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Aux couleurs de la nuit

Marcel SCHNEIDER



ALBIN MICHEL (Paris, France)
Dépôt légal : 1955
Première édition
Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 420 FR
ISBN : néant
Format : nd
Genre : Fantastique


Pas de texte sur la quatrième de couverture.
Critiques

    Un livre qui vaut d’être remarqué à un double titre. D’abord parce qu’il s’agit d’un recueil de nouvelles et qu’un tel ouvrage, surtout dans le genre fantastique, est peu fréquent. Ensuite parce qu’il a pour auteur Marcel Schneider, qui avait déjà écrit – dans ce même genre – deux romans extrêmement originaux et séduisants : « La première île » et « Le sang léger ». Ceci dit, notons tout de suite que ce recueil, malgré d’évidentes qualités, ne les vaut pas, et qu’il risque de donner à ceux qui ne les auraient pas lus une idée incomplète du talent de l’écrivain. On a comparé ce dernier entre autres à Hoffmann, à Nerval ; son univers est situé sur le plan du rêve, un rêve où le surnaturel est plus féerique que terrifiant. Ce sont pourtant des contes de mort que ceux-ci, mais la mort elle-même y est magique et non vraiment hideuse. Il est amusant de comparer Schneider à Jean-Louis Bouquet, à qui le lie un même amour des climats romantiques. L’un est comme le « négatif » de l’autre : les démons qui se meuvent chez le second ne sont peut-être chez le premier que des enchanteurs ; au cauchemar s’oppose le songe, au mystère le sortilège lyrique, aux ténèbres les « couleurs de la nuit ».

    Mais Bouquet semble avoir trouvé dans la nouvelle sa forme d’expression idéale. Les récits de Schneider, au contraire, manquent trop souvent d’envergure. Des quinze qui composent le recueil, certains sont gratuits, d’autres presque insignifiants dans leur sujet. Oublions-les pour saluer ceux qui sont des réussites ou même des chefs-d’œuvre, et nous rappellent occasionnellement des aspects familiers de l’auteur, par exemple : « La seconde vue » (évocation du mythe de l’androgyne « dédoublé », comme dans « La première île ») ou « Les âmes des morts » (fantasmagories dans un Paris nocturne livré aux « esprits », comme au début du « Sang léger »). Le meilleur de tous est peut-être « L’impossible portrait », à la profondeur admirable. D’autres ont une tournure plus particulièrement onirique, en sachant éviter le côté artificiel ou mécanique de trop d’essais pseudo-surréalistes dans ce domaine. C’est que chez Marcel Schneider la poésie jaillit de source. Son fantastique s’appelle « merveilleux ». Et ce merveilleux lui est si naturel qu’il s’intègre sans dépaysement à un contexte moderne précis, comme c’est le cas dans la plupart de ces histoires.

    Lisez-les. Et si leur étrangeté vous plaît, hâtez-vous de découvrir les deux romans déjà cités (même éditeur). Tous deux resteront des classiques et ils mériteraient à eux seuls tout un article, si un jour « Fiction » se décide à passer en revue les principaux écrivains fantastiques contemporains.

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/4/1955 dans Fiction 17
Mise en ligne le : 24/3/2025

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