobre 1963, une mission française a envoyé la première chatte dans l'espace, laquelle en est revenue vivante, ce qui n'aura prolongé sa vie que de quelques semaines. En effet, les Français l'euthanasièrent afin de pouvoir l'autopsier et récupérer les électrodes plantées dans son crâne. Voilà qui explique la discrétion sur cette expédition. Les sagaces ingénieurs avaient dans un premier temps baptisé leur cobaye Félix, en référence à Félix le chat, le personnage de BD de Otto Messmer et Pat Sullivan, alors très en vogue, avant de s'apercevoir de leur méprise, méprise d'autant plus incompréhensible que l'équipe qui a supervisé l'entraînement n'avait enrôlé que des chattes, réputées plus calmes que les mâles. Il y eut bien d'autres animaux avant elle, dont la fameuse Laïka, ou Ham, un chimpanzé américain lui aussi revenu vivant en 1961, plus des macaques, un rat, des souris, n'en jetez plus !
Ham a sa tombe devant le musée de l'Histoire spatiale à Alamogordo, Laïka figure sur de nombreux timbres, une statue en son nom a été inaugurée en 2008 à Moscou mais un monument avait déjà été érigé en France en 1958 au cimetière des animaux en son nom et à ses semblables, martyrs de la science. Et Félicette ? Quoi Félicette ? Rien pour elle avant longtemps. Elle n'eut droit à sa statue qu'en 2019, à l'Université internationale de l'espace à Strasbourg, et ce à l'initiative... d'un Anglais qui avait appris sa triste histoire. La science-fiction ne l'a pas oubliée puisque est sorti aux éditions Arkuiris, à l'anniversaire des soixante ans du vol, un recueil réunissant dessins et nouvelles en son hommage, établi par Yann Quero.
Tous ces chats sont des spationautes enrôlés pour leurs diverses qualités. Jean-Pierre Fontana imagine dans Histoire du chat qui ne savait pas parler un récit en miroir où une chatte télépathe arrive sur Terre sans que les humains ne perçoivent sa nature intelligente. Stéphane Dovert, qui suit d'assez près l'actualité de l'époque, tend à son tour un miroir en envoyant une femme à la place d'une chatte. Question d'éthique se demande en effet pourquoi « faire payer à une autre espèce le prix d’une aventure que la nôtre est seule assez folle pour vouloir entreprendre ». Un sentiment identique domine dans le poème en prose de Djane Grivault, Louane en féline affichée, et c'est un refus net qui constitue l'intrigue de Matricule F56-23 d'Éloïse Hailone, où les chats sont sacrifiés pour tester les planètes éventuellement habitables. Ce sont encore les mêmes scrupules qu'exprime Eric Lysøe, pour qui la décision d'envoyer des chats effectuer un Aller-Simple pour Aliaterra se compliquera en raison de l'attachement que l'humain a pour eux. Ils se manifestent encore chez Laura Peunck dans Castor et Pollux, même après qu'un chat se soit comporté en héros. Lui seul a su contrer la menace qui l'a poussé à se sacrifier.
Car il a sinon l'âme chevillée au corps. Dans La Survie de Félicette, une homonyme, Yann Quero rappelle que les félins ne sont pas seulement des stars de la vidéo mais des survivalistes aguerris. C'est d'ailleurs le collant chat d'équipage Capchat qui permet de trouver la fuite d'atmosphère dans le récit d'AF Lune, Chatterton en milieu confiné. Le félin est même capable de s'allier avec la souris dans la pochade de Pierre Gévart, Nommer les choses, où les deux espèces de missions concurrentes sur Mars s'entendent pour contrer la troisième. Est-ce pour ce machiavélisme qu'il est assimilé au diable ? Ce Diable de Sheïtan d'Andréa Deslacs montre que cette croyance n'a pas disparu à l'âge de la conquête spatiale, même si le chat mutant ici présenté n'a pas que de mauvais côtés. Il semble en tout cas assuré que le chat spatial a de l'avenir : c'est une espèce extraterrestre qui découvre L'homme de Schrödinger, petite pochade humoristique d'Arnauld Pontier qui met au jour un vestige surprenant que les félins explorateurs exhument sur notre planète. En mettant une nouvelle fois en scène Rufus Tucru et Lola Lokidor (si vous ne connaissez pas, allez voir ses recueils !), Philippe Caza rend hommage avec Miatsou à la fabuleuse et sensuelle Tigrishka de Fritz Leiber dans Le Vagabond.
Il est également présent dans l'hommage graphique, en compagnie de Vincent Biwer, Charlotte Granié, Thierry Clet, Francis Haraux, Isha, Olivier Jubo, Pierre Le Pivain, Séverine Pineaux et même Wojtek Siudmak, sans oublier Jean-Pierre Andrevon qui imagine une issue heureuse au sort de Félicette grâce à une intervention extraterrestre.
Certaines nouvelles laissent à désirer, comme c'est souvent le cas dans les anthologies réunissant des talents divers, mais chacun y trouvera son bonheur et tous se verront confirmer une certitude : la chat est taillé pour l'espace, avec ou sans l'homme.