Un Jeune auteur de fantastique dont les débuts sont prometteurs, car il possède déjà cet art essentiel de bâtir son récit sur très peu de matière.
Le passage rapporte la découverte par deux garçons que le fond d'une armoire donne accès à un escalier qui ne mène nulle part et se referme sur lui-même. C'est tout, et on en tire 50 pages. Et des pages exemptes du bavardage ordinaire des paragraphes joliment écrits mais creux et vains. Une narration sinueuse rend sensible la connivence de l'enfance et du mystère, les complicités des greniers, de la chaleur, du soleil, des corps nus et de la magie qui bouleverse le temps, anime les paysages chinois des murs, efface des esprit la notion et le souvenir de ce qui fut vécu.
Le dernier prince des nocturnes est plus ambigu. Est-ce une hallucination ou un fait réel ? Le narrateur fait naufrage de nuit, et aborde sur une île plantée d'oliviers. Il est seul, unique survivant d'un monde détruit, souverain de cette île comme le premier homme l'était de la Terre. Non, il n'est pas un naufragé, mais le dernier survivant du peuple nocturne qui façonna cette terre et son mystère. Et les souvenirs sont là, il parle une langue inconnue, les chants antiques s'éveillent en sa mémoire, il enchante des oiseaux, et il marche vers la déesse qui l'attend. Cette Métalanim est-elle une jeune naufragée ou une simple souche d'arbre ? Et ceux qui viennent l'enlever, sont-ce des marins de paquebots, ou a-t-il, par le mystère du rêve prolongé, donné vie et poids à ses phantasmes ?
Jacques VAN HERP
Première parution : 1/9/1966 dans Fiction 154
Mise en ligne le : 29/10/2023