« Gabrielle. Je sais à quel point je t'ai fait souffrir, je sais à quel point la vie ne t'a donné que des clous à avaler.

J'aimerais te dire que je t'aime, même si je n'ai pas été éduquée ainsi. Je ne t'ai pas éduquée pour l'entendre non plus. »

À l'occasion des funérailles de sa mère, Gabrielle revient dans ses Alpes natales dans un état psychique complexe, marquée par la disparition d'une matriarche ambiguë, une veuve qui n'avait jamais contrarié l'excentricité d'un époux taciturne et brutal. Balthazar Gouraz a toujours été présenté ainsi : « sévère » mais « juste ». Les deux faces d'une même pièce. La qualité et le défaut. Mais « juste » n'avait jamais suffi. En étant « juste », on passait tout un pan du réel sous silence. Lorsque l'on était sévère mais juste, on faisait dormir une petite fille de six ans dans un prunier en plein mois de décembre pour avoir enfreint une simple règle.

Le deuil ne sera pourtant pas la seule difficulté à affronter pour Gabrielle et les siens : la disparition de la mère-idole va ranimer les fantômes de leurs vies, affamés après des années de dormance. La faute originelle se trouve là, dans les secrets du passé, où la mort de Balthazar recoupe celle d'Elsa, sa fille cadette suicidée quarante ans plus tôt, là où les montagnes respirent, le temps se fige et la mort se brise, là où les Hommes deviennent Ceux de là-haut...