Dans le précédent volume de la série « Les Hommes Sans Futur », Le Chien courait sur l'autoroute en criant son nom, Pelot mettait en scène — en pièces ? — un univers terni par les ombres de la déchéance et d'où toute sérénité semblait avoir disparu (cf la critique de Dominique Warfa parue dans Fiction n° 360...). La désespérance, il est vrai, dessine une cicatrice qui marque profondément l'œuvre de l'auteur.
On la retrouve, bien sûr, dans Ce Chasseur-là. Les personnages de Wendy Donnelly et de Jap Reyk en sont les vecteurs privilégiés. Toutefois, il apparaît cette fois-ci un fait nouveau qui semble rapprocher quelque peu les mangeurs d'argile des Supérieurs. Oh, pas grand chose ; juste une parcelle de folie condamnée et marginalisée. Mais cela suffit à dissiper une partie du misérable brouillard des romans noirs.
Ce livre dont l'action se déroule dans le « permafrost » du grand Nord conte une chasse particulière qui défie par sa démence et son absence de logique le rapport des forces en présence. Le gibier en est quelques Supérieurs qui vivent dans une ancienne base militaire, retranchés du monde, des leurs et des mangeurs d'argile.
Wendy Donnelly, scientifique de la base Dombdos 2, aimerait bien en capturer un afin de l'étudier. Mais Jap Reyk a compris le danger. Il essaiera de lui mettre des bâtons dans les roues jusqu'au bout, parce qu'il est ce chasseur-là...
Malgré une tendance au bavardage un peu vaine qui conduit parfois à quelques longueurs, Ce Chasseur-là réussit à distiller un suspense constant, articulé à la fois sur le passé et sur le présent qui se débobinent parallèlement. On ne s'ennuie pas, et c'est là le principal.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/12/1985 dans Fiction 369
Mise en ligne le : 9/3/2005