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Pékin 2050

Hongwei LI

Titre original : Guowang yu shuqingshi , 2017
Première parution : 2017, Li Hongwei   ISFDB
Traduction de Pierre-Mong LIM
Traduction révisée par Feng Chen

Philippe PICQUIER (Arles, France), coll. Picquier poche précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 2 février 2024
Dépôt légal : février 2024, Achevé d'imprimer : janvier 2024
Réédition
Roman, 324 pages, catégorie / prix : 9,00 €
ISBN : 978-2-8097-1654-2
Format : 11,0 x 17,0 cm
Genre : Science-Fiction

Couverture : © zf L / Getty Images.


Quatrième de couverture

Pékin 2050 : les téléphones, les ordinateurs, Internet ont été remplacés par une nouvelle technologie qui permet aux humains de se connecter directement dans une « Communauté de Conscience » grâce à une puce implantée dans le cerveau. A la tête de ce bouleversement des rapports humains, une entreprise : Empire & Culture, et un homme, qu'on appelle l’Empereur.
Ce matin-là, une information tourne en boucle dans le flux des nouvelles : l’écrivain Yuwen Wanghu, tout juste nommé prix Nobel de littérature, s'est suicidé. Son ami Li Pulei, plein de doutes sur cette mort, se lance dans une enquête.
Mais quel rôle Pulei joue-t-il vraiment dans cette vaste entrprise de manipulation des individus ? Peut-être pas celui qu'il croit.
Ce captivant roman d'anticipation s'empare d'un sujet très actuel, le cybercontrôle exercé en Chine, et pousse à leurs conséquences ultimes les dérives d'un système de communication numérique globale.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition Philippe PICQUIER, (2021)

[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

    Yuwen Wanghu, poète, va recevoir le prix Nobel de littérature d’ici quelques jours. Mais, sans raison apparente, il met fin à ses jours avant cette consécration. Li Pulei, son ami, essaie de saisir le sens de ce geste. Ne lui reste qu’un message : « Je m’arrête ici. Prends soin de toi.  » C’est peu. Heureusement, pour mener son enquête, Li Pulei est aidé, en principe, par les progrès technologiques. En Chine, en 2050, le téléphone est un « Âme-phone » (belle trouvaille !) et une majorité de personnes sont connectées, grâce à une puce implantée à l’âge de douze ans dans le cerveau, à une « Communauté de Conscience ». Cela permet d’échanger tout ce que l’on a vécu, car tout ce que l’on regarde, entend, sent, vit, peut être enregistré et transmis – un peu comme dans «  La vérité du fait, la vérité de l’émotion », nouvelle de Ted Chiang incluse dans le recueil Expiration. Ainsi, Li Pulei peut examiner la découverte du corps par les policiers. Néanmoins, il reste possible de se couper, par moments, de cette communauté. Or, Yuwen Wanghu avait stoppé sa connexion, ce qui fait que Li Pulei ne peut voir les derniers jours, ni l’instant du suicide.

    Après avoir assisté à l’enterrement (qui détonne du reste du roman et rappelle, par ses paysages d’inspiration mongole, « Retour à n’dau  » de Kij Johnson), Li Pulei reprend son enquête et découvre rapidement l’existence d’un lien très fort entre son ami et la société à l’origine de l’invention de cette puce : Empire & Culture, dirigée par un homme surnommé par tous et en toute modestie l’Empereur. Il va donc devoir creuser dans les méandres de cette entreprise, gigantesque, tentaculaire, aux buts peu clairs. Et quel rapport avec la chose écrite, la publication de livres, qui est en voie de disparition dans cette nation digitalisée ? Ce thème de l’emprise d’une entité sur une nation, sur un ensemble d’individus fait évidemment penser au récent Gnomon (cf. critique in Bifrost n°102). Mais dans ce roman, Nick Harkaway évoque une société dominée par une IA réputée bienveillante et juste, tandis que dans Pékin 2050, rien n’est organisé au niveau d’un État. La manipulatrice n’est autre qu’une entreprise privée : pas de direction affichée, à part, bien sûr, les profits. Sans oublier la vision de l’Empereur, partagée seulement avec des très proches. Et que le lecteur découvrira dans une confrontation finale éclairante…

    L’auteur ne cache pas ses sources artistiques, au contraire, il les affiche même. Il cite Matrix que l’on retrouve dans le compte à rebours final, mais aussi dans les caractères chinois qui défilent, parfois, sur le décor ; ou The Truman Show, pour cette idée de manipulation des vies de certains individus, encore présente dans « Les Ruines circulaires » de Borges : notre vie nous appartient-elle ou est-elle est décidée par un autre ? Que pouvons-nous choisir ? Quelles libertés nous reste-t-il ? Et la littérature, les mots écrits, peuvent-ils nous aider à nous affranchir des contraintes ? Sont-ils les clefs de la prison ?

    La force de Pékin 2050 n’est pas l’originalité des thèmes brassés, mais leur nombre et leur intrication, ainsi que la profondeur des réflexions. Cela, tout en restant accessible et aisé à lire. Car Li Hongwei raconte une véritable enquête, sans nous assener son point de vue brutalement. En suivant le raisonnement de son protagoniste, avec ses errements, ses revirements et ses doutes, il propose plusieurs idées et avis sur les sujets abordés et permet ainsi au lecteur de se faire une opinion réfléchie, solide. Sur le monde qui nous entoure et sur celui qui semble devoir nous être imposé, plus riche en communications, mais aussi, sans doute, moins libre. Une lecture éminemment recommandable, donc.

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/7/2021
Bifrost 103
Mise en ligne le : 19/12/2024

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