Dans le futur proche, la nature a été massivement détruite. Thalie vit avec son père dans une ville québécoise protégée de l’extérieur par une muraille mais aussi de l’intérieur par un système de surveillance généralisée. Sandrine, la mère de Thalie, passe la majeure partie de l’année à l’extérieur de la ville, plantant des arbres avec un groupe de femmes volontaires.
Alors que Thalie a 16 ans, on lui propose pour la première fois de sortir de la ville pour participer avec sa mère au reboisement.

Hexa est un livre à la construction étrange. Il commence comme un roman d’apprentissage classique dans un environnement post-apocalyptique : une adolescente sort de son quotidien banal et découvre pêle-mêle la nature, la sororité et l’amour. C’est bien fait et la plume (ainsi que la grande connaissance de la nature, l’autrice ayant elle aussi pratiqué la plantation d’arbres) de Filteau-Chiba nous transporte aisément dans cet univers, mais cela manque un peu de mordant. Et puis arrivé à la moitié, la narration revient en arrière, creuse le passé des parents de Thalie et gagne en profondeur, rendant ce futur dystopique à la fois plus tangible et plus effrayant. Le roman perd alors le côté gentillet de sa première partie et se transforme en récit de révolte et de combat, toujours avec cette écriture précise et sensible, ces personnages incarnés, cette ville froide et cette société de surveillance, où les corps des femmes et les esprits sont aussi malmenés que la nature.

Mêlant nature writing et dystopie, Hexa est un récit du futur proche prenant et efficace, rempli de hargne et d’espoir, combattant un avenir sombre avec une utopie écologique réparatrice.