Depuis des années, Luhella avait rompu avec les siens. Elle vivait libre, solitaire et orgueilleuse. Elle ne savait pas que ses racines l'ancraient solidement, viscéralement, à ce peuple qu'elle avait cru pouvoir oublier : les Muts de la planète Zélon.

     Mais le jour où elle osa se dresser contre le fanatisme et le génocide, elle comprit que rien n'avait changé, en elle.

     Avec l'aide d'Igaal-le-Terrien, Luhella-la-Mutante parviendra-t-elle à échapper aux Démoniaques de Kallioh ? Et la lutte qu'elle entreprend ne risque-t-elle pas de lui coûter plus que la vie ?

     Son essence même...

     Dans un lointain futur galactique, les planètes colonisées se partagent entre les races autochtones, les Humains, et les Muts — diverses transformations génétiques ayant atteint l'Homme. Parce qu'elle a assisté par hasard à un sacrifice barbare opéré sur une Kalliane par des membres de la secte des Démoniaques (qui veulent purifier la galaxie des non-humains comme des Muts, Luhella, originaire de la planète pastorale Zélon, habitée par de grands humanoïdes à la peau bleutée, se voit traquée de monde en monde, devenue femme à abattre puisqu'elle connaît le visage du Grand Prêtre. Avec l'aide de son amant, un Terrien, puis de son frère, et enfin d'un couple bizarre, dont le « mâle », Troh, est un aflenke (capable de métamorphoses et de suggestions psychiques), Luhella parcourt divers mondes de la galaxie avant d'atteindre Jekär, le satellite de tous les plaisirs — et de tous les dangers, où un piège complexe va se refermer sur les traqueurs traqués. Suite au prochain volume, déjà annoncé.

     Douriaux, qui n'était jusqu'alors apparu au Fleuve Noir que sous la couverture des « Grands Romans » (mais deux étaient déjà de la SF : Un homme est venu et Le chemin des mondes) montre à la fois son excellente connaissance du genre et son professionnalisme à toute épreuve — en dévidant cette « Série B » certes archétypique, mais menée à un train d'enfer, et bourrée à la fois de trouvailles (l'arme vivante que Luhella porte au poignet), de pauses ethnologiques bien venues (tout ce qui a trait à la structure familiale et aux mœurs sexuelles du peuple de l'héroïne) et de réflexions discrètes qui rappellent ponctuellement que, si l'aventure est nécessairement parsemée de bagarres, l'auteur comme ses héros respectent la vie, la différence, et désignent bien l'ennemi : l'intolérance, le racisme. Un bon bouquin revigorant, et une recrue de valeur pour « Anticipation ».