ARGYLL
(Rennes, France) Date de parution : 17 mai 2024 Dépôt légal : mai 2024, Achevé d'imprimer : 1er trimestre 2024 Première édition Roman, 320 pages, catégorie / prix : 22,90 € ISBN : 978-2-494665-19-4 Format : 15,0 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
La quatrième de couverture parle de XXe siècle, mais l'action se déroule bien au XXIe.
Quatrième de couverture
« Voici une question urgente : comment communiser nos imaginaires ? O'Brien et Abdelhadi y répondent avec brio et nous offrent ainsi une leçon d'histoire du futur, une pensée vivante des luttes, un horizon désirable. » Alice Carabédian, autrice de Utopie radicale
À quoi peut ressembler une révolution au XXIe siècle ?
Vingt ans après un bouleversement social mondial, deux historiennes interrogent les acteurs et actrices de ce changement. Du Bronx à la Chine continentale, du Midwest américain au Proche-Orient, douze voix abordent les années troubles, les moments d'espoir. Douze gens ordinaires guidés par un seul principe : « Tout pour tout le monde ! »
Voici, à travers les mots de celles et ceux qui l'ont vécu, l'effondrement économique, les catastrophes climatiques, les révoltes populaires autant que la répression. Et puis, plus tard, le temps de la reconstruction et l'avènement de sociétés plus égalitaires, écologiques et coopératives.
Voici le récit d'un printemps qui vint reverdir le monde.
M.E. O'Brien et Eman Abdelhadi sont deux universitaires américaines. Leurs travaux portent sur l'histoire des mouvements LGBTIQ+, des communautés musulmanes aux États-Unis et de la théorie psychanalytique. Militantes, elles participent toutes deux aux luttes féministes et antiracistes.
Tout pour tout le monde est leur premier roman, un texte radical et passionant au croisement de l'anticipation écologique et des luttes sociales, où la prospective se mêle aux témoignanges intimes.
Critiques
Entre 2030 et 2070, le monde a profondément changé : les catastrophes climatiques et la crise du capitalisme entrainent la fin de la société de l’abondance (pour les moins pauvres) et la disparition des états-nations. Ici ou là, des pouvoirs locaux structurés fondamentalement en opposition à ceux qu’ils remplacent mettent en place des communes, des organisations à taille humaines où les moyens de production et de services sont mis en commun. Les deux autrices du livres ont recueilli les témoignages de celles et ceux qui ont participé à l’établissement de cette structure à New York.
Une histoire du futur pas comme les autres, voilà ce que nous propose Tout pour tout le monde. D’abord sur la forme : livrée sous forme de témoignages bruts, les autrices nous font découvrir cette histoire par morceaux, au gré de ces entretiens, mêlant l’intime et l’extime. Ensuite sur le fond, imaginant l’abandon du système actuel pour une mise en commun des moyens, un communisme local, une utopie à petite échelle qui n’oublie pas pour autant les problèmes concrets et les difficultés politiques, notamment lors de la période de transition, avec l’abandon progressif des pouvoirs régaliens par l’état ou les conflits avec les forces fascistes occupant d’autres parties du pays.
Centré sur la commune de New York, le livre n’oublie pas pour autant le reste du monde : la Palestine ou la Chine sont ainsi évoquées via certains personnages qui y ont vécu et y ont vu la transition vers d’autres modèles. Explorant les différents domaines de la vie, aussi bien le modèle familial que l’organisation du travail, cette utopie locale ne prône pas pour autant le retour à la terre, à une vie simple et antitechnologique : elle prend en compte cet aspect pour au contraire le développer et s’en servir pour se renforcer.
Étude imaginaire de la construction d’une utopie au travers des témoignages de ses participants, Tout pour tout le monde est un ouvrage aussi original que stimulant. Certes, il n’échappe pas par moment à un abus de délivrance d’informations, mais le format brut de ses témoignages veut ça. Ce nouveau monde n’est pas sans défauts ni obstacles, ce qui le rend bien plus humain, et il n’est pas difficile au lecteur ou à la lectrice d’imaginer que ces communes dont on ne voit que les balbutiements pourraient être le socle sur lequel, bien plus tard, se développerait la Culture de Iain Banks. S’il n’est pas encore minuit dans le siècle dans notre monde, pour paraphraser Victor Serge, dans l’univers d'Abeldhadi et O'Brien il est plutôt six ou sept heures du matin. Alors lisez Tout pour tout le monde et imaginez un meilleur lendemain.